Interview

Luca Marini : Sans podium "il manque toujours quelque chose"

Sixième du championnat avant son Grand Prix national, Luca Marini se taille une place de plus en plus importante en MotoGP, en toute discrétion. Un premier podium, dont il admet qu'il avait bien besoin, est enfin arrivé en ce début de saison, de quoi le motiver dans une quête de succès ardue.

Luca Marini, VR46 Racing Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

À 25 ans, Luca Marini commence à s'imposer dans les esprits de ceux qui l'ont longtemps vu uniquement comme le frère de Valentino Rossi. Arrivé en Grand Prix en 2016, directement en Moto2 du fait de sa grande taille, il aura mis trois ans à rejoindre une équipe de pointe et à intégrer le groupe de tête dans la catégorie, avec de premiers trophées à placer sur ses étagères. C'était le début de trois saisons marquées par une progression discrète, à son image, mais constante et solide jusqu'à toucher du doigt le titre en 2020.

Il a beau l'avoir finalement manqué, sa promotion en MotoGP était acquise pour l'année suivante, avec le soutien de VR46. Un autre défi s'ouvrait alors pour lui : cohabiter en piste avec sa star de frère et convaincre ceux qui faisaient la moue qu'il avait bel et bien sa place. Son apprentissage de la catégorie s'est fait au guidon d'une Ducati de deux ans d'âge, puis il a obtenu une moto de spec 2022 la saison dernière, prêt à mettre à profit les enseignements emmagasinés.

Finalement, Marini a dû ronger son frein un peu plus que prévu, touchant plusieurs fois du doigt le podium sans parvenir à l'atteindre, là où son coéquipier concrétisait dès ses débuts. Alors, quand la manche d'Austin, au mois d'avril lui a enfin permis de soulever un trophée, celui de la deuxième place, c'est un Luca Marini soulagé qui a accueilli ce résultat.

Il l'admet, ce premier podium compte "beaucoup" dans son jeune parcours dans la catégorie. "À mon avis, il aurait pu arriver plus tôt", souligne-t-il auprès de Motorsport.com, "mais l'année dernière j'ai un peu manqué de chance. Parfois, malheureusement, il peut arriver qu'un pilote tombe devant et on peut alors en profiter en exploitant le fait d'avoir réussi à figurer à la quatrième place à ce moment-là. Quelqu'un tombe, on fait alors troisième et c'est un podium non pas offert, mais mérité parce qu'on était quand même quatrième à cet instant et c'est ce qu'il fallait faire. Mais l'année dernière, ça n'était jamais arrivé."

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À Austin, en revanche, la chute de Pecco Bagnaia l'a fait entrer dans le trio de tête, puis il a pris le pouvoir sur Fabio Quartararo pour se porter au deuxième rang derrière Álex Rins. "Je me sentais très bien, très fort. En partant de la maison, je savais déjà que ce serait une course sur laquelle je pourrais faire la différence", assure-t-il.

"C'est une piste sur laquelle le pilote peut faire la différence s'il est bien avec sa moto, car elle est très difficile pour tout le monde. D'ailleurs, Rins ou Márquez y ont toujours gagné parce qu'ils ont trouvé quelque chose en plus là-bas. En tant que pilote, ils arrivent à faire la différence quelle que soit la moto avec laquelle ils courent. J'étais parti de la maison très déterminé parce que je savais qu'il était possible de bien faire. Ensuite, on a très bien travaillé pendant le week-end et le podium est finalement arrivé."

"J'en avais besoin, c'était une belle sensation", poursuit Marini. "C'est un ensemble de choses qui mène à avoir encore plus de motivation pour les courses suivantes. Réussir à enfin monter sur le podium est une récompense pour tout ce qu'on a fait pendant toutes ces années. Quand on ne le fait pas, il nous manque toujours quelque chose. Ça donne une force en plus pour continuer à le faire pendant encore dix ans. C'est une belle sensation qu'on veut retrouver de plus en plus souvent, même si ça n'est pas facile."

Réussir à enfin monter sur le podium est une récompense pour tout ce qu'on a fait pendant toutes ces années. Quand on ne le fait pas, il nous manque toujours quelque chose.

Luca Marini

Cette motivation apportée par la récompense est un carburant que Luca Marini veut employer pour poursuivre la quête de ses rêves. D'un point sportif, son ambition est toute trouvée : "Je serais déjà très heureux d'avoir la possibilité de me battre pour le titre MotoGP, d'être dans un team officiel et de pouvoir travailler avec une belle équipe, des personnes bien qui me stimulent, qui croient en moi pour que je puisse gagner le titre MotoGP. C'est clairement l'ambition que je nourris et c'est un de mes rêves."

Un pilote introverti qui a "beaucoup progressé"

Lui qui est resté cette année sur la moto de 2022, il a masqué sa déception au moment d'apprendre cette nouvelle en cours de saison dernière, précisément au moment où il voyait le podium si proche et pourtant se refusant à lui.

"J'étais triste, je savais que tout allait être plus difficile, mais j'étais conscient aussi que le package qu'on avait était déjà très compétitif", explique-t-il. "On a une moto très efficace et j'essayais de penser au fait qu'il faudrait que je tire le maximum que je pourrais de mon package."

"De toute façon, je ne peux rien faire d'autre. La seule façon que j'ai d'être compétitif cette année, c'est de me concentrer sur ce que j'ai, d'exploiter au maximum mes points forts et de travailler sur mes points faibles, et d'obtenir le meilleur résultat possible avec ce que j'ai. De toute façon, si l'équipe a décidé que, pour des questions de budget, il n'était pas possible d'avoir [la nouvelle moto], c'est normal aussi d'être du côté de l'équipe."

Luca Marini, VR46 Racing Team

Son équipe voit Luca Marini s'ouvrir de plus en plus et fédérer son team autour de lui.

Luca Marini exprime le calme absolu, si ce n'est une certaine discrétion dans son attitude. Avec lui, il n'y a pas un mot plus haut que l'autre, tant son self-control est grand. "Oui, mais d'ailleurs je devrais parfois me libérer un peu plus !" sourit-il. "J'ai du mal à faire cela. En général, il faudrait que j'évacue un peu plus. Ça n'est pas toujours bon de garder les choses en soi."

Son patron d'équipe partage cet avis, avec un regard complémentaire. "C'est un garçon très introverti, mais il écoute [ce qu'on lui dit] et il a beaucoup changé humainement", a expliqué Uccio Salucci à Motorsport.com. "Nous avons essayé de le rendre un peu plus expansif, de faire en sorte qu'il forme plus un groupe avec son équipe, parce que ce sont des choses importantes. Au final, c'est le pilote qui fait le team, c'est lui qui fait le groupe et l'atmosphère."

"Luca a beaucoup progressé, cette année il a fait un step important", ajoute Uccio Salucci, ami de son frère lorsque le petit Luca a vu le jour en 1997 et qui s'efforce désormais de veiller sur la progression de celui qui tente de se faire sa propre place. Sixième du championnat avant le grand rendez-vous du Mugello, Marini continue de rêver à la prochaine marche qu'il pourra franchir...

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