Une possible lutte interne n'inquiète pas Ducati

Après avoir joué le titre avec Andrea Dovizioso en 2017, Ducati ambitionne de cocher les cases restantes à son cahier des charges cette année, en comblant les zones encore perfectibles. Aller au bout de la course au titre pour obtenir le Graal fait indéniablement partie des objectifs fixés en ce début d'année, tout comme permettre à Jorge Lorenzo de retrouver ses performances d'antan et donc de se mêler lui aussi aux bagarres pour les victoires et pour le titre.

"[Nous avons connu] des émotions à n'en plus finir l'année dernière, mais surtout des émotions qui peuvent être rééditées cette année. Nous avons deux champions qui, à mon avis, seront en mesure de jouer le titre au même niveau cette année", estime Davide Tardozzi, team manager.

Le pressentiment du gestionnaire des troupes ne peut qu'être apprécié de Lorenzo, regonflé à bloc à l'heure d'entamer 2018. Après avoir connu sa première saison sans victoire en dix ans de MotoGP, le Majorquin ne compte pas s'avouer vaincu et entend s'appuyer sur la progression qu'il a connue en fin de saison dernière pour donner la bonne impulsion à son année.

Après les exploits de Dovizioso en 2017 et compte tenu du cap qu'il a lui-même la ferme intention de franchir, le Majorquin a bel et bien la lutte pour le titre en ligne de mire, mais pour les deux côtés du stand Ducati. "Je suis impatient de voir cette saison, car ce pourrait être la première où deux pilotes Ducati sont en mesure de se battre pour le championnat jusqu'au bout. C'est ma volonté. C'est ce sur quoi je travaille", promet-il.

Alors que les ambitions des deux pilotes se rejoignent, faut-il craindre une guerre intestine chez Ducati ? "Le coéquipier est le premier adversaire, mais nous avons la chance d'avoir deux pilotes qui, en plus d'être deux grands champions, sont deux belles personnes. Ils se respectent et ont tout à apprendre l'un de l'autre, je crois donc que nous avons l'association parfaite", estime Tardozzi.

"Le respect total qu'il y a entre eux nous facilite assurément le travail. Il est indéniable que chacun des deux pense en premier lieu à battre l'autre, mais je crois qu'eux comme leur groupe de travail œuvrent en cohésion pour ce qui est l'objectif final et c'est en premier lieu pour Ducati que se fait le travail", rappelle le team manager.

"C'est un problème que voudraient avoir tous les team managers, alors il serait le bienvenu", renchérit Gigi Dall'Igna, confiant quant à la perspective de voir ses deux pilotes prétendre à la victoire en course : "Je n'y vois pas d'aspect négatif. Il est clair que deux pilotes qui se battent pour la victoire sont plus difficiles à gérer, mais cela fait partie de notre travail. C'est un problème que tous les team managers du monde voudraient avoir, alors je ne pense pas que ce soit un souci."

"Ce sera différent de l'année dernière"

Les derniers coéquipiers qu'ont eus respectivement Lorenzo et Dovizioso n'ont pas été leurs meilleurs amis, loin de là. Le Majorquin faisait équipe avec Valentino Rossi lorsqu'il a quitté Yamaha, où les deux pilotes s'ignoraient cordialement, tandis que Dovizioso a dû composer avec la fougue d'Andrea Iannone avec au passage quelques frottements en piste, coûteux pour les pilotes comme pour l'équipe.

Faut-il s'attendre à des coudes-à-coudes similaires à ceux de 2016 entre les deux fers de lance Ducati ? "Des bagarres, s'il est compétitif pendant la saison il y en aura sûrement beaucoup. J'espère qu'on n'en arrivera pas au point de se disputer", anticipe Dovizioso, "mais ce sera sûrement différent de l'année dernière."

"Ma relation avec Dovi est bonne. Nous faisons un sport individuel, concurrentiel, mais en ce moment notre relation est calme", rappelle quant à lui Lorenzo qui, depuis son arrivée à Borgo Panigale, a toujours montré patte blanche. Aujourd'hui encore, il rappelait à quel point il respecte son coéquipier, "une personne très intelligente, un pilote très logique et qui travaille beaucoup".

Dovizioso, lui, sait à quoi s'attendre de la hausse de performance de son voisin de stand. "Il y a beaucoup de concurrence, ce qui est normal, et je pense que cette année il sera plus compétitif. Ce sera donc différent de l'année dernière, parce que l'année dernière il a été un peu 'absent' en termes de compétitivité. Jorge, je le connais très bien et je sais à quel point il est fort et même quand ça ne va pas, il peut renverser la situation en un rien de temps. Il peut donc être un des pilotes en mesure de viser le titre."

Avec William Zinck