Joan Mir : "Mon ambition m'a coûté le podium"

Joan Mir nous a gratifiés d’une remontée dont les Suzuki ont le secret au Grand Prix du Qatar, mais sa tentative de conquérir la deuxième place l'a finalement fait chuter au quatrième rang. Cette course que le Champion du monde juge "positive" a été rendue possible par des changements de réglages après les qualifications.

Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Gold and Goose / Motorsport Images

Le scénario rappelle étrangement celui de la saison 2020, un Joan Mir mal placé sur la grille mais capable d’enchaîner les dépassements pour décrocher un bon résultat. C’est ce qui s’est encore passé dimanche soir au Qatar. Dixième sur la grille, le pilote Suzuki n'a pas gagné de position au départ mais il a vite pris l'avantage sur Aleix Espargaró, Valentino Rossi puis Jorge Martín, remontant ainsi au septième rang.

Mir a eu besoin de plusieurs tours pour combler l'écart qui le séparait du groupe de tête, ce que son équipier Álex Rins a fait plus rapidement. C'est à sept tours de l'arrivée que le #36 s'est véritablement immiscé dans ce groupe, en doublant Fabio Quartararo. Jack Miller, Rins, Pecco Bagnaia et Johann Zarco ont ensuite cédé face au champion en titre, passé devant le Français dans le dernier tour. Il occupait alors la deuxième place mais dans l'ultime ligne droite, il n'a rien pu faire face à la puissance des Ducati de Zarco et Bagnaia et il a chuté au quatrième rang.

Malgré ces deux positions perdues au tout dernier moment, le bilan reste plus que satisfaisant après un week-end mal entamé. "Je me sens bien, c'était une course positive pour moi", a déclaré le Champion du monde en titre. "J'ai retrouvé les sensations un peu tard, mais on y est arrivé, donc c'est le plus important dans cette course. J'ai essayé de faire une course calme puis d'attaquer à la fin, parce que je sais qu'ici, la dégradation des pneus est assez forte, et j'ai essayé de gérer ça autant que possible. C'était globalement positif. Je suis content, et maintenant on a une nouvelle chance [avec le GP de Doha ce week-end]."

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Joan Mir pense qu'il aurait eu de meilleures chances de monter sur le podium s'il n'avait pas tenté de doubler Johann Zarco en fin de course, car rester dans le sillage du pilote Pramac lui aurait probablement permis de plus facilement contenir Pecco Bagnaia dans la ligne droite, d'autant plus qu'il a légèrement manqué sa sortie de la dernière courbe. Mir assume cependant d'avoir tout fait pour conquérir la deuxième place, plutôt qu'assurer la troisième. "L'idéal aurait été de ne pas essayer de doubler Zarco et d'avoir une aspiration en ligne droite, et d'essayer de défendre la troisième place", a-t-il reconnu. "Mais vous savez, c'est le début de la saison et il faut prendre un peu de risques. Mon ambition m'a coûté le podium, mais c'était le moment de faire le show."

Même s'il assume cette prise de risques, Mir se montrera peut-être plus stratège à l'avenir : "J'ai doublé Zarco dans le dernier secteur et je me suis dit que si je finissais deuxième, ça serait bien, mais je savais que j'avais deux Ducati qui avaient faim derrière moi et que ça serait dur. J'ai vu la ligne d'arrivée s'approcher et les deux fusées m'ont doublé !  C'était un peu frustrant mais je me suis donné à 100%. La prochaine fois, je saurai quoi faire. Oui, je suis sorti un peu large, mais normalement, si tu sors large et que personne ne te doubles, tu as plus de vitesse à la fin, parce que tu arrêtes la moto, tu sors large et tu ressors avec plus de vitesse. Ça n'a pas suffit ! Notre moto fonctionne très bien et j'aimerais remercier l'équipe pour ça."

Mir ne pensait cependant pas voir les deux Desmosedici le déborder : "J'ai été un peu surpris parce que j'attendais une Ducati, pas deux ! [rires] Mais Pecco était là et vous savez, ils sont incroyablement rapides en ligne droite, et les deux pilotes ont très bien piloté. C'est sûr que leur moto est une bête, mais leurs pilotes font un travail incroyable pour gérer cette puissance, donc ce n'est pas que la machine."

Le retour de bonnes sensations

Plus que la quatrième place finale, c'est surtout le bon rythme affiché ce dimanche qui réjouit le Majorquin puisqu'il n'était qu'à 2'182 de Maverick Viñales en franchissant la ligne d'arrière, malgré un départ trois lignes et sept positions derrière le pilote Yamaha : "La quatrième place n'est pas le résultat que je vise, que je veux, mais j'ai montré dans le dernier tour que je ne la voulais pas, je voulais le meilleur résultat possible parce que plus je prends de points, mieux c'est. Mais je suis très content des sensations. J'ai à nouveau bien piloté, bien stoppé la moto, j'étais bon dans le turning et c'était propre, contrairement au reste du week-end."

Les performances de la Suzuki étaient en effet décevantes depuis le début du week-end. Joan Mir avait prévenu avant même le début de la saison que la GSX-RR était encore en difficulté dans l'exercice des qualifications mais après des essais libres en dessous de ses attentes, il craignait également de souffrir en course. Ce n'est qu'après les qualifications que l'équipe a mis le doigt sur les bons réglages, en repassant sur une configuration utilisée sur d'autres circuits la saison passée.

"Oui, les qualifications sont importantes, mais il semble que ça me va de partir en quatrième ligne !" s'est amusé Mir. "C'était un week-end difficile, parce que je n'ai pas eu de bonnes sensations, vous pouviez le voir sur mon visage à chaque séance, je ne suis pas très bon pour cacher ce genre de choses, mais au final, on a trouvé une direction à suivre. Un peu tard, mais on l'a trouvée, et c'est important."

"Pendant les tests, on essaie beaucoup de choses et on peut se perdre dans certains domaines", a-t-il ajouté. "Pour une raison ou une autre, je n'arrivais pas à stopper la moto, j'avais des problèmes. [Samedi] en qualifications, c'était difficile. J'attaquais comme une bête et les chronos n'arrivaient jamais. C'était très frustrant et j'étais très en colère. [Samedi soir], on a retrouvé des réglages que l'on utilisait l'an dernier et tous les problèmes qu'on avait étaient logiques avec la spécification que l'on utilise en ce moment. On a changé quelque chose, je ne peux pas dire quoi, et tout est revenu."

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Joan Mir affichait certains doutes à l'issue des qualifications, reconnaissant avoir "surpiloté" avec une machine en délicatesse dans les phases de freinage. Il a dû prendre sur lui pour ne pas se mettre en colère, une bonne approche puisqu'il a pu récolter les fruits de son travail en course : "Quand tout va bien, je suis très calme. Mais quand quelque chose ne fonctionne pas, qu'on n'y arrive pas, avec l'équipe, et que j'en fais beaucoup, je me mets vraiment en colère. Dans cette situation, il faut garder son calme, parce que c'est ce que mes parents m'ont appris !"

"[Samedi], après les qualifications, je voulais tout détruire mais je sais que c'est pas correct, parce que tout ce que les gens veulent, c'est améliorer la situation, l'équipe veut la meilleure chose pour toi et ils ne sont pas coupables. C'est important de se contrôler dans ces conditions. Mais maintenant j'ai le sourire, même si deux Ducati m'ont doublé dans la dernière ligne droite ! [rires]"

Avec Oriol Puigdemont

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