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Mon job en MotoGP : Correspondant technique d'écurie chez Michelin

Motorsport.com vous fait découvrir les métiers de l'ombre, mais ô combien indispensables lors des week-ends de Grand Prix. Rencontre aujourd'hui avec Jean-Christophe Catalano, correspondant technique MotoGP de Michelin auprès de Ducati !

Michelin engineer at work

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Les métiers des sports mécaniques

Tout au long de la saison, Motorsport.com va à la rencontre des hommes et des femmes de l'ombre dans les différents championnats de pointe des sports mécaniques.

Mon job, c'est…

Je suis correspondant technique d'écurie (CTE), employé par Michelin. J'ai en charge le team Ducati factory ainsi que le team satellite Pramac. L'objectif de ce travail, c'est de faire le lien technique entre Michelin et l'équipe pour laquelle on est affilié. C'est un travail très orienté technique, mais avec aussi une part importante de relationnel. On va aider et conseiller [les équipes] à utiliser au mieux nos produits. 

En fonction du tracé, du niveau de grip de l'asphalte, des conditions météo, de la moto, du pilote dont le style de pilotage peut varier, on doit trouver la meilleure solution pneumatique pour chaque moment et chaque pilote. C'est pour cela qu'on amène toujours un choix assez varié de pneus, avec trois pneus avant, trois arrière, en soft/medium/hard, ainsi que deux spécifications en pluie : wet et full wet. L'idée c'est de toujours offrir le meilleur niveau de performance, et cela dans des conditions de sécurité optimales. 

Mon programme du week-end

Lors d'un week-end de Grand Prix, on arrive sur le terrain le jeudi, mais on prépare déjà en amont. En début de semaine, on va récupérer tous les compte-rendus de l'an passé, pour voir comment cela s'était passé, quelle allocation on avait. L'allocation que l'on va proposer pour un week-end repose en partie sur ce que nous avons fait l'an passé, mais elle se fait aussi en fonction des tests que nous avons éventuellement faits sur le circuit en cours d'année. 

Une fois l'allocation reçue [par l'équipe], on arrive sur piste le jeudi, on refait un briefing avec le team et les pilotes au sujet de cette allocation, on choisit les montes pour le lendemain, c'est-à-dire pour les EL1 et les EL2. Lors des EL1, on aide sur le choix de la pression, le pneu à mettre, et on voit s'il faut dévier par rapport au plan qu'on s'était fixé au préalable. On affine en fonction des retours des pilotes, mais aussi des conditions, si elles changent en cours de séance. 

Andrea Dovizioso, Ducati Team, et un technicien Michelin

À l'issue des EL1, on fait un débriefing avec le team, et il y a ensuite une réunion où se rejoignent tous les CTE ainsi que l'équipe de développement, et on refait un tour de table où l'on débriefe team par team. Une fois ce débriefing fini, chaque CTE va rapporter les grandes lignes au team pour faire le point, et savoir si les retours sont partagés [par les autres équipes]. Ce sont vraiment les grandes lignes, comme des difficultés rencontrées dans des conditions données par exemple, car on respecte la confidentialité des réglages et les choix stratégiques de chaque team.

Ce type de débriefing intervient à la fin de chaque séance. Il y en a donc un autre après les EL2 qui est un peu plus intense, car il faut préparer la journée du samedi, qui est la dernière journée de tests, et où des choix de course commencent déjà à émerger.

On est les porte-paroles de Michelin auprès du team, on peut donc également inciter celui-ci à chausser une spécification de pneus qui n'a pas encore été utilisée pour avoir davantage d'informations. C'est là qu'on consolide le plan de roulage avec le team pour faire le meilleur choix possible. 

Jorge Lorenzo, Ducati Team

À l'issue du samedi soir, on fait le choix en vue de la course, qui peut bien sûr changer au dernier moment si les conditions météo sont complètement différentes. Il faut savoir qu'on ne peut pas non plus monter un nombre illimité de pneus. On est restreint à dix pneus avant et 12 pneus arrière sur la durée d'un week-end pour ce qui concerne les pneus secs/slicks. 

Le plus important dans mon job…

La bonne utilisation de nos produits. À savoir être toujours dans le respect des préconisations d'usage. Je suis le garant du respect de ces préconisations au sein de l'équipe. C'est donc à moi de surveiller constamment que les pneus ont été chauffés aux bonnes températures, que les pressions de roulage sont respectées, de vérifier l'intégrité des pneus. C'est vraiment capital. 

Trois outils qui me sont indispensables

Il y a déjà notre appareil de température, car quand on est dans le garage on prend constamment la température des pneus. Même chose pour l'appareil de pression, et bien sûr le classeur qui nous permet de compiler toutes les notes liées aux commentaires des pilotes. Et il y en a pas mal ! 

On vérifie également le niveau d'usure des pneus. Visuellement d'abord, entre chaque roulage, et ensuite avec une machine pour mesurer cela. On peut ainsi extrapoler pour la course quel sera le niveau d'usure selon la gomme utilisée, soft/medium/hard. Cela nous oriente aussi dans nos choix. 

Les gens avec qui je suis toujours en contact

Le pilote bien sûr, mais au-delà l'équipe dans son ensemble avec les ingénieurs et les différents coordinateurs. Cela fait deux saisons [que Michelin est revenu en MotoGP], mais on essaie de travailler sur la continuité. Les CTE ne changent pas de team à chaque saison. Les liens se crééent au fur et à mesure avec les gens. On est vraiment impliqué. On est moins le gars de Michelin qu'un membre de l'équipe à part entière. C'est comme une grande famille.

Quand je ne suis pas au circuit…

Notre métier, c'est déjà 180 jours de déplacement par an ! Il y a bien sûr les week-ends de Grand Prix, mais aussi les essais, officiels et privés, en cours de saison. Cela laisse peu de temps au bureau. Le temps au bureau, lui, est dédié à la préparation en amont du prochain Grand Prix.

On a également un compte-rendu à réaliser en aval pour Michelin, ainsi qu'une synthèse que l'on doit envoyer au team pour que celui-ci ait aussi des archives. On fait cela à la fois pour les essais et les qualifications, mais aussi à l'issue de la course, car cela nous permet d'étoffer nos archives et de faire les meilleurs choix à l'avenir.

Un technicien Michelin avec Daniele Romagnoli, Pramac Racing

Sans moi…

On ne pourrait pas garantir l'utilisation optimale des produits, car le team ne connaît pas assez de choses sur le pneu. Les teams n'ont pas toutes les informations, certaines étant confidentielles. Par ailleurs, Michelin n'aurait pas les remontées d'informations qui viennent du terrain et de la piste. 

Le MotoGP, c'est…

C'est vraiment l'excellence de la moto ! On travaille avec les meilleurs pilotes au monde, les meilleurs constructeurs ainsi que des équipes satellites compétentes. C'est vraiment passionnant de travailler avec des gens d'un aussi bon niveau, très compétents et à la pointe de la technologie, tout en conservant un très bon esprit familial. L'ambiance est vraiment bonne. C'est un métier très prenant et passionnant, même s'il demande un niveau d'engagement très élevé. On revient avec plaisir à chaque week-end de Grand Prix. 

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