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Lorenzo, la mue perpétuelle d'un pilote insaisissable

Adoré ou abhorré, l'Espagnol représente sans doute l'un des pilotes les plus complexes du MotoGP.

Jorge Lorenzo, Repsol Honda Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

En plus de dix ans de présence en MotoGP, l'image de Jorge Lorenzo a bien changé. Pour beaucoup, l'Espagnol fait en effet figure désormais de pilote sûr de lui et courageux. Une mue rendue possible au fil des années par l'obtention de trois titres mondiaux (2010, 2012 et 2015), mais aussi par quelques moments de bravoure, comme à Assen en 2013, où il n'avait pas hésité à prendre le départ de la course malgré une clavicule cassé lors des essais libres.

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Un événement qui l'aurait sans doute décontenancé cinq ans plus tôt lors de son arrivée dans la catégorie reine. En 2008, le Majorquin avait réalisé des débuts tonitruants avec trois pole positions lors des trois premières courses, ainsi qu'une première victoire dès la troisième manche. Un départ en fanfare qui n'avait alors cependant pas atténué la peur qu'il entretenait à l'idée de courir dans la discipline, tout double Champion du monde 250cc qu'il était déjà à l'époque.

"Je me souviens avoir été l'un des rares pilotes à avoir admis ressentir de la peur lors de mon arrivée en MotoGP, en 2008", a-t-il ainsi confié au magazine GQ, reconnaissant par là même que cette honnêteté avait à l'époque suscité quelques inquiétudes chez son employeur, Yamaha. "Cela a choqué beaucoup de gens parce que peu de pilotes jusqu'ici avaient reconnu ça. Cette sincérité, en réalité, a joué en ma défaveur, car un constructeur ne veut pas avoir dans ses rangs un pilote qui a peur de courir. Le fait de l'admettre, qui plus est publiquement, n'a pas joué en ma faveur."

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Et c'est en réaction à ce manque de confiance en soi et à la timidité qui y est liée que le numéro 99 estime avoir développé une certaine forme d'arrogance, un trait de caractère que ses détracteurs ne manquent pas de souligner à l'envie.

Des propos lancés à la cantonade en conférence de presse, ou bien même des défis qui pourraient parfois être jugés trop optimistes, tel que son passage chez Ducati, les occasions de pointer cette facette de sa personnalité ne manquent pas, mais l'intéressé estime pour autant avoir grandi et progressé en la matière, en se montrant plus pondéré.

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"Pour dissimuler cette timidité, j'ai compensé en étant l'inverse, c'est-à-dire insolent, tout cela pour démontrer que j'étais plus fort que ce que j'étais en réalité", explique-t-il. "Mais j'ai appris que dans la vie tout est une question de nuances. Si tu es arrogant mais avec une pointe de sympathie, alors c'est même bien vu. Mais à ce moment-là je ne comprenais aucune de ces nuances, et cela m'a causé des problèmes avec les médias."

Un caractère façonné par l'aspect familial

Reste que Lorenzo demeure un pilote au caractère bien trempé, qu'il doit en partie à sa relation avec son père, souvent dure, et qui a fini de forger sa personnalité. "Ma vie a été dure par certains aspects. Mon père a été dur avec moi et, d'une certaine façon, professionnellement je dois tout à cette dureté", relate-t-il, plus compréhensif aujourd'hui en ce sens.

Mon père a été dur avec moi et, d'une certaine façon, professionnellement je dois tout à cette dureté.

Jorge Lorenzo

"Nous avons des caractères difficiles, et si nous passons beaucoup de temps ensemble, alors à la fin nous finissons par nous disputer", poursuit-il. "Mais c'est parce que nous sommes comme cela, nous sommes deux personnes avec un fort caractère. Donc bien s'entendre est difficile, mais au final tu te rends compte qu'un père veut toujours le meilleur pour son fils. Il ne le fait pas toujours bien, il commet parfois des erreurs, mais toujours parce qu'il a fait ce qu'il croyait être bien pour son fils."

Un statut désormais bien établi

Jorge Lorenzo, Repsol Honda Team

C'est un fait : le Lorenzo de 2019 n'est plus celui de ses débuts en 2008. L'homme a gagné en certitudes du fait de son palmarès, qui comprend trois titres de Champion du monde en MotoGP et fait de lui le seul pilote à avoir réussi à mettre en échec Marc Márquez, en 2015, depuis l'arrivée de ce dernier dans la discipline deux ans plus tôt, et à avoir battu dans son propre camp Valentino Rossi cette même année.

De quoi retirer la pression qu'il pouvait avoir sur les épaules à ses débuts, lorsqu'il avait encore tout à prouver, et que sa place dans la catégorie reine restait suspendue à de bons résultats. "Ce n'est pas la même chose de se dire : 'Soit je réussis à gagner ce Grand Prix ou je m'en sors bien sur les cinq prochains, soit ma carrière sportive est finie', et de se dire que je suis Jorge Lorenzo, quintuple Champion du monde, et que j'ai déjà réalisé plus que je ne l'aurais imaginé et que ma vie est déjà tracée", avance-t-il. "J'envisage la vie sous une perspective différente, et je n'ai pas cette forte pression sur moi, qui est mauvaise et difficile à supporter dans le premier cas que j'ai décrit, et qui est celui que j'ai vécu à mes débuts. Mais c'est clair que je m'efforce de donner le meilleur de moi-même chaque jour pour parvenir au meilleur résultat possible."

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Le meilleur de lui-même, Lorenzo essayera une nouvelle fois de le donner dans le nouveau défi qu'il s'est lancé chez Honda, peut-être le dernier de sa carrière. Faisant face, sur le même matériel, à la référence de ces dernières années Marc Márquez, c'est un pari à double tranchant qu'il entreprend, mais qui pourrait bien s'il s'avère gagnant effacer son revers chez Ducati et consacrer son passage en MotoGP.

Avec Oriol Puigdemont

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