En MotoGP, Lüthi s'est parfois senti "un peu perdu"
Le Suisse a visiblement été dépassé lors de son année passée dans la catégorie reine, après avoir manqué ses premiers essais et avoir souffert des tourments de l'équipe Marc VDS.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Pour Tom Lüthi le Grand Prix de Valence aura signé la fin d'un long calvaire, et d'une année en MotoGP dont les résultats ont été loin des espérances que pouvait laisser susciter son statut de vice-Champion du monde Moto2 en 2017.
Une saison qui se sera achevée sur un score vierge, sans commune mesure avec les 50 points inscrits par Franco Morbidelli, son coéquipier chez Marc VDS. Pour le Suisse, les origines du calvaire remontent au mois d'octobre 2017, en Malaisie lorsque, encore en lutte pour le titre dans la catégorie intermédiaire avec celui qui deviendra plus tard son voisin de garage, il s'était fracturé la cheville gauche.
Un retard impossible à rattraper
Exit donc le sacre, mais également les premiers essais d'intersaison, pourtant déterminants dans le processus d'acclimatation des rookies à la catégorie reine.
"Ce qui s'est passé... je pense que je pourrais écrire trois livres [pour tout raconter] !", préfère plaisanter Lüthi auprès de Motorsport.com. "Ce qui a été une erreur claire de ma part, ce que j'ai sous-estimés, ce sont les tests de novembre, que j'ai dû manquer à cause d'une blessure. Je pensais pouvoir surmonter cela, et qu'en faisant du bon travail et avec le soutien nécessaire ça pouvait faire l'affaire. Mais je partais de trop loin et nous n'avons pas pu réduire l'écart."
Malgré cela, les débuts au Qatar ne furent pas désastreux, seulement deux dixièmes le séparant de Morbidelli lors des qualifications, avant que le Suisse ne termine aux portes des points en course, en 16e position.
"Au début de la saison, nous n'étions pas si mal au Qatar", se souvient-il ainsi. "J'étais proche des points mais je n'avais aucune idée de comment gérer les pneus, gérer le carburant et tout cela durant la course."
Perte de confiance en cours de saison
La bonne compréhension du fonctionnement du pneu avant a elle aussi été une gageure, jamais vraiment maîtrisée d'ailleurs. "Dans le même temps, je manquais de confiance avec l'avant", confirme-t-il. "Il y a eu quelques chutes à cause de la roue avant, alors bien sûr ensuite j'étais prudent et j'ai perdu confiance. Et ensuite vous roulez encore plus lentement et vous continuez de chuter. Ce fut une période difficile. J'ai dû repartir de zéro. Parfois, je me suis senti un peu perdu. Ça peut paraître stupide, mais c'est comme ça. Je ne savais pas quoi faire car rien n'allait de l'avant."
Déjà en difficulté, l'adaptation de l'Helvète n'a pas été arrangée par les tourments de Marc VDS, dont l'avenir incertain et finalement vain a pesé sur la compétitivité de l'équipe et a compromis sa totale implication.
"À ce moment-là, tout l'apprentissage et le travail avec l'équipe ne fonctionnaient plus, à cause des problèmes entourant l'équipe", reprend Lüthi. "Les gens dans le garage pensaient à leur travail et tout ça. C'est pourquoi ça n'a pas avancé au niveau de la performance sportive."
"Il y a eu cette affaire avec l'équipe, qui m'a bien plus touché que Franco", poursuit le numéro 12, qui estime n'avoir pas eu le soutien nécessaire pour s'émanciper d'une équipe en difficulté sous tous les plans. "Son environnement l'a peut-être rendu plus indépendant vis-à-vis de l'équipe que moi. C'est aussi un point sur lequel j'ai pu apprendre. J'ai compris beaucoup de choses à présent, et des choses importantes. C'est une affaire de positionnement professionnel."
L'an prochain, Lüthi fera machine arrière et retrouvera le Moto2 au sein de l'équipe Intact GP. Avec l'espoir de repartir du bon pied et rebondir.
Propos recueillis par Gerald Dirnbeck
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