Interview

Marc Márquez : "Je suis le premier à vouloir une moto plus facile"

Observateur attentif du MotoGP alors qu'il doit se résoudre à manquer la quasi-totalité de cette saison 2020 pour soigner son bras blessé, Marc Márquez défend le bilan et la stratégie de Honda malgré une courbe de résultat qui a plongé en son absence.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Dans une longue interview livrée à son équipe à l'approche du Grand Prix de Catalogne, Marc Márquez a évoqué sa convalescence ainsi que la course au titre visant à lui succéder au championnat, mais aussi la situation de Honda en son absence. Alors que le constructeur pâtit lourdement de la blessure de son champion, la situation est pire que prévu puisque les résultats obtenus jusqu'à présent font de 2020 la plus faible saison de la marque depuis son retour dans la catégorie reine en 1982.

Aucun podium, un premier représentant classé septième au championnat pilotes et la dernière ou l'avant-dernière place dans les classements des équipes (pour Repsol Honda) et des constructeurs... La situation est critique. Sans nier les difficultés actuelles, le #93 défend toutefois le bilan de son équipe et une stratégie que certains jugent désormais dangereusement focalisée sur lui.

À Misano, lors de la dernière course en date, pour la première fois le team Repsol Honda a pu se rapprocher de la tête. Qu'en as-tu pensé ?

L'équipe Repsol Honda se trouve, je pense, dans une situation difficile. Bien sûr, je m'y sens important et j'ai le sentiment que nous pourrions obtenir beaucoup de bons résultats, mais quand vous avez un rookie de l'autre côté du garage, et compte tenu du fait que j'ai été hors-jeu dès la première course, alors il est possible de perdre un peu la voie. Mais cela me semble normal : un rookie doit suivre un processus, et mon coéquipier − qui est aussi mon frère, bien sûr − en suit un bon. Le test du mardi à Misano a été très important parce qu'ils y ont trouvé quelque chose et, à partir de là, Nakagami et mon frère, Álex, ont beaucoup progressé. P6 et P7 comme résultat final [du Grand Prix d'Émilie-Romagne], je pense que c'est un bon résultat pour eux. J'espère revenir dès que possible pour aider l'équipe, mais pour le moment, je n'aide que de l'extérieur.

Quand vous avez un rookie de l'autre côté du garage, et compte tenu du fait que j'ai été hors-jeu dès la première course, alors il est possible de perdre un peu la voie.

Marc Márquez

Penses-tu qu'Álex a déjà franchi un cap ?

Álex suit le processus. Pour les rookies, avoir deux courses d'affilée sur le même circuit est quelque chose d'important. Cela aide beaucoup. Le plus difficile en MotoGP c'est d'arriver sur un circuit [pour la première fois] avec une MotoGP et d'essayer de tout régler. En arrivant à Montmeló, sur le Circuit de Catalunya, Álex recommencera ce processus, mais on va voir s'il a progressé. Progresser, c'est courir entre la huitième et la 12e place, c'est la première étape qu'il devait franchir, et à partir de là il s'agit d'essayer d'apprendre, de voir où il est possible de s'améliorer et ensuite de faire un autre pas en avant.

Penses-tu que ce soit plus difficile pour un rookie cette saison sachant qu'une seconde à peine sépare le premier et le 20e pilote classé ?

C'est difficile pour un rookie, mais pour tout le monde globalement. Les chronos sont très proches, il y a 17 ou 18 pilotes en une seconde et c'est incroyable. Je pense que le niveau en MotoGP est désormais très égal et c'est bien pour les pilotes parce que l'amélioration finale vient d'eux. C'est une saison difficile pour tout le monde, mais surtout pour un rookie. C'est difficile parce qu'il y a plusieurs courses qui s'enchaînent. C'est étrange, parce que quand on fait une course ensuite on rentre à la maison et le corps peut alors comprendre comment s'améliorer, mais maintenant tout se passe très vite − trop vite pour un pilote débutant. Et il n'y a pas de tests. Ils ont fait un jour de test à Misano, mais normalement on a quatre ou cinq journées dans la saison et ça nous aide beaucoup.

En étant actuellement à la maison, es-tu devenu le conseiller d'Álex ?

J'essaie d'aider Álex. Le jeudi, quand ils reçoivent l'allocation de pneus, il m'envoie la photo et j'essaie de donner des conseils : peut-être que ce pneu peut être la bonne option par rapport à l'année dernière et ce genre de choses. Mais ensuite on a une sorte de règle, qui est qu'il doit travailler avec son équipe. Nous devons être professionnels et il travaille avec son équipe. S'il a un doute sur son style de pilotage ou quelque chose comme ça, il m'appelle, mais je ne l'appelle jamais. Il est sur le circuit et il travaille avec son équipe. Il y a Alberto [Puig], qui a aussi beaucoup d'expérience, et Emilio [Alzamora]. Mais bien sûr, chaque jour, on s'appelle deux, parfois trois fois.

Marc Marquez, Repsol Honda

Tu as remporté six titres depuis 2013, et Honda traverse actuellement une période difficile. Beaucoup s'appuient sur cela pour juger que la moto n'est pas facile à piloter et que la stratégie n'est pas bonne. Qu'en penses-tu ?

J'ai beaucoup de temps maintenant et je lis beaucoup de choses. Mais, au final, si vous prenez les dix dernières années, Honda a eu une stratégie parfaite. Pourquoi ? Parce que c'est l'équipe qui a gagné le plus de titres, le plus de titres par équipes et le plus de titres constructeurs. Je pense que Honda a fait un excellent travail pendant toutes ces années. Il arrive à tous les constructeurs d'être en difficulté pendant une année, parfois c'est comme ça.

Nous espérons améliorer la situation pour l'année prochaine, car j'ai le sentiment de faire partie de Honda et que cela fait partie de ma responsabilité d'être là pour ramener Honda au sommet. Nous reviendrons, mais pour moi, au final, la stratégie de Honda signifie que l'on peut souffrir pendant un an, mais qu'il faut prendre en compte les dix dernières années, et sur ces dix dernières années Honda a obtenu de meilleurs résultats que les autres constructeurs.

Ces dix dernières années, Honda a eu une stratégie parfaite. Pourquoi ? Parce que c'est l'équipe qui a gagné le plus de titres.

Marc Márquez

Une MotoGP doit-elle être une moto facile comme certains le disent ?

Une MotoGP est une MotoGP. Bien sûr, chaque MotoGP a un caractère différent et les pilotes doivent s'adapter à la moto. Honda a eu cette philosophie depuis de nombreuses années en 500cc et en MotoGP. Par exemple, quand je parle avec Doohan ou Crivillé, la philosophie était la même. Honda a une bonne moto, mais il faut être à 100%, il faut beaucoup pousser la moto, mais ensuite, quand on a un bon feeling avec la moto, on peut être très rapide.

Et quand je lis "Non, mais la moto est faite uniquement pour le style de Márquez, blablabla"… Ce n'est pas le cas. Nous avons trois motos officielles en piste, l'année dernière elles étaient pour moi, Lorenzo et Crutchlow et tous les pilotes ont les mêmes commentaires. Si un pilote est plus rapide ou plus lent, c'est autre chose. Mais je suis le premier à vouloir une moto plus rapide et plus facile, ce sera plus facile pour moi aussi. Mais ce n'est pas le cas, c'est une moto de compétition. À la dernière course, par exemple, ils ont terminé P6 avec Nakagami et P7 avec un rookie, Álex. C'est donc une bonne moto, elle a du potentiel. Si on veut comprendre la moto, il faut tomber plusieurs fois, mais on peut la comprendre.

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