Pour Marini, c'est à une équipe officielle de gagner le titre

Luca Marini est un pilote ambitieux, mais sage, souvent soucieux d'aborder les grands débats du MotoGP en prenant du recul par rapport à son cas personnel. Aussi, conscient du besoin de retour sur investissement des constructeurs, il estime primordial que ce soit le pilote d'une équipe d'usine qui remporte le titre.

Luca Marini, VR46 Racing Team

Photo de: MotoGP

L'ascension des équipes satellites ces dernières années, au cœur d'un plateau MotoGP devenu ultra concurrentiel et aux écarts réduits à peau de chagrin, a ouvert la voie des possibles pour des pilotes qui, jusqu'ici, ne s'autorisaient pas vraiment à rêver de succès dans cette catégorie. C'est le cas notamment dans le groupe très fourni de Ducati : parmi les six pilotes satellites de la marque, quatre ont visité le podium l'an dernier, dont un − Enea Bastianini − qui a réussi à gagner quatre fois et à se mêler à la lutte pour le titre. Dans la lignée de ces résultats, le constructeur italien a même assuré Jorge Martín, aligné par le team Pramac, de son soutien pour la saison à venir, y compris pour tenter de remporter le titre.

Luca Marini, lui, estime pourtant qu'il doit bel et bien y avoir une hiérarchie en ce sens et que c'est aux équipes officielles de prétendre gagner le championnat. "Les équipes d'usine ont besoin de gagner. [Les constructeurs] investissent beaucoup d'argent, alors ils ont besoin de gagner des courses et des championnats", observe le pilote italien. "Si cette situation venait à changer, ce serait un gros problème pour les constructeurs, or on ne veut voir aucun d'eux quitter le MotoGP. On a déjà souffert [du départ] de Suzuki et on veut que plus de constructeurs courent à ce niveau du MotoGP, parce que notre sport est d'autant plus beau grâce à cette bagarre entre différentes motos."

Comment alors ne pas perdre espoir lorsque l'on défend les couleurs d'une équipe satellite ? Eh bien en se battant pour intégrer un jour un team d'usine et avoir ses chances à son tour. "L'objectif de tout pilote est d'intégrer une équipe d'usine et ensuite d'essayer de gagner avec cette moto. Il faut être performant dans l'équipe satellite pour atteindre cet objectif, et non pas essayer de changer le règlement pour tenter de gagner avec l'équipe satellite. C'est dommage pour les équipes satellites, je le sais, mais il faut aussi qu'on pense à l'aspect business", insiste Marini.

Luca Marini et Marco Bezzecchi auront tous les deux la GP22 cette saison

Luca Marini et Marco Bezzecchi auront tous les deux la GP22 cette saison

Le pilote italien s'accorde à dire que le spectacle offert par le MotoGP n'est que meilleur depuis que les équipes satellites se sont rapprochées des officielles de façon stable : "Je préfère ce niveau, bien entendu. Pour moi, le spectacle offert actuellement est meilleur, mais je sais que quand on est dans une position différente on veut un plus gros écart entre les équipes satellites et les équipes d'usine. Quand on y arrive, qu'on réalise son rêve de courir pour une équipe d'usine, on veut avoir ce petit avantage parce qu'on a fourni un gros effort pour y arriver, on a montré son potentiel, on a fait des sacrifices et si on a la même moto qu'un pilote d'une équipe satellite, je pense qu'on n'est pas content."

"Évidemment, ça n'est pas ce que je ressens aujourd'hui mais le championnat doit être gagné par une équipe d'usine et ça doit être comme ça pour l'avenir parce qu'on a besoin que les constructeurs se battent plus pour les victoires. On ne veut pas que d'autres motos quittent ce paddock."

Moins de pression avec une moto plus ancienne

Maintenant qu'il a rejoint le groupe de pilotes Ducati qui ne disposent pas de la moto de l'année en cours, Luca Marini admet que recevoir la GP22 dès sa sortie des ateliers, l'année dernière, a été pour lui une source de pression. Alors qu'il ne disputait que sa deuxième saison dans la catégorie reine et que son équipe y prenait tout juste ses marques, il s'était retrouvé confronté à une machine demandant encore un gros travail de mise au point.

"Être sur une moto officielle, c'est un petit peu délicat. Je me souviens que l'année dernière, le premier test à Sepang avait été, non pas un désastre, mais en tout cas très dur. Et pas uniquement pour moi, mais pour le team, les mécaniciens, parce qu'il y avait beaucoup de nouvelles pièces et qu'ils avaient dû beaucoup travailler pour simplement faire prendre la piste à la moto. Toutes les pièces n'étaient pas forcément prêtes, il fallait les affiner et travailler sur des détails, juste pour monter la moto. Pour une équipe qui n'a pas tellement d'expérience sur la Ducati, ça n'est pas facile. Je pense que pour Pramac et l'équipe officielle Ducati, c'est plus facile parce qu'ils font ce travail chaque année, et je pense qu'ils ont fait la différence dans la première partie de la saison en particulier."

Cette saison, seule l'équipe d'usine et le team Pramac disposeront de la GP23, les quatre autres pilotes du giron Ducati évoluant sur la GP22. Malgré une déception initiale compréhensible lorsqu'il a appris qu'il conserverait la même moto que l'année dernière, Luca Marini a vite su apprécier les essais hivernaux, "très détendus pour tout le monde" dans le stand VR46. "J'ai vu que les personnes qui travaillaient sur la moto se sentaient mieux, et ça a aussi contribué à aider mon travail parce que la moto était chaque fois prête, à 100%. Je n'ai pas perdu de temps à cause d'erreurs potentielles des mécaniciens, dues à leur manque d'expérience, ou des choses comme ça. Pour moi, c'est donc beaucoup plus facile."

"Mais je sais que ce sera un peu moins bien pour le reste de la saison, parce que je pense qu'on n'aura aucune mise à jour", souligne Marini, ajoutant toutefois avec malice : "Si j'arrive à être rapide et à me battre pour la victoire, alors je m'attends à ce que Gigi [Dall'Igna] me soutienne avec quelque chose de nouveau, comme ils l'ont fait avec Bastianini l'année dernière."

En conservant la GP22 cette saison, Luca Marini sera mis sur un pied d'égalité avec son coéquipier Marco Bezzecchi, qui, lui, est promu à une spécification plus récente que celle qu'il avait l'an dernier. Pas de jalousie pour le #10 : avoir deux motos identiques dans le stand sera surtout plus facile pour comparer les données recueillies et donc, espère-t-il, progresser. Car s'il concède volontiers que le titre doit revenir au pilote d'une équipe officielle, la victoire en course fait bel et bien partie des ambitions de l'Italien cette saison.

"Au moins, quand on regarde les données, c'est plus facile parce que quand on a deux motos exactement pareilles, les choses se voient plus précisément. Quand elles ont différents moteurs, qu'on ne sait pas très bien ce que l'un ou l'autre a, les lignes sont peut-être les mêmes mais à l'intérieur il y a énormément de choses différentes. […] Donc il est plus facile de faire des comparaisons quand les deux packages sont parfaitement identiques. L'année dernière, je ne regardais pas Bezz mais ceux qui avaient la même moto [que moi]."

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