Les pneus intermédiaires, un pari pas si évident

Avec le retour de Michelin en MotoGP, des pneus intermédiaires ont été ajoutés à l'allocation en plus des gommes slicks et pluie. La probabilité qu'ils soient utilisés en course, ce dimanche, est pourtant réduite.

Un pneu Michelin

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Tito Rabat, Marc VDS Racing Honda
Piero Taramasso, Directeur de la branche deux-roues de Michelin Motorsport
Des ingénieurs Michelin
Andrea Iannone, Ducati Team
Un pneu Michelin
Les mécaniciens Repsol Honda préparent la seconde moto de Marc Marquez après sa chute
Mécaniciens Marc VDS
Andrea Dovizioso, Ducati Team
Discussions entre un ingénieur Yamaha et un ingénieur Michelin
Marc Marquez, Repsol Honda Team
Des techniciens Michelin
Un pneu Michelin
Andrea Iannone, Ducati Team
Michelin engineer at work
Un ingénieur Michelin prend la température de la piste
Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing
Un ingénieur Michelin prend la température de la piste
Les mécaniciens Repsol Honda Team travaillent sur la moto de Marc Marquez après sa chute

Dès l'annonce de cette nouvelle option, Michelin avait précisé qu'elle visait à éviter que des séances d'essais ne soient boudées par les pilotes en cas de conditions mixtes. Elle se destinait en revanche moins à la course, compte tenu d'une fenêtre de performance limitée à des conditions précises et, par définition, intermédiaires.

"C'est difficile à prévoir, mais la fenêtre de fonctionnement des pneus intermédiaires est très étroite, aussi je ne pense pas qu'ils couvriront toute la distance de la course", expliquait en début de week-end Piero Taramasso, responsable MotoGP chez Michelin sur le site officiel du championnat. "Ça commencera probablement avec les pneus pluie avant de passer aux slicks, ou alors avec les slicks avant de passer aux pluie."

La règle dite du flag-to-flag autorise les pilotes MotoGP à passer par les stands pendant une course, si un changement d'adhérence est signalé, c'est-à-dire si le départ a été donné sur piste sèche et qu'il se met à pleuvoir, ou l'inverse. Or, le passage par les stands coûte un temps si précieux qu'il est difficile d'envisager en faire deux - pour passer, par exemple, des pluie aux intermédiaires, puis des intermédiaires aux slicks - et ce alors que les intermédiaires n'auraient qu'une utilisation réduite à quelques tours. Pour que ce choix soit plébiscité, il faudrait que les intermédiaires conviennent aux conditions de piste du début de course, ou alors à celles d'une courte dernière phase de l'épreuve.

"Il faut penser à ce qui va se passer après [le changement de pneus]", rappelle Scott Redding. "S'il pleut [faiblement] comme au début des EL4, quand personne ne roulait, alors il est possible de prendre la piste avec les intermédiaires. Mais on fait alors un gros pari parce qu'on ne peut pas prédire ce que va donner la météo. Si on sait qu'on a tel pourcentage de pluie dans les 40 prochaines minutes, alors on peut décider."

Malgré l'avantage qu'ils voient dans ce produit, les pilotes s'accordent à considérer qu'il s'agit d'un risque stratégique. "Pour moi, c'est une bonne chose pour la sécurité", assure Valentino Rossi. "En 2014, Márquez et Dovi ont pris la piste avec les slicks et il y a eu un moment où c'était très dangereux. Dans un moment comme celui-là, si vous avez les intermédiaires c'est mieux du point de vue de la sécurité. Après, ça dépend quelle est la fenêtre de performance : on gagne peut-être dans les deux ou trois premiers tours, mais si quelqu'un d'autre a pris le risque de monter les slicks, il peut ensuite revenir."

Peu de tests

Depuis le début de l'année, les pilotes se montrent frileux à l'idée d'utiliser ces pneus et ils ont été très rares à se faire une idée en essais hivernaux, de même que l'an dernier lors des tests de Brno où ils ont été proposés pour la première fois aux titulaires.

Samedi après-midi, les conditions étaient suffisamment pluvieuses pour mouiller la piste, mais pas pour la détremper. "Des conditions difficiles, avec une pluie très fine, donc une piste mouillée mais sans plus, et des conditions qui se sont décalées vers une piste séchante tout au long de la qualification", détaille Nicolas Goubert, directeur technique Michelin Motorsport, au site officiel du MotoGP.

Or, dans ces circonstances, c'est le seul qui pouvait se permettre de prendre de gros risques qui a réalisé samedi un test notable, en l'occurrence Andrea Iannone, destiné à s'élancer du fond de la grille car sous le coup d'une pénalité. "On pourrait possiblement avoir cette situation en course. Je pense donc qu'on a appliqué une très bonne stratégie, parce qu'on a testé la moto avec ces réglages, qui sont hybrides entre la moto pour le mouillé et celle pour le sec", explique le pilote Ducati. "C'est un pari qui a failli marcher, parce que s'il y avait eu un tour de plus il aurait été en pole position", assure Nicolas Goubert.

Perspicacité et chance

Interrogés sur le sujet après les qualifications, les pilotes souriaient face à ce casse-tête supplémentaire qui se présente à eux. "Il est déjà difficile de faire le choix de pneus sur le sec, alors imaginez avec les pneus pluie et aussi les intermédiaires", pointait notamment Rossi.

Le Docteur rappelle néanmoins à quel point la question pneumatique sera importante ce dimanche, car la capacité à faire le bon choix au bon moment pourrait propulser un pilote au sommet. "Il faut voir quelles seront les conditions. Le pilote qui comprendra le plus vite les limites de la piste pourrait avoir un avantage", prévient-il.

"Quand on pilote, il faut garder une petite place à l'esprit pour penser aux conditions, il faut se souvenir du tour précédent", explique-t-il. "Il y a habituellement une partie de la piste qui s'assèche plus vite et une autre partie où il a peut-être plu un peu plus et où il reste de l'eau. Bien entendu, ça n'est pas facile mais c'est quelque chose qui fait une grande différence, en particulier dans ce type de conditions et ce sera d'autant plus le cas si la course est 'moitié-moitié' ou flag-to-flag. Après, il faut aussi de la chance pour faire le bon choix et entrer aux stands au bon moment. C'est un tout."

Afin de se préparer à une course flag-to-flag, les pilotes n'ont eu de cesse de s'entraîner au changement de moto ce week-end, à chaque séance et particulièrement ce matin au warm-up. Cette ultime séance de préparation s'est déroulée principalement sur le sec, avant l'arrivée timide de la pluie à trois minutes de la fin. Depuis, le ciel reste menaçant, un scénario typique d'Assen…

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