Chez KTM, le développement est un "processus toujours en cours"

Une place dans le top 10 en course, tel était l'objectif principal lancé par le patron de KTM, Stefan Pierer, à son équipe de MotoGP pour la seconde partie de saison. Et force est de constater que celui-ci n'a pas eu longtemps à attendre pour voir son souhait exaucé par ses troupes.

Car avec sa neuvième place décrochée à Brno le week-end dernier, Pol Espargaró a fait le bonheur de la marque autrichienne, et confirmé les récents progrès de la RC16, sur laquelle les troupes de Mattighofen n'ont cessé de bûcher lors de la pause estivale, et notamment au cours de deux jours de tests entrepris en Aragón.

Des nouveautés techniques étaient d'ailleurs encore disponibles en République Tchèque, principalement au niveau des suspensions, toujours dans l'idée d'extraire le maximum d'adhérence des pneus – un domaine qui a fait défaut jusqu'ici à KTM.

Ce n'est pas une nouveauté, le constructeur autrichien vise pour sa première année en catégorie reine à prendre ses marques, et non à obtenir des résultats purs, qui seraient de toute façon bien dérisoires face au but ultime poursuivi par l'équipe, à savoir un titre mondial.

Retour sur investissement

Pour le moment, prime au travail de l'ombre, parfois ingrat, mais qui commence à procurer un retour sur investissement. Il faut dire que la marque autrichienne étend ses séances d'essais aux week-ends de course pour bénéficier d'un maximum de temps de roulage, quitte à sacrifier la performance pure. Si le procédé est étonnant, il est aussi nécessaire pour permettre à KTM de se mettre au niveau de la concurrence, en complément des essais privés et collectifs.

"C'est bien sûr un grand défi", reconnaît ainsi Sebastian Risse, responsable technique du programme MotoGP de la marque. "D'un côté, il faut assurer le développement dans le laps de temps qui nous est imparti, celui que nous avons en piste. Et d'un autre côté, il nous faut réussir à distinguer les améliorations qui sont liées à une simple réaction de notre moto aux pneus ou à des conditions de piste particulières, et celles qui sont rattachées réellement à un développement global de la moto, avec des avancées qui puissent faire l'objet de transferts d'une piste à une autre. C'est difficile, mais jusqu'ici je pense qu'on ne s'en est pas trop mal sorti."

Il est vrai que la lecture et l'interprétation des performances sont rendues particulièrement difficiles compte tenu des différences de grip proposées par les circuits visités, mais aussi par le resserrement des performances dans la gamme des pneumatiques Michelin cette saison.

Néanmoins, KTM a fait du développement son credo en 2017, et l'équipe ne compte pas en départir au vu de ses progrès. "Je pense que nous avons vraiment fait de grandes avancées dans tous les domaines", reprend Risse. "Au niveau du moteur, nous avons eu une toute nouvelle spécification à Jerez. Au niveau aérodynamique, nous avons vraiment voulu utiliser l'avantage que nous avions lors de la première partie de saison, en recourant à différentes configurations. Et nous avons réalisé différentes versions du châssis, et produit beaucoup de nouvelles pièces pour trouver notre chemin. Je pense que c'est un processus qui est toujours en cours."

Outre le fait d'observer un rythme de développement particulièrement soutenu, KTM peut également compter sur le retour technique non pas de deux, mais de trois pilotes. Un facteur déterminant qui lui permet de mieux dégager les axes de progression de la RC16, alors que Mika Kallio viendra de nouveau se joindre à Espargaró et Bradley Smith sur le Red Bull Ring ce wek-end, après avoir déjà fait office de wild-card sur le Sachsenring. "Ils ont tous des caractères différents. Par exemple, sur le Sachsenring, ils ont tous finis très proches en course", poursuit Risse. "Ils ont connu cependant des week-ends différents, et des problèmes différents lors de la course. Mais au final, concernant les problèmes clés, ils sont tous d'accord. C'est quelque chose d'important pour nous, et ce sont de bonnes confirmations des domaines sur lesquels nous devons nous concentrer. Il y a bien sûr des détails qui posent problème, mais il faut considérer la vue d'ensemble."

L'acier, un choix technique assumé

Reste cependant un domaine dans lequel la marque autrichienne ne transigera pas, et qui lui confère d'ailleurs sa patte parmi toutes les équipes du MotoGP : la confection de son châssis en acier. Après dix courses disputées cette année, le responsable technique du constructeur autrichien reste convaincu de la pertinence de ce choix, même si cela requiert une phase d'apprentissage. "Le fait de l'avoir en acier [le châssis] est un gros défi, car nous devons apprendre beaucoup plus de choses qu'en utilisant des matériaux conventionnels. Nous avons beaucoup d'expérience issue des autres catégories, où ces problématiques sont les mêmes. Nous avons toujours su faire avec."

En ce sens, les derniers résultats de l'équipe semblent en effet valider le concept et donner raison à Sebastian Risse. "Pour le moment, notre problème principal est de savoir quel est précisément notre objectif", explique-t-il. "Que cherche-t-on en termes de design, de propriétés… Nous avons beaucoup de savoir-faire en termes de production et de processus de design pour faire cela. Mais nous devons comprendre ce qui est le mieux pour les pneus, ce qui est le mieux dans cette catégorie, avec des motos très puissantes comparées aux autres catégories où nous avons de l'expérience, et c'est clairement le processus dans lequel nous sommes actuellement engagés. Mais nous pensons clairement que nous pouvons réussir en continuant à travailler avec l'acier."

À la veille à présent de son Grand Prix à domicile, KTM entend donc plus que jamais persister dans la voie technique qui lui est propre. Et pourquoi pas viser un nouveau top 10 sur le Red Bull Ring ?