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Joan Mir entre prudence et sérénité, conscient de ses chances de titre

Un titre MotoGP à 23 ans, coïncidant avec les 60 ans d'engagement de Suzuki en Grand Prix et 20 ans après le dernier sacre de la marque ? Le rêve nourri par Joan Mir est si grand qu'il mérite bien un peu de prudence...

Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Du haut de ses 23 ans, Joan Mir a seulement cinq ans d'expérience en Championnat du monde et n'a disputé que 83 Grands Prix, seul Iker Lecuona affichant un parcours plus bref encore (avec 67 départs) sur l'échiquier actuel de la catégorie reine. Et pourtant, c'est bien le jeune pilote Suzuki qui se reprendra la piste en favori pour le titre lorsque les MotoGP entameront vendredi leur ultime sprint de trois manches menant au tomber de rideau sur une campagne historique.

Alors que d'aucuns voudraient reprocher au pilote majorquin l'absence de victoires à son palmarès dans la catégorie, lui tente de repousser les injonctions à s'imposer en faisant preuve de pragmatisme. Il y a encore un peu plus d'un mois, il affirmait ne pas vouloir penser au titre tant qu'il lui manquerait cet échelon de la victoire en course, mais désormais il a bel et bien pris conscience que les lauriers sont véritablement accessibles et son approche a mué. Dans ce contexte, il sait que partir en quête de 25 points dans des circonstances qui ne seraient pas aisées lui ferait courir le risque de tout perdre, et c'est précisément ce qu'il souhaite éviter.

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Il a toutes les raisons de se montrer prudent, afin de ne pas mettre en péril ce qui pourrait bien être une chance exceptionnelle d'être titré, alors que le règne de Marc Márquez ne laisse que de rarissimes opportunités et que sa propre jeunesse aurait dû logiquement lui imposer encore un peu de patience avant de prétendre à un tel exploit. Cette prudence, il l'applique désormais à toutes ses courses, quels que soient les résultats en jeu, et même si cela signifie qu'il doit, par exemple, se contenter de troisièmes places en Aragón, alors que son coéquipier le devance.

Ce fut le cas notamment au dernier Grand Prix en date, celui de Teruel, qu'il s'est félicité d'avoir géré intelligemment"Lorsque Joan est passé en troisième position, il avait la possibilité d'aller chercher la deuxième place, mais il a réalisé que le ciel se couvrait et que la température de la piste baissait. Elle est passée de 26°C à 15°C, pour être précis", explique Davide Brivio, directement de l'équipe Suzuki, à Motorsport.com. "Il a pesé le pour et le contre de cette situation et il a décidé de ne pas risquer de tomber, car il savait qu'il pouvait au maximum gagner une seule place."

Un tournant avec son premier podium

La victoire, il s'en sait capable, et ce d'autant plus qu'il jouissait d'une solide avance au Grand Prix de Styrie lorsque le drapeau rouge a été exposé, engendrant un retour au stand puis un second départ pour lequel le pilote Suzuki n'avait plus de pneus adaptés. Et, avant même ce succès qui lui a filé entre les doigts, c'est bien au Red Bull Ring que le déclic mental semble s'être opéré pour le pilote Suzuki, car il y a coché une case importante à ses yeux, en se classant deuxième du premier des deux Grands Prix autrichiens.

"Il souffrait de ne jamais être monté sur le podium", estime Davide Brivio auprès de GPone. "Après y être arrivé, paradoxalement, il s'est détendu. Il aborde les courses les unes après les autres, il est détendu et content. À partir de là, il a fait six podiums en huit courses."

La victoire est désirée, mais son absence n'est pas vue comme un poids, ni par le pilote ni par son équipe, chacun prenant une conscience de plus en plus accrue de la page d'Histoire qui pourrait s'écrire si le titre était au rendez-vous le 22 novembre − voire avant. "À partir de maintenant, je crois que l'attention va plus se concentrer sur le championnat", souligne Brivio. "Mais je dois admettre que nous n'en avons jamais parlé, pas même dans le stand, nous n'avons jamais pensé à une stratégie ou quoi que ce soit. Maintenant, nous y sommes et il faut que nous regardions les choses en face ! [rires] Logiquement, nous sommes bien conscients de là où nous nous trouvons au classement, mais Joan a toujours essayé de faire ce qu'il y avait de mieux pour lui en course, sans penser à ses adversaires."

Alors que l'introduction d'un nouveau pneu aurait dû être le seul véritable chamboulement de cette année, pilotes et équipes se sont retrouvés aux prises avec une saison réduite et condensée, un calendrier remodelé afin d'organiser un maximum de courses malgré les restrictions de déplacements et les limitations imposées sur les grands événements dans certaines parties du monde, et des courses organisées dans des conditions météo inhabituelles. Les ingrédients de 2020 ne sont pas ceux de la recette éprouvée ces dernières années, et l'absence de Marc Márquez n'est assurément pas la seule cause à cela.

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"C'est un championnat inhabituel", concède Davide Brivio, "y compris pour la manière dont il est né. Nous avons été à l'arrêt de longs mois, et c'est une saison différente de d'habitude, avec deux courses sur le même circuit et des rendez-vous très condensés, cela porte à changer aussi d'approche. Il est curieux également de noter que lors de doubles courses sur une même piste, les résultats ont été différents les deux manches : à part à Jerez, personne n'a gagné deux fois. Il est curieux de voir à quel point les valeurs changent d'un dimanche à l'autre, alors que l'on reste sur le même circuit, avec les mêmes pilotes, les mêmes motos, les mêmes pneus et les mêmes conditions."

"L'absence de Marc Márquez a peut-être été une motivation pour les autres pilotes. D'un côté, on est désolé de ne pas pouvoir le défier en piste, tous les pilotes veulent se mesurer au plus fort. De l'autre, son absence a créé un peu d'espoirs et de stimulations pour tous, ils ont vu une possibilité. Il y a eu une situation similaire en 2016, lors de la première année de Michelin, avec neuf vainqueurs différents, et cette année-là, Marc était là."

Avec Oriol Puigdemont

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