Lorenzo s'agace de qualifications en mode "Tour de France"

Les stratégies appliquées par certains pilotes à la fin des qualifications du Grand Prix d’Aragón n'ont pas plu au poleman. Ses adversaires considèrent toutefois qu'il n'y avait rien de répréhensible.

Jorge Lorenzo, Ducati Team

Jorge Lorenzo, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Le dernier quart d'heure des qualifications MotoGP a eu, samedi, des faux-airs de séance Moto3. Avec seulement 12 pilotes en piste, on a assisté à un étrange bal de concurrents au ralenti, cherchant pour certains le meilleur lièvre à suivre, pour d'autres à éviter de jouer ce rôle insidieux.

Cela faisait suite à une Q1 dont les instants décisifs ont été perturbés par des pilotes en ayant gêné d'autres, ce qui s'est traduit par des pénalités pour Maverick Viñales et Franco Morbidelli. Tous deux ont été sanctionnés pour s'être trouvé sur la trajectoire rapide, sans attaquer, alors que Bradley Smith réalisait son tour lancé.

Celui-ci fait toutefois une nette distinction entre les deux situations. "Ce que j'ai vu en Q2, c'est la course ; ce que j'ai vu en Q1 c'était dangereux", résume l'Anglais. "J'ai vu des jeux en Q2, mais on dirait que la majorité des gars en Q2 se mettaient à gauche pendant toute la ligne droite, je n'en ai pas vu beaucoup attendre dans la zone de freinage. C'est frustrant quand des gars se mettent à gauche, mais ça fait partie du jeu."

Un avis que ne partage pas Jorge Lorenzo, agacé par les stratégies de ce type, indignes selon lui de la catégorie reine. "Il faut pénaliser les pilotes qui attendent beaucoup en piste", assure le poleman d'Aragón. "On est en MotoGP, on a de grosses motos. En théorie, les meilleurs sont en MotoGP, les plus expérimentés, les plus âgés, et à mon avis ils n'ont pas besoin d'attendre pour prendre une roue et améliorer leur temps."

"Aujourd'hui, les qualifications ressemblaient à celles du Moto3, ou même au Tour de France ! À mon avis ça ne devrait pas être comme ça en MotoGP. En Moto3 non plus, ça ne devrait pas être comme ça, mais c'est d'autant plus le cas en MotoGP", martèle le pilote espagnol.

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Plus pondérés, les hommes qui l'accompagneront sur la première ligne de la grille de départ ce dimanche, réfutent l'idée qu'il y ait eu chez les uns ou les autres une attitude condamnable en Q2.

"C'est la course, et ce sera toujours comme ça", considère Marc Márquez. "Bien sûr, tout le monde essaie de trouver un bon tour, d'être seul, surtout les pilotes les plus rapides, mais quand vous avez du trafic, les plus lents essaient toujours de suivre les plus rapides, car c'est plus facile. Si on veut éviter ça, il faut changer de stratégie."

"C'est difficile de faire une règle claire là-dessus", estime Andrea Dovizioso. "Je crois que ce qui s'est passé aujourd'hui a été à la limite, mais pas au point de pénaliser quelqu'un. Ça n'est pas beau à voir, et si je parle pour moi, j'aimerais avoir un tour dégagé, mais je n'ai pas pu parce que tout le monde a ralenti."

Andrea Dovizioso, Ducati Team
Alvaro Bautista, Angel Nieto Team

La rançon de la gloire ?

Dans ces quelques instants délicats, Dovizioso n'a pu compter que sur une seule tentative pour essayer d'accrocher la première ligne. Même dans ce tour lancé, alors que les pilotes étaient restés groupés, il a dû composer avec le trafic et dépasser Álvaro Bautista, pas franchement les conditions idéales pour un concurrent qui aurait pu prétendre à la pole.

Qu'à cela ne tienne, le pilote Ducati n'a aucune amertume et réfute l'idée qu'il y ait pu y avoir quoi que ce soit de répréhensible dans ces événements. "Le fait de ralentir n'est pas un problème, cela dépend de combien on ralentit et si on crée un problème aux autres", rappelle-t-il. "J'ai été gêné mais c'est dans les règles, alors ça n'a pas de sens de pointer le doigt sur quelqu'un et il faut aller chercher le maximum."

Dovizioso assure qu'il n'a rien à reprocher à Marc Márquez, bien que celui-ci ait semble-t-il cherché à la marquer à la culotte. "Mais on ne peut pas pénaliser ça, comment peut-on pénaliser quelqu'un qui suit quelqu'un d'autre ?" balaie-t-il. Cela l'a-t-il gêné ? "Pas mal, oui, mais il faut gérer cela", explique-t-il. "Étant donné que ça ne va pas à l'encontre du règlement, il faut être intelligent et comprendre que c'est quelque chose qui peut être fait. 'Il veut faire ça, très bien. Il est premier, moi quatrième, moi je dois faire mon tour et lui n'y est pas obligé'. Il a fait sa stratégie."

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"À mon avis, ça n'a pas du tout été programmé, simplement on s'est retrouvé là, comme ça. Et quand tu as la pole position [provisoire] tu peux jouer de cette façon, c'est-à-dire que tu peux perdre un tour et créer une gêne pour les autres, dans les règles, et c'est ce qu'il a fait", poursuit Dovizioso, qui a cherché à se sortir de la meilleure des façons de cette situation, qu'il considère en quelque sorte comme le revers de la médaille face à sa compétitivité.

"Contrairement à d'autres – et je ne parle pas de Marc –, je ne suis pas un pilote qui cherche à tout prix à faire un tour derrière les autres et rien d'autre. Si la situation de suivre quelqu'un se présente c'est un avantage, mais je ne la recherche pas. Dans ce cas précis, on ne pouvait pas faire différemment. Étant donné que les autres ralentissaient, et surtout vu que je suis l'un des plus rapides ce week-end, j'allais forcément être suivi, alors on ne peut pas faire grand-chose. Il faut chercher une fenêtre suffisante pour pouvoir attaquer et je l'ai trouvée à la moitié du tour."

"À mon avis, on démontre qu'on est particulièrement compétitifs, sur plusieurs pistes, et ça fait son effet. La situation de tous pouvoirs affichée par Marc et Honda jusqu'à la mi-saison est en train de changer, c'est normal que ça fasse effet et ce même si tu as 67 points d'avance et que tu peux décrocher le titre. De toute façon, Marc est un pilote de championnat : ça n'est pas le premier qu'il gagne et s'il gagne celui-ci il voudra gagner aussi le prochain. Ça n'est pas quelqu'un qui pense uniquement à l'instant présent, s'il voit qu'on progresse il s'inquiète aussi pour l'avenir, et c'est normal."

Avec Michaël Duforest

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