Opinion

L'erreur de Márquez qui a véritablement causé sa longue convalescence

Que Marc Márquez décide ou pas de subir une troisième opération pour soigner son bras droit, sa tentative de reprendre la piste à Jerez – quatre jours après la première intervention – restera l'une des pires décisions de l'histoire du MotoGP. Le pilote espagnol pourrait encore en payer les conséquences en 2021.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Le culte du secret qui entoure la condition physique de Marc Márquez est si fort qu'aucune information n'a été communiquée. Honda, son manager Emilio Alzamora, son frère Álex et les médecins en charge de soigner son humérus droit ont donné peu d'informations sur sa convalescence depuis la chute du Grand Prix d'Espagne, qui a mis fin à sa saison dès le mois de juillet. L'absence de communication laisse peu de place à l'optimisme, Márquez ayant déjà manqué toute une année de compétition, sans donner véritablement d'indices sur la date à laquelle sa condition sera suffisamment bonne pour qu'un retour soit envisageable.

Le quotidien sportif espagnol Mundo Deportivo a annoncé il y a plus d'un mois que le sextuple Champion du monde envisageait une troisième opération, son actuel programme de rééducation n'ayant pas apporté les résultats escomptés. Selon Alberto Puig, le team manager du HRC, interrogé le week-end dernier au Grand Prix du Portugal, Márquez prendra très rapidement une décision quant à cette éventuelle intervention chirurgicale.

Quel que soit son choix, cette convalescence désastreuse a permis de voir l'énorme erreur commise par Márquez à la suite de la première opération. Le retour précipité en piste au Grand Prix d'Andalousie, quatre jours seulement après la chute, lui a coûté le reste de la saison. Et ce scénario reste le plus favorable. Une nouvelle opération mettrait probablement Márquez sur la touche pour le début de la saison prochaine – en partant du principe que tout se passera bien.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Tout bien considéré, l'année sabbatique d'Andrea Dovizioso apparaît maintenant opportune, plus qu'une signature chez Yamaha ou KTM pour en devenir pilote d'essais. Dans l'état actuel des choses, la porte reste ouverte chez Honda, en attendant de savoir si le retour de Márquez devra une nouvelle fois être repoussé. Malgré le travail solide de Stefan Bradl, en progrès tout au long de la saison jusqu'à son meilleur résultat, une septième place, au Grand Prix du Portugal en conclusion de la saison, le géant japonais ne peut pas se permettre de placer tous ses espoirs en l'Allemand et en sa nouvelle recrue, Pol Espargaró, s'il souhaite reconquérir le titre.

La première opération de Márquez a eu lieu il y a cinq mois, et la seconde, destinée à réparer les dégâts causés par son retour prématuré à Jerez, il y a quatre mois et demi. L'état de son humérus droit est aujourd'hui un mystère mais le silence radio des médecins qui l'ont traité a inévitablement suscité des débats chez ceux qui n'ont pas eu accès au dossier médical du pilote. Nous savons que Márquez a changé de stratégie en faisant appel à la Clinique Mayo, basée aux États-Unis. Leur protocole consiste à offrir à l'organisme toutes les possibilités biologiques de guérison et à accélérer le processus de recalcification d'os durement touchés, en utilisant des techniques de médecine régénérative directement produites par le corps, à travers des prélèvements sur la moelle osseuse et des injections de plasma riche en plaquettes.

Si cette approche n'apporte pas les résultats attendus, une nouvelle opération deviendra nécessaire et Márquez subira une greffe osseuse, avec un prélèvement sur l'os du pelvis (une zone riche en globules rouges). Les risques sont élevés, d'abord à cause du mauvais état de l'os, mais aussi parce que le nerf radial pourrait être touché, ce qui à été évité au cours des deux premières interventions. La convalescence serait alors d'environ six mois.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

La plaque posée lors de la première opération s'est brisée en raison du retour prématuré de Márquez, auquel il a renoncé en Essais Libres 3, quand il a senti que quelque chose n'allait pas. Selon des experts qui ont analysé la radio publiée par Márquez lui-même à sa sortie de l'hôpital, la rigidité provoquée par les 12 vis dans l'os n'a pas aidé. C'est là que les propos d'Alzamora prennent une toute autre dimension : "S'il y a un problème, c'est que les choses n'ont pas été bien faites dès le début".

Les vidéos désormais célèbres de Márquez faisant des pompes alors qu'il était encore dans la chambre de sa clinique, et de sa visite médicale à Jerez le vendredi, sont la preuve d'une monumentale erreur de jugement. L'ampleur des conséquences reste à définir, mais elles sont déjà suffisamment significatives pour occuper une place à part dans les livres d'Histoire, aux côtés du titre conquis par Joan Mir, qui a profité de l'absence de son compatriote pour offrir à Suzuki un triomphe historique.

Évidemment, le responsable de cette tentative de prendre part au Grand Prix d'Andalousie est le pilote lui-même, même s'il n'a pu prendre cette décision qu'après avoir reçu l'aval des médecins. Ce choix divise même dans son entourage le plus proche. Certains, à l'image d'Alzamora, ont préconisé un repos jusqu'à ce que l'os soit recalcifié. Mais d'autres ont clairement donné de faux espoirs à Márquez en croyant à un retour immédiat à la compétition. Ces personnes n'ont pas su mesurer les risques d'un acte héroïque qui a tourné au désastre. Quoi qu'il advienne maintenant, cet épisode totalement fou devra servir de leçon pour faire évoluer les procédures encadrant les blessures des pilotes et les conséquences de possibles récidives.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

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