Jack Miller "très grand fan" de courses sprint sans limites

Si la Dorna sait qu'elle va devoir convaincre certains pilotes du bienfondé de son projet de course sprint, elle a en revanche un allié très enthousiaste en la personne de Jack Miller. Et si ce format créait de nouvelles opportunités pour certains ?

Jack Miller, Ducati Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Au contraire de certains de ses collègues qui ont été vent debout contre l'arrivée des courses sprint lorsque le changement de format est arrivé sous le feu des projecteurs le week-end dernier, Jack Miller est apparu comme un fervent supporter du nouveau projet de la Dorna. Disputer une course de plus ? L'Australien rêve déjà d'y être, et ce d'autant plus qu'il anticipe un avantage possible pour son compte personnel.

"Très grand fan" de cette idée, il n'y voit que les bons côtés. "Je pense qu'une course sprint apportera de bonnes choses", estime-t-il, convaincu que la courte distance livrera un gros spectacle. "Ce sera tout ou rien : avec la moitié des points en jeu, on voudra prendre des risques. On n'aura pas à se soucier des pneus, du carburant, de toutes ces choses-là, ni même de notre condition physique, car dans les courses [actuelles] on se limite en quelque sorte : on ne peut pas attaquer totalement à notre maximum de bout en bout. Mais avec une distance divisée par deux, on pourra y aller."

S'il perçoit comme une bonne chose de pouvoir attaquer d'une façon plus décomplexée que dans une course longue, certains de ses adversaires appuient justement leurs craintes sur ce facteur risque décuplé. "C'est sûr que ça augmente le risque mais on fait de la moto, pas de la danse classique", leur rétorque Miller. "Moi, en tant que pilote, quand j'ai un week-end off je vais rouler à moto. J'adore courir à moto, alors ça fait une opportunité de plus pendant le week-end."

Quid de la fatigue, qui inquiète également les opposants au projet ? "On est tous en très grande forme, on est des athlètes, je ne pense pas que ça posera de problème à quiconque. En EL4, pour la plupart on fait déjà presque la distance d'une course, en majorité ou en totalité. Pourquoi ne pas le faire et être payé pour ça !" s'interroge Miller.

C'est sûr que ça augmente le risque mais on fait de la moto, pas de la danse classique.

Jack Miller

"Et puis, qu'on gagne ou qu'on perde il n'y a pas un énorme gain ou une énorme perte de points, donc on peut prendre un peu plus de risques. Rien que ça, ça va engendrer des courses fantastiques. La gestion pneumatique va sortir un peu du cadre : ce sera du soft, ce sera rapide", ajoute le pilote Ducati.

Une course pour les attaquants

Il faut reconnaître que Miller peut se montrer enthousiaste sur ce point, lui qui est habitué à livrer de grosses performances en début de course, avant souvent de devoir se limiter face à l'usure de ses pneus. C'est précisément l'aspect qui fait trembler par exemple Enea Bastianini, dont la supériorité s'affiche souvent dans les derniers tours… "Pour moi, ça n'est pas une super nouvelle", a tiqué l'Italien, "parce que je suis habituellement rapide dans la deuxième partie de la course et ce sera dur d'être prêt dès le départ."

Parmi les premiers défenseurs de ce format, Jack Miller retrouve en revanche son futur coéquipier Brad Binder. De quoi promettre à Francesco Guidotti un duo d'attaquants la saison prochaine pour les épreuves du samedi. "[Il y a des pilotes pour qui cela va créer] plus de stress lié à la course, mais au fond la course est la raison pour laquelle nous sommes ici", souligne le team manager KTM, "alors je pense que les vrais battants, les vrais pilotes de course vont vraiment bien accueillir ce nouveau format avec deux courses par week-end."

"L'approche sera différente", observe Paolo Ciabatti, actuel boss de Miller en tant que directeur de Ducati Corse. "Certains pilotes sont très rapides dans les premiers tours et peut-être qu'ensuite ils ne gèrent pas les pneus de la même façon que d'autres et perdent du temps dans la seconde partie de la course. De ce point de vue, je pense que ce sera super excitant car tout le monde ira à fond et cela va donc probablement donner des courses plus serrées car on ne suit pas vraiment de stratégie pour économiser les pneus en vue de la seconde partie de la course, etc."

Le fait que Jack Miller mentionne un impact limité sur les points glanés ou perdus par les pilotes est probablement un argument à pondérer un peu plus. Le barème actuel, en place depuis 1993, a en effet parfois engendré des écarts extrêmement faibles au championnat, jusqu'à quatre points seulement entre Marc Márquez et Jorge Lorenzo en 2013. La moyenne des dix dernières années n'est que de 44,6 points entre le champion et son second − faible et pourtant quelque peu déséquilibrée par la marge abyssale de 151 points de Márquez dans sa saison record de 2019 −, aussi est-il probable que ces 12 points de plus en jeu chaque week-end se fassent sentir au classement général. Une domination sur une piste ou au contraire un forfait pèsera plus lourd, et certains pilotes pourraient voir leur rang évoluer en fonction de leur capacité à se montrer plus ou moins performant dans ce nouveau format que dans la course longue.

Quelles qu'en seront les conséquences, pour Miller il s'agit avant tout de laisser sa chance à la nouveauté, après dix ans d'un format stable dans la catégorie. "On a une grosse montée en puissance, avec quatre ou cinq jours sur place, pour finalement courir une seule fois. Ça a été super mais je pense que le changement a du bon", juge-t-il. "Le changement est inévitable, il arrive. Le championnat travaille pour changer le programme et souhaite tenter de faire de grands pas en avant ou en tout cas en dehors du cadre habituel, et je leur tire mon chapeau. C'est un pari mais je crois qu'il sera positif. Et pas seulement pour nous en tant pilotes. […] Ce sera clairement un spectacle et j'ai hâte d'en être, de faire partie de ce changement d'Histoire en MotoGP."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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