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Être titré si tôt avec Joan Mir, un choc pour Suzuki !

Même dans leurs rêves les plus fous, les responsables de Suzuki ne pouvaient imaginer remporter le titre MotoGP dès la sixième année de leur programme et la deuxième seulement avec Joan Mir.

Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Gold and Goose / Motorsport Images

Joan Mir avait fêté ses trois ans depuis à peine un mois lorsque Kenny Roberts Jr est devenu Champion du monde 500cc, au guidon d'une Suzuki. L'Américain et son équipe avaient le sentiment à l'époque de saisir une opportunité qui ne se représenterait peut-être pas de sitôt alors qu'arrivait dans le championnat un jeune pilote pour le moins prometteur nommé Valentino Rossi...

Du haut de ses 23 ans désormais, Mir est celui qui met fin à la disette du constructeur d'Hamamatsu en lui offrant son premier titre depuis la création du MotoGP. En catégorie reine, ils n'avaient été que cinq avant lui à obtenir les lauriers avec la marque, et son nom se mêle à présent à ceux de Barry Sheene, Marco Lucchinelli, Franco Uncini, Kevin Schwantz, et de Roberts Jr donc, dans un palmarès qui titille l'âme sensible des nostalgiques.

"Ces pilotes ont gagné il y a longtemps. Quand j'entends ces noms, ce sont les noms de légendes que j'entends. Faire partie de l'Histoire de Suzuki et figurer parmi ces légendes… Pour moi, c'est une des raisons pour lesquelles je suis venu chez Suzuki", avoue le jeune Espagnol.

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Recruté par Suzuki dès 2018, alors qu'il arrivait tout juste en Moto2 après son titre dans la catégorie Moto3, Joan Mir a toujours manifesté son attachement à ce projet, notamment par respect pour l'Histoire de Suzuki en Grand Prix, mais aussi par goût du défi. Relancé en 2015, le programme de Grand Prix de la marque était encore jeune et ne semblait pas favori face aux mastodontes du championnat.

"Quand j'ai vu Davide [après la course], je me suis souvenu de la conversation que l'on avait eue à Jerez en 2018, quand on avait commencé à parler de ce projet. Il essayait de me convaincre, mais je l'étais déjà", sourit-il. "Je voulais rejoindre ce projet pour ramener Suzuki au sommet, parce que c'était encore plus difficile d'y arriver avec eux. Un titre avec cette marque, c'est encore mieux. Pour moi, c'est la raison pour laquelle j'ai signé avec Suzuki, c'est clair. Gagner un titre avec n'importe quel constructeur, c'est incroyable, bien sûr, c'est l'objectif principal."

Malgré son ambition et son talent, le Majorquin n'était pourtant pas destiné à être le leader de son équipe dès sa deuxième saison, aux côtés du plus expérimenté Álex Rins. Sa première année avait été marquée par un gros accident et une tendance à se montrer trop agressif au guidon de la GSX-RR, aussi la deuxième devait elle lui permettre de compléter son apprentissage avant de se tourner vers des objectifs élevés, lui qui est engagé jusqu'en 2022 avec l'équipe.

"J'ai été assez courageux d'aller avec Suzuki, parce que je ne m'attendais pas à ce potentiel de la part de la moto à la deuxième année, je m'y attendais plutôt un peu plus tard", concède-t-il. Et pour l'encadrement de l'équipe non plus, parvenir au titre si vite n'était pas tout à fait dans les plans. "Je m'attendais à de bonnes courses de la part de Joan, peut-être à des podiums ici ou là, mais qu'il attaque ensuite l'année prochaine. Mais il a tout anticipé, alors on prend !" sourit un Davide Brivio extatique au site officiel du MotoGP.

Le champion du monde 2020 : Joan Mir, Team Suzuki MotoGP avec son équipe

"Nous ne nous serions jamais attendus à ça, nous avons toujours pensé à la troisième année car il avait besoin de temps pour s'adapter, alors c'est un peu un choc !" admet également Frankie Carchedi, son chef mécanicien. "Lorsque nous avons su que Suzuki voulait garder Joan pour deux autres années, nous savions que nous avions quatre ans [au total] et notre plan a toujours été la troisième année. La première année pour apprendre, la deuxième pour se battre pour le podium ou la victoire, puis la troisième pour se battre pour le titre."

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Pour Mir, sa réussite si rapide est en partie le fruit des efforts menés par Suzuki depuis 2015, à la fois en compétition où les résultats se sont graduellement améliorés, et en essais. "Ils le méritent parce qu'ils ont fait un travail fabuleux, et pas seulement cette année mais aussi les précédentes, avant que je sois là", salue-t-il, soulignant notamment l'apport de Rins. "Il fait partie de l'équipe. Lui, Sylvain [Guintoli], Iannone qui à l'époque a fourni de bonnes informations, et les deux premiers pilotes qui ont été Maverick [Viñales] et Aleix [Espargaró]. Ces pilotes, avec bien sûr le travail de Suzuki, ont fait que la moto s'est améliorée année après année et ça a fait la différence."

"Álex est celui qui a passé plus de temps avec Suzuki et qui a fourni le plus d'informations. Il a toujours été un très bon coéquipier, il a affiché beaucoup de respect en piste à la fois pour moi et pour Suzuki. Il a bien sûr été mon premier adversaire, cette année je voulais tout le temps le devancer et lui aussi, et ça fait partie du succès, [ça explique] que Suzuki soit sur le podium quasiment à chaque course. Quand on voit que son adversaire pousse, on pousse soi-même à la limite."

La réussite suprême lors d'une année très spéciale

Voir Mir succéder à Roberts Jr dès sa deuxième saison en MotoGP n'était pas prévu, mais parvenir au titre six ans seulement après le lancement de ce projet est également une réussite précoce qui étonne les dirigeants de l'équipe. "C'est incroyable ! Nous n'aurions pas pu imaginer mieux : nous gagnons le titre l'année du 100e anniversaire de Suzuki, le premier au bout de 20 ans, pour le 60e anniversaire de la marque en compétition… Même dans mes plus beaux rêves, je n'aurais pas pu imaginer quelque chose comme ça ! C'est formidable !" se réjouit Davide Brivio.

"Nous avons choisi Joan, comme nous avons choisi Álex, parce que nous avons pensé qu'ils étaient de grands talents. Je ne m'attendais pas à gagner le titre cette année", admet le team manager, "par contre avant que la saison débute, je m'attendais à ce que l'on se batte pour le titre, car nous avons fait du très bon travail pendant l'hiver. Pour être honnête, Álex Rins est celui qui était prêt à le faire, mais malheureusement sa blessure à la première course, à Jerez, a changé sa saison. Dans le même temps, Joan a grandi."

"Nous ne nous attendions pas à réaliser cela cette année. À la première course, à Jerez, nous n'avons marqué aucun point car Álex s'était blessé le samedi et Joan était tombé. Et puis Fabio [Quartararo] a gagné ces deux courses [à Jerez] et il semblait lancé, il allait s'échapper. Ensuite, pas à pas, nous nous sommes relancés, et à partir du moment où il a obtenu son podium en Autriche, Joan a commencé à être très fort, il se montrait tout le temps régulier."

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Directeur technique du programme, Ken Kawauchi peinait à trouver ses mots dimanche soir lorsqu'il a, une fois n'est pas coutume, délaissé le cocon du stand pour répondre aux questions des médias. "C'est incroyable ! Bien sûr, l'objectif est toujours de gagner le titre, mais lorsque nous avons relancé notre projet en 2015 je ne réalisais pas que nous pourrions remporter le championnat. Nous avons investi beaucoup d'efforts, la route a été très difficile, mais petit à petit nos performances et celles des pilotes se sont améliorées, et grâce à tous ceux qui nous ont aidés nous y sommes arrivés. Je suis très heureux !" témoignait-il avec émotion.

Tenu éloigné de sa famille cette saison, comme l'ensemble des ingénieurs japonais, le responsable admettait par ailleurs avec pudeur l'importance toute particulière que revêt ce succès cette année, au-delà des anniversaires sportifs : "C'est une saison très difficile, nous avons connu de très nombreuses difficultés, mais nous les avons dépassées et c'est la raison pour laquelle nous sommes si heureux."

Outre le titre pilotes, Suzuki s'est également adjugé celui des équipes dimanche. Le championnat constructeurs laisse quant à lui une dernière bagarre à mener le week-end prochain au Portugal, puisque la marque japonaise y est à présent à égalité mathématique avec Ducati.

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