Zarco doit se couper de son "instinct" pour faire aussi bien que Martín

Jugeant son pilotage "trop propre", Johann Zarco estime devoir renoncer à ses automatismes et apprendre à se montrer plus incisif sur l'avant pour réussir à s'imposer au guidon de la Ducati, ce que son jeune coéquipier Jorge Martín a réussi au Red Bull Ring.

Johann Zarco, Pramac Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Le succès de Jorge Martín au Grand Prix de Styrie, le tout premier de Pramac en MotoGP, aurait pu faire naître un sentiment de frustration chez Johann Zarco, pilote le plus régulier de l'équipe et même de l'ensemble des pilotes Ducati cette année, mais celui qui occupe la deuxième place du championnat n'a aucune amertume y voit surtout une opportunité de progresser au guidon de la Desmosedici. Il reconnaît un besoin d'être plus relâché dans son pilotage.

"Ce qui est bien, c'est la victoire de mon coéquipier", se réjouissait Zarco après l'arrivée au Red Bull Ring. "Je répète sans cesse qu'on a une moto pour gagner, avec un très gros potentiel, et c'est génial qu'il gagne parce que ça ne fait que prouver ce que je dis. Il me manque de petites choses pour me détendre autant qu'il le fait, mais peut-être parce que j'ai trop d'automatismes en moi, ce qui ne m'aide pas à totalement me libérer."

"Mais c'est une belle motivation parce que la semaine prochaine on sera au même endroit, donc je vais vraiment pouvoir travailler pour essayer ces nouvelles choses, que je connais presque mais que je n'arrive pas à appliquer quand je le veux. J'ai besoin de forcer ça, donc c'est un beau challenge. Par contre, même si je ne gère pas encore bien ça, je cours quand même bien et c'est pour ça que c'est positif. Et puis l'équipe est très contente, alors on va passer une bonne soirée."

Johann Zarco n'a pas trouvé la même aisance que Jorge Martín dans les trois premiers jours passés sur le Red Bull Ring et il a rapidement atteint une certaine limite. Le Provençal emploie l'image d'un "un sac à dos" qu'il a traîné comme un boulet tout le week-end. "Je pense que [sur] chaque circuit, la moto a le potentiel de faire ce que Jorge a fait, parce que franchement quand tu la pilotes bien, elle répond bien", a souligné Zarco. "Malheureusement, j'ai encore certains blocages et ça ne me permet pas d'aller faire l'extra."

"On va dire [que] je l'ai de temps en temps, mais là sur cette piste où c'est très présent, j'ai eu ma limite. Sur le premier feeling, [c'était] de la déception de bloquer là-dessus, mais il faut le transformer en bonne chose. Tu as l'exemple à côté de toi sur un petit jeune qui ne se pose pas de question et qui est quand même fort, vraiment dans cette technique-là, qui est presque l'opposé de la mienne, je dirais."

Je suis un pilote propre, je suis trop propre et [Martín] ne l'est pas. Le problème est que même si je suis rapide, ce n'est pas suffisant pour progresser autant que lui. Mais je ne veux pas en rester là.

Johann Zarco

La technique à laquelle Zarco fait référence est une capacité à se montrer agressif sur le pneu avant, chose qu'il ne fait pas par nature et par crainte de trop solliciter la gomme. Le pilote tricolore travaille en permanence pour se défaire de certains automatismes très ancrés dans son style mais le long moins passé loin de sa Ducati les a visiblement fait revenir, accompagnés d'une crainte de partir à la faute.

"Si on fait la comparaison avec Jorge, même dans nos styles en Moto2, je ne roulais pas de la même façon. J'étais toujours 'timide' avec l'avant de la moto au freinage. Je dirais que je suis un pilote propre, je suis trop propre et il ne l'est pas. Le problème est que même si je suis rapide, ce n'est pas suffisant pour progresser autant que lui. Mais je ne veux pas en rester là. Je pense qu'après cinq semaines de pause, je sens que ces automatismes et cette nature sont revenus, c'est un instinct."

"Lorsque je tente de freiner plus tard ou de rentrer plus vite en virage, j'ai vraiment du mal à venir fermer la courbe et parce que je crains de perdre l'avant", a analysé Zarco. "On dirait que l'avant tient, mais simplement, je n'ose pas encore passer le cap de 'J'essaie et je tombe'. Peut-être que je ne vais pas tomber, mais c'est ça qui me bloque un peu. [L'âge] et la raison font que je n'ai pas envie de tomber, mais j'ai envie d'y arriver."

"Donc soit je passe les caps progressivement, franchement ça vient, je sens que ça vient ; soit peut-être qu'il faut que je force un peu la machine pour gagner à mon tour, pour le plaisir de gagner. Surtout quand ton coéquipier gagne, tu partages son bonheur, mais tu as un but en tant que compétiteur, c'est de gagner aussi."

Zarco pense avoir la moto idéale pour réussir ce travail, l'avantage de la Ducati en ligne droite permettant de conserver une position quand il arrive à imprimer un bon rythme : "Elle a cette force du moteur, quand tu gères bien ça, ça te donne l'avantage et ça devient très difficile pour les autres de te doubler. C'est pour ça que [au GP de Styrie], la puissance ne suffisait pas pour passer Fabio, du moins je le passais mais disons que je n'étais pas assez bien placé pour garder l'avantage au freinage. Mais quand je suis devant ça met en difficulté les autres pour passer."

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Avec Léna Buffa et Margaux Levanto

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