La précarité contractuelle des pilotes désormais sur la table
Plusieurs pilotes sont revenus samedi sur les discussions tenues lors de la Commission de sécurité au sujet du manque de protection que les contrats leur garantissent. Le sujet étant désormais sur la table, ils ont espoir que les choses s'améliorent.

L.B., Le Mans – Une fois n'est pas coutume, la réunion de la Commission de sécurité en marge du Grand Prix de France n'a pas servi qu'à aborder les questions liées à la sécurité des pistes et du pilotage. Un vaste sujet a été évoqué par les pilotes présents, celui de la manière dont ils sont contractuellement protégés.
L'élément déclencheur a été le renvoi de Romano Fenati par le team SpeedUp en Moto2, une rupture unilatérale et brutale que l'équipe a justifiée par un manque de résultats. Si la personnalité sulfureuse du pilote italien peut faire discuter, c'est dans l'ensemble avec un sentiment de solidarité que ses collègues ont souhaité évoquer ce sujet.
"Le sujet est sorti parce que j'ai dit qu'à mon avis il faudrait mieux protéger les pilotes Moto3 et Moto2", explique Pecco Bagnaia, interrogé ce samedi soir après sa pole position. "Malheureusement, on a trop souvent vu des pilotes être renvoyés chez eux au bout de quelques courses, voire même avant le championnat. Et je trouve ça moche que les pilotes ne soient pas protégés. C'est difficile pour la Dorna de faire un travail de ce genre, mais à mon avis certaines choses ne devraient pas exister."
"C'est difficile de conserver les contrats. Pas pour nous, mais par exemple on a parlé de Fenati", réagit pour sa part Álex Rins. "Si on a un contrat, l'équipe doit l'honorer, en tout cas s'il n'a pas de clauses disant que s'il n'a pas assez de résultats, il sort. Mais ça, on ne le sait pas. Il est certain que si on a un contrat, l’équipe doit le respecter."
"Hier à la Commission de sécurité, on était tous plutôt en colère de ce qui est arrivé en Moto2, où un pilote a été viré. On semble ne pas être protégé", observe Aleix Espargaró, qui juge que les équipes ont plus de garanties que les pilotes. "Il y a l'IRTA, l'association des équipes, et tout ce que vous voulez, mais si vous terminez votre contrat avec votre équipe actuelle, vous ne pouvez pas en rejoindre une autre. Par contre, les équipes peuvent faire ce qu'elles veulent et ça n'est pas juste."
"Il est juste que les équipes aient une association pour les protéger, mais nous, on ne se sent pas protégés alors ça n'est pas juste", poursuit le pilote Aprilia. "Je ne sais pas s'il faut qu'on crée quelque chose mais on a mis le sujet sur la table. Les contrats doivent se respecter, à la fois de la part des équipes et des pilotes. Ça n'est pas la première fois. On ne peut pas virer un pilote comme on veut, si quelqu'un apporte de l'argent ou quoi. Il faut parfois être plus professionnel. [...] On le mérite. Parfois, on a le sentiment de ne pas être protégés et ça n'est pas agréable à un niveau aussi élevé du sport."
L'intérêt d'aborder le sujet lors de la Commission de sécurité est que les pilotes présents ont pu exposer leur point de vue aux responsables des instances. Andrea Dovizioso, qui prend le sujet à cœur, a senti une réelle écoute, qu'il juge encourageante. "À mon avis, c'était bien que ça sorte hier à la Commission de sécurité, et c'est bien que quand on parle de ces choses-là, Carmelo et Carlos [Ezpeleta] soient présents et écoutent. Dans ces situations-là, ils écoutent et ils veulent être forces de proposition", souligne-t-il.
"Logiquement, aucune décision n'est prise comme ça, dans une Commission de sécurité, mais certains discours qui ont été tenus ont été pris en compte", retient le pilote italien. "Personne n'a de solution mais des idées, qui sont à mon avis importantes, ont été exposées. Il va falloir du temps si quelque chose doit arriver, mais je pense qu'il va y avoir un effort pour voir s'il est possible de faire les choses différemment. Je ne sais pas si ça se fera au final."
La nécessité d'un salaire minimum
Outre la protection des accords liant les pilotes et les équipes, la question des disparités de salaires a également été évoquée. "On a parlé du fait d'avoir un salaire minimum", indique Aleix Espargaró. "Ça n'aura pas d'impact dans les [équipes] d'usine, tous les pilotes officiels sont au-delà de ça. Par contre, dans les équipes privées… Les pilotes des équipes privées risquent leur vie tout autant que ceux des équipes officielles, voire plus, alors il faut respecter cela."
Cette question salariale arrive dans les débats alors que les négociations se poursuivent actuellement pour le renouvellement de nombreux pilotes dont les contrats arriveront à échéance à la fin de la saison. Aleix Espargaró a indiqué à plusieurs reprises être triste de la tournure prise dans ses discussions avec Aprilia, lui qui s'attendait à une meilleure offre après sa victoire en Argentine. Paco Sanchez, manager de Joan Mir, a également révélé que la première proposition faite au Champion du monde 2020 par Suzuki en marge du Grand Prix du Portugal était inférieure au salaire qu'il touchait en 2019 en tant que rookie.
"C'est un gros business", a souligné le manager espagnol. "Pour moi, c'est comme le tennis, le football et d'autres grands sports : une partie de ce business devrait être destinée aux personnes qui en sont les stars, et les pilotes MotoGP sont les stars de ce milieu donc, je pense qu'ils méritent... Je ne sais pas si la Dorna, les constructeurs ou qui que ce soit doit leur verser un salaire minimum. Je ne dis pas qu'il faut leur payer le salaire de Marc Márquez, mais un salaire minimum de base parce qu'ils jouent avec leur vie. Nous l'oublions parfois, mais ils jouent vraiment avec leur vie. Certains jeunes pilotes, si vous leur offrez 100'000 euros, ou même zéro, ils signent."
"Plus facile" pour Márquez d'admettre qu'il ne se bat pas pour le podium
Photos - Les qualifications et la pole de Bagnaia au GP de France
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