L’étrange spectacle argentin
Difficile d’imaginer un Grand Prix en Argentine sans passion, adrénaline et haute tension. Impatients après une entame de saison nocturne tout aussi vive, les aficionados ont pleinement profité d’une ambiance électrique et quelque peu chaotique.
Photo de: Mirco Lazzari
Cela semblait évident que, comparativement au Qatar, la donne pneumatique allait être le grand questionnement du week-end. Si Michelin n’a pas manqué son retour à Losail avec une série d’essais préalables et la possibilité de produire de nouvelles enveloppes au dernier moment, le clan français pouvait à juste titre redouter le second circuit de la saison. Avec une seule journée d’essais à Termas de Río Hondo en 2015 sous un temps pluvieux, difficile d’éviter les grosses surprises pour les équipes et pilotes encore en phase d’adaptation avec ces nouvelles enveloppes de caoutchouc.
En prenant en compte les événements qui ont émaillé le week-end, différents points ressortent d’un sport qui monte en puissance, et qui doit faire face de nouveau à des enjeux rencontrés fin 2015. Les images spectaculaires des embardées de Baz en février en Malaisie, et de Redding ce week-end, mettent tout d’abord le manufacturier français face aux mêmes enjeux que Bridgestone, le tout dans un espace temps beaucoup plus restreint.
Quand le pneu arrière de Shinya Nakano explose à plus de 300 km/h au Mugello, nous sommes en 2004, en pleine époque de concurrence de gommes, et quand le Grand Prix d’Australie est scindé en deux parties 9 ans plus tard, c’est bien sur une piste resurfacée et sans tests préalables que la menace s’est fait sentir.
Il serait légitime d’attendre de la part des responsables du MotoGP une vraie prise de responsabilité démontrant leur souci de bien communiquer autour de leurs pilotes, la valeur incontournable du sport moto, histoire de ranger les déboires rencontrés après la Malaisie en 2015 et de vérifier enfin que les mesures cantonnées trouvent une application juste. Il faudra attendre, visiblement.
Le MotoGP va vite, très vite même, et l’intérêt qui est présent dès ce début de saison est tout simplement incroyable. À peine commencé, nous voilà déjà en train d’imaginer 2017 avec une grille comptant un constructeur de plus, et ce à quoi pourraient ressembler les acteurs de ce magique top 6 avec des couleurs différentes. Lorenzo en rouge, Viñales ajoutant une touche de jaune et vert Movistar sur sa combinaison, mais aussi la confirmation que Suzuki est bien en train de devenir le 4e constructeur du haut du classement. Tout cela va vite, donc, face à une gouvernance qui temporise trop pour une bonne prise de décision, un problème rencontré par la Formule 1 dont certains membres n’ont cessé de vanter les louanges du MotoGP, jusqu’à venir assister de plus près à ce sport incroyable et fascinant.
Impossible de ne pas comprendre après cette seconde course que le cru 2016 va être une grande cuvée. La capacité de Marc Márquez à rectifier les mauvais essais hivernaux du HRC a de quoi surprendre, mais l’homme est là, avec plus d’expérience encore qui lui permet de gérer la confrontation avec moins d’improvisation et d’enthousiasme, ainsi que d’éviter tous les pièges tendus par l’asphalte argentin. L’étape qu’il a franchie nous promet de belles choses, on lui découvre une régularité que Rossi a parfaitement gérée tout au long du week-end. Valentino a été un des rares à ne pas chuter et a fait de superbes essais progressifs sans jamais céder à la pression. Est-ce l’effet de Luca Cadalora, son nouveau coach cette saison ? Le Docteur continue de nous maintenir en haleine.
On a hâte d’en être déjà à vendredi pour les premiers essais du désormais seul Grand Prix en sol américain. Espérons seulement que les couacs de communication dans les coulisses ne soient que de l’histoire ancienne, que l’organisation puisse anticiper certains aspects et évite de se faire surprendre par la pluie le dimanche matin (!), un comble tout de même, tout autant que l’avalanche de procédures révisées, puis annulées, comme pour mieux y perdre en crédibilité.
Retenons que les Grands Prix continuent de nous offrir un suspense vraiment haletant, et qu’une nouvelle pousse vient d’inscrire la Malaisie au palmarès des nations victorieuses en Championnat du monde avec Khairul Idham Pawi. À coup sûr la relève s’impatiente aussi.
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