Le défi de Márquez : gagner sans redevenir le pilote de 2019

Marc Márquez reste déterminé à triompher mais ne cherche pas à redevenir celui qu'il était il y a trois ans, quand il dominait le MotoGP. L'Espagnol sent qu'il devra s'y prendre différemment entre un bras qui le limite encore, une catégorie en pleine mutation et une Honda ne lui donnant pas les sensations dont il a besoin.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Photo de: Dorna

Le Grand Prix du Japon a-t-il initié le retour de Marc Márquez au premier plan ? Une semaine seulement après son retour à la compétition, l'Espagnol a signé la pole et pris la quatrième place en course, égalant par la même occasion sa meilleure performance de l'année. Et si la pluie tombée samedi a aidé à réduire les contraintes sur un bras encore fragile et à le propulser à l'avant de la grille, la course a prouvé qu'il était désormais capable d'enchaîner les tours sans douleur.

Hasard du calendrier, c'est à Motegi que Márquez a réalisé ces performances, là où il avait décroché sa dernière pole et remporté son huitième titre mondial il y a trois ans. Logiquement, certains le voient déjà redevenir le Márquez de 2019, celui qui dominait le championnat de la tête et des épaules. Ce n'est pas véritablement ce que l'intéressé a en tête, les circonstances ayant depuis beaucoup évolué.

"Il y a deux choses : le niveau du bras et le niveau de la moto", a expliqué Márquez. "Évidemment, le niveau du bras s'améliore et va s'améliorer dans les prochaines courses. Quelle différence cela fera dans le pilotage ? Je ne sais pas. Est-ce que ça sera mieux ? C'est sûr parce que je gagne en muscle."

"Quant à piloter comme en 2019 : on n'est pas en 2019, on est en 2022. Les motos ont changé, il y a l'aérodynamique, les machines ont de plus en plus d'importance dans ce 'nouveau MotoGP'. En course [à Motegi], j'ai vu que c'était vraiment, vraiment difficile de doubler les pilotes parce que si on est derrière quelqu'un, on ne peut pas ralentir la moto et on a plus de wheelie, n'ayant plus l'effet de l'aérodynamique."

"Avant, c'était plus facile de rouler derrière quelqu'un [et] maintenant, sur un tour on peut le faire mais sur la distance de la course, c'est plus dur. Il y a ces deux choses, le bras et on sait que ça ira mieux avec plus de kilomètres, et la moto que l'on doit améliorer."

Une moto qui prive Márquez de sensations

Márquez doit en effet composer avec une Honda en difficulté. Constatant certaines limites l'an passé, la marque a lancé une moto radicalement différente cette saison et même si Márquez confirme qu'il était nécessaire d'adopter un nouveau concept, la version 2022 de la RC213V le prive depuis le début de la force de son pilotage : les sensations sur l'avant.

"C'est l'un des points qui me posent le plus de difficultés cette année. Il y a toujours eu des frayeurs, des blocages, et j'étais habitué à piloter la Honda comme ça. [Dans la chute de dimanche] matin, je sais que c'était le warm-up et que je ne surpilotais pas. Avant, j'aurais pu sauver [la chute] ou j'aurais eu des alertes avant le blocage."

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Márquez

"Les chutes [de Motegi] et d'Aragón étaient similaires, au même moment, sur le même angle. C'est là que je n'ai pas d'informations, que la moto devient 'lourde' et après j'essaie, mais si je surpilote un peu, je chute. [...] Je suis tombé dans un virage sur la gauche où j'avais de bonnes sensations, et quand c'est le cas on attaque plus fort. Heureusement, c'était pendant le warm-up parce que ça aurait pu arriver en course."

La faiblesse du bras limite les comparaisons

Ce manque de sensations est bel est bien lié à la moto et pas au physique de Marc Márquez. Depuis l'an passé, le #93 cherche à travailler comme si ses propres pépins de santé n'existaient pas et ce n'est que quand il sait qu'il sera trop limité qu'il prévient son équipe de son incapacité à effectuer le travail attendu de lui.

"On parle peu de mon bras, le seul avec qui j'en parle c'est Alberto [Puig] parce qu'il est celui qui a été le plus là au quotidien, avant l'opération comme après. Il est aussi très présent pour voir l'évolution et pour me garder sous contrôle [rires]. Il est très fort et je lui en suis très reconnaissant. On n’en parle pas dans le box, c'est moi qui leur dis 'ne comparez pas tel ou tel virage car je suis limité'."

"[Au Japon] par exemple, je leur ai dit de ne rien me demander entre l'entrée et la moitié de tel ou tel virage parce que j'aurais fait comme j'aurais pu. Il y a deux ou trois endroits du circuit où je suis mieux, je le leur ai dit après les EL1. Quand on planifie, je [préviens]. Par exemple je ne fais pas le warm-up en entier mais à moitié pour m'économiser un peu. Je ne commence par les week-ends avec l'idée de m'économiser, je les commence et je vois jusqu'où j'arrive."

Les limites physiques aujourd'hui intégrées dans le travail de Marc Márquez devraient peu à peu s'atténuer puisqu'avec son humérus repositionné dans le bon axe, les douleurs ont disparu et seule la masse musculaire fait encore défaut. Et s'il ne songe pas véritablement à vivre un remake de la saison 2019, où il avait empoché un nombre de points record avec 12 victoires et six autres podiums en 19 courses, Márquez affiche toujours la même détermination, un facteur qui l'a aidé à traverser les deux dernières années.

"C'est la passion qui permet de garder la motivation. Ma passion et mon ambition sont les mêmes qu'en 2013, quand je suis arrivé en MotoGP. J'ai la même passion pour la moto, la même motivation et j'ai le même objectif : me battre pour le championnat tous les ans. Certaines années on le peut, d'autres non, mais si je suis en compétition, c'est pour essayer de gagner des courses et de jouer le championnat. Actuellement, on n'y est pas prêts mais je reste motivé parce que si on veut y parvenir, il faut continuer à travailler."

Avec Charlotte Guerdoux

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