Gros changement sur la Honda, Márquez doit sacrifier sa force

Une centaine de jours après s'être blessé à l'œil, Marc Márquez a repris le guidon d'une MotoGP. Une journée intense pour le pilote Honda, parti à la faute deux fois alors qu'il a commencé à prendre ses marques sur une moto présentant un gros changement.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Honda Racing

Marc Márquez a repris la piste pour la première fois depuis sa victoire au Grand Prix d'Émilie-Romagne, le 24 octobre dernier. Un accident quelques jours plus tard, pendant un entraînement en enduro, l'a en effet mis à l'arrêt pendant de longues semaines, contraint de soigner un problème de vision double (diplopie) comme il l'avait fait en 2012.

Rassuré sur sa récupération ces dernières semaines, le pilote espagnol a repris le guidon de diverses motos pour intensifier sa préparation, mais n'avait pas encore eu l'opportunité d'enfourcher sa MotoGP. Les cinq journées d'essais officiels de pré-saison sont son unique opportunité de le faire et le programme s'annonce méticuleux dans le stand du #93.

"J'étais évidemment très heureux de revenir en piste. La journée a été trop longue, au sens où j'étais très fatigué à la fin, j'ai fait beaucoup de tours. En tout cas, je me sens bien avec la moto. Ça a été une [première] journée normale depuis un long moment. Bonne, rapide, avec des erreurs stupides… tout ! On a eu une journée qui a coché toutes les cases !" sourit-il à l'heure de dresser le bilan au micro du site officiel du MotoGP.

La priorité, ce samedi, était que Márquez reprenne ses automatismes après plus de trois mois d'arrêt. Mais il lui a également fallu se faire une idée de la nouvelle version de la Honda. "Je pense qu'elle est mieux que l'ancienne", juge-t-il, "mais c'est difficile à comprendre. C'est un gros changement. Ça fait de nombreuses années que je pilote avec une moto qui a le même caractère, et maintenant le caractère est différent alors il faut encore que je comprenne les limites. Une fois, j'ai perdu l'avant sans comprendre pourquoi."

Bien qu'il ait pu se faire une idée du changement qui l'attendait lorsqu'il a participé au premier test du prototype 2022 à Misano, en septembre, Márquez était absent des essais d'intersaison de Jerez, en novembre, lorsque les autres pilotes ont essayé une version plus avancée de la moto destinée à 2022. Il avait donc beaucoup de nouveautés à découvrir aujourd'hui, alors qu'il s'est partagé entre la moto de 2021 et la nouvelle.

Meilleur pilote Honda au classement du jour avec le huitième temps, le #93 est tombé deux fois, dont une au virage 9 sans parvenir à expliquer ce qui l'a mené au tapis. Aux prises avec une moto qui présente un changement radical par rapport à ses devancières, le champion espagnol a perçu que la vitesse pure était bien au rendez-vous, mais il lui faut encore explorer bien des domaines pour mieux cerner le potentiel de cette machine.

"J'ai immédiatement compris que la vitesse, sur un tour, est plus facile à obtenir avec la nouvelle moto. Mais cela a créé un autre problème, comme toujours, et l'une des choses que je dois apprendre et comprendre, c'est ce feeling sur l'avant, qui a beaucoup changé. Aujourd'hui, il y a eu une erreur qui était complètement la mienne, mais une autre fois je suis tombé sans comprendre pourquoi, parce que je n'ai rien fait [de spécial]. Tout cela, ajouté au fait que je suis resté longtemps sans piloter de moto de Grand Prix, a créé une situation qui fait que je ne comprends toujours pas bien comment piloter cette moto. Les chronos sont arrivés, mais je ne sais pas pourquoi."

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Márquez

Habitué à piloter sur l'avant, Marc Márquez a développé au fil des années un style qui lui est propre, à la fois spectaculaire et redoutablement en adéquation avec la RC213V. Il a toutefois vite compris aujourd'hui qu'il lui faut changer sa façon de faire et moins pousser sur l'avant. "En ce moment, avec cette nouvelle moto, je dois sacrifier un peu ce point. Aujourd'hui, quand j'ai essayé, j'ai perdu l'avant", résume-t-il.

"Sans avoir piloté de MotoGP pendant longtemps, et surtout sans avoir beaucoup roulé cet hiver − j'ai roulé ces deux dernières semaines, mais pas comme je le fais habituellement − la vitesse est là, mais le feeling pour essayer des choses, le fait de sentir la limite, de sentir les trajectoires, sont des choses que l'on perd. On ne les obtient qu'en faisant des tours. Aujourd'hui, j'ai dit à mon équipe : 'Oubliez les choses [à tester], j'ai besoin de tours'. On a terminé avec la même moto que celle qu'on avait au départ. On a testé certains trucs, mais pas grand-chose. Demain, si je me sens prêt, je dirai que je suis prêt à essayer des choses et je le ferai."

Pas de craintes d'un nouveau problème de vision

Physiquement, les 343 km affichés à son compteur du jour constituent une reprise intense pour le pilote espagnol, longtemps contraint au repos pendant l'hiver. Il sait qu'il va lui falloir changer d'approche dimanche : "Demain il sera important, peut-être pas de faire un run aussi long qu'une course mais d'enchaîner plus de tours d'affilée."

Une chose est certaine, cependant, il ne doit pas craindre les chutes pour ce nerf fragile près de son œil. "Quand j'ai parlé avec mon médecin, ça a été ma première question : si je tombe en Malaisie, quel est le risque d'engendrer à nouveau le même problème ? Et la réponse a été claire : les possibilités sont les mêmes que celles que j'aurais dans deux ans. Le nerf est là, donc que je tombe demain ou dans deux ans, si je touche ce nerf il sera [endommagé]", explique-t-il.

"J'ai des os solides, parce qu'avec toutes mes chutes je n'en ai cassé qu'un, l'humérus. Mais ce nerf en particulier, on ne sait pas pourquoi, mais c'est mon point faible", ajoute-t-il dans un sourire résigné.

Quid de son bras, qu'il soignait encore quand cette nouvelle chute est survenue ? "Je me sens mieux, mais on ne peut pas répliquer à la gym [la sollicitation] des muscles qui travaillent quand on est sur la moto. On a très bon groupe désormais [pour y travailler], et l'objectif est de maintenir le même niveau toute l'année. Le problème, c'est que quand l'inflammation se crée à l'intérieur, la douleur augmente et la force baisse, donc il faut rester régulier."

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