Interview

Loris Baz : "La Ducati, une moto qu'il faut savoir apprivoiser"

Loris Baz poursuit sa route au guidon d'une Ducati satellite et peut tirer des enseignements précieux du premier Grand Prix de la saison.

Loris Baz, Avintia Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Motorsport.com a rencontré Loris Baz cette semaine à Paris, en marge de la présentation officielle du Grand Prix de France. Avant de penser à l'échéance mancelle, le pilote Avintia avait encore en tête sa performance de Losail et une 12e place qui lui permet de dresser un bilan plus positif que l'an dernier à pareille époque, en dépit du fait que cette première manche a été disputée dans des circonstances complexes. Son expérience lui permet également d'observer avec clairvoyance les performances de ses collègues.

Cette première course de la saison t'a valu les points de la 12e place. Es-tu satisfait par ce résultat ?
Un des objectifs du week-end était de finir ce Grand Prix le mieux possible, en m'étant fait plaisir et en ayant eu un bon feeling sur la moto. Le feeling, ça n'était pas vraiment ça. Je pense qu'en course on a été nombreux à avoir les plus mauvaises sensations du week-end, mais cela venait des conditions de piste. C'était vraiment compliqué, mais j'ai réussi à m'adapter et à rester sur mes roues. J'ai fait toute la course en me battant avec Lorenzo, avec Rins. C'était bien, je suis content, ça permet de lancer la saison positivement.

Loris Baz, Avintia Racing, Jorge Lorenzo, Ducati Team

En te battant avec Lorenzo, y a-t-il des choses que tu as pu observer chez lui ?
J'ai beaucoup roulé avec lui tout le week-end et on voit qu'il n'est pas à l'aise, qu'il n'a pas encore trouvé la clé avec cette moto. Cela prouve que les Ducati sont des motos compliquées. Ce sont des motos capricieuses et il faut vraiment comprendre le truc pour rouler vite. Je pense aussi que ce sont des motos très physiques, comparé à la Yamaha. On voit qu'il n'a pas encore trouvé la solution, mais je ne me fais pas de souci pour lui. En tout cas, c'était sympa de se battre et de faire tout le Grand Prix avec lui.

Quand tu as dû t'adapter à la Ducati à ton arrivée chez Avintia, quels sont justement les aspects qui t'ont posé le plus problème ?
Le fait est que l'an dernier je n'ai pas senti les côtés négatifs de la moto parce qu'on avait les premiers Michelin, qui avaient énormément de grip, et cela gommait les défauts de la moto. On s'est rendu compte plus tard des problèmes que l'on avait. Je pense que, pour moi, ça a été trop bien tout de suite. C'est une moto qui a un très gros moteur, ça c'est un point positif, mais c'est aussi une moto très physique et avec laquelle il est très compliqué de reproduire deux fois la même chose. Je ne peux comparer qu'avec la Yamaha que j'avais en 2015 parce que ça avait été ma seule MotoGP, mais elle beaucoup plus physique, elle vit beaucoup plus, bouge beaucoup plus. Il faut freiner très fort, il faut casser les virages, le pilotage est moins naturel. Il faut donc vraiment être capable d'oublier et de "réapprendre à piloter".

Quel gain t'apporte la GP15 dont tu disposes cette année par rapport à la GP14.2 ?
Elle est mieux un peu partout. C'est la première qui a été conçue entièrement par Gigi Dall'Igna et qui n'a pas été modifiée sur une ancienne base, et on le sent. C'est une moto qui a un moteur plus puissant, une boîte de vitesses plus rapide, un meilleur châssis, une moto qui tourne mieux, mais qui reste une moto très physique. Je pense qu'elle l'est encore plus que l'an dernier parce qu'on n'a plus les ailerons : ça la rendait plus physique dans les changements d'angle mais beaucoup plus stable dans les sorties, or là elle bouge énormément. Mais elle est comme ça, c'est vraiment une moto qu'il faut savoir apprivoiser, il faut la comprendre et prendre le temps. C'est ce qu'on a fait cet hiver : je n'ai pas été très rapide pendant les essais hivernaux, mais j'étais vraiment en confiance en arrivant pour la course parce qu'on a fait beaucoup de kilomètres, on a essayé beaucoup de choses, on a compris la moto. On l'a encore mieux comprise pendant ce premier Grand Prix et je pense qu'on devrait arriver à faire une belle saison avec.

Loris Baz, Avintia Racing

Comment tu expliques que chez Avintia comme chez Pramac, le pilote qui dispose de la moto la plus ancienne a devancé celui qui a la moto la plus récente ?
Je pense qu'entre la GP15 que j'ai et la GP16 qu'a Héctor [Barberá] il y a malgré tout des différences. Il n'a pas exactement la 16 qu'avait le team officiel l'an dernier, il a la même boîte de vitesses que moi. Les différences sont donc infimes et ce qui compte le plus c'est vraiment la confiance. Héctor est moins en confiance avec celle-ci qu'avec la 14, ça s'est vu tout l'hiver. Il s'est fait mal et a donc manqué la dernière séance d'essais. Je l'explique comme ça, je pense qu'il n'y a pas une si grande différence que ça. Pour ce qui est du team Pramac, je pense que Petrucci essaye énormément de choses, or on a plus de chance de se perdre comme ça. Danilo n'a pas fait une saison hivernale parfaite, il y a eu souvent pas mal de soucis sur la moto, alors je l'explique comme ça parce que je pense qu'entre la 16 et la 17 il y a quand même une belle différence. Ce qui compte principalement c'est la confiance qu'on a sur la moto.

Comment va ton bras ? Est-ce que l'arm-pump que tu as ressenti en course t'inquiète ?
Non ça ne m'inquiète pas. C'est un problème que je n'ai jamais eu, je n'ai jamais terminé une course en me disant que j'avais perdu sur les derniers tours parce que j'avais mal au bras, je pense donc que c'est vraiment dû à cette course. J'ai eu un problème sur mon réglage de garde de levier de frein au début de la course, je ne pouvais plus régler le levier, il était très loin, donc très dur, et après trois tours j'ai senti que je tétanisais. Je le mets là-dessus et sur le fait qu'on perdait énormément l'avant et que j'ai tenu la moto sur le coude 90% du temps, il n'y avait aucun moment où je pouvais reposer le bras. Mais je pense que ce n'était que passager, j'ai eu aucun souci tout l'hiver, pourtant j'ai fait des simulations de course. En tout cas je vais faire un peu plus de kiné et essayer de plus étirer mon bras pour ne pas que ça se reproduise.

Comment ça se passe avec ton nouvel ingénieur, Paolo Zavalloni ?
Ça se passe bien. Depuis le début il y a un super feeling, on sent qu'il a vraiment envie de bien faire, qu'il est ultra motivé. Je pense qu'il m'a bien compris également. On a un peu le même parcours parce qu'en 2009 il était chef mécanicien d'un pilote en Stock 1000 et j'étais dans le même championnat, donc on se retrouve maintenant. On sent qu'il a vraiment envie de réussir, alors pour l'instant ça se passe vraiment bien.

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