Analyse
MotoGP GP d'Autriche

Márquez aurait-il pu gagner en Autriche sans son mauvais départ ?

Le départ manqué de Marc Márquez au Grand Prix d'Autriche a gâché ce qui semblait être une chance de se battre pour la victoire au Red Bull Ring. Un événement malheureux pour le pilote Gresini, au vu de son rythme impressionnant lors du reste de la course. Mais aurait-il pu inquiéter le vainqueur, Francesco Bagnaia, sans ce mauvais envol ?

Marc Marquez, Gresini Racing Team

Powered by Liqui Moly

Top 10s powered by Liqui Moly

Les fans de MotoGP ont encore à l'esprit la victoire surprise de Brad Binder sur sa KTM au Red Bull Ring en 2021. Il n'est pas fréquent de voir un pilote en pneus slicks remporter une course flag-to-flag sous une pluie battante.

L'édition 2019 du Grand Prix d'Autriche a également marqué les esprits grâce à un duel musclé entre Marc Márquez et l'ancien pilote Ducati, Andrea Dovizioso. Une lutte qui s'est terminée dans le dernier virage du dernier tour lorsque l'Italien s'est lancé à l'intérieur, arrachant la victoire sous le nez de l'Espagnol.

Quand on sait que le circuit de Spielberg a offert ces deux courses emblématiques il y a quelques années, il est triste de voir que les deux dernières éditions du Grand Prix d'Autriche ont été plutôt ternes, notamment en raison d'un manque de combat pour les premières places.

Lire aussi :

Ce n'est pas que ces courses aient été complètement privées de dépassements, comme en ont témoigné les nombreuses batailles qui se sont déroulées en milieu et en fin de peloton. Mais comme en 2023, lorsque Francesco Bagnaia s'est envolé après avoir pris l'avantage sur Binder au départ, la lutte pour la victoire dimanche dernier s'est terminée dès le troisième tour. Parti deuxième, derrière Jorge Martín, Bagnaia s'est emparé de la tête au freinage du premier virage et n'a plus jamais été inquiété pendant le reste de la course.

Pour sa défense, Martin est resté dans les échappements du pilote officiel Ducati pendant les 14 premières boucles. Mais, passé la mi-course, le pilote Pramac a décroché, victime d'une forte dégradation de son pneu avant. Les 3,2 secondes d'avance de Bagnaia ont finalement rendu cette course plutôt décevante, compte tenu du spectacle que nous avait déjà offert ce circuit auparavant.

L'une des raisons qui a fait retomber l'enthousiasme dès le début de course est le départ désastreux de Marc Márquez, qualifié troisième, à cause d'un problème de variateur de hauteur. Il s'est ensuite accroché avec la GP24 de Franco Morbidelli dans le virage 1, ce qui l'a fait dégringoler en 13e position.

Malgré tout, Márquez s'est bien rattrapé en effectuant une très belle remontée parsemée de beaux dépassements, seul véritable divertissement dans cette course somme toute plutôt calme, pour finalement s'emparer de la quatrième place. Mais, avec un tel rythme, l'Espagnol aurait-il pu inquiéter Bagnaia s'il avait pris un meilleur départ ?

Márquez prend l'avantage sur Brad Binder pendant sa remontée.

Márquez prend l'avantage sur Brad Binder pendant sa remontée.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Un examen plus approfondi des données apporte quelques réponses à cette question :

Tour Márquez Bagnaia
1 1'36"702 1'33"390
2 1'30"585 1'29"989
3 1'30"107 1'29"900
4 1'30"278 1'29"712
5 1'29"937 1'29"781
6 1'30"458 1'29"836
7 1'29"926 1'29"663
8 1'30"515 1'29"519
9 1'30"889 1'29"883
10 1'30"786 1'29"882
11 1'30"375 1'29"959
12 1'30"265 1'29"647
13 1'30"749 1'29"886
14 1'30"922 1'29"856
15 1'30"844 1'30"270
16 1'30"888 1'29"954
17 1'30"799 1'30"170
18 1'30"545 1'30"336
19 1'30"688 1'30"496
20 1'30"492 1'30"614
21 1'30"412 1'30"481
22 1'30"452 1'30"639
23 1'30"758 1'31"081
24 1'30"901 1'31"073
25 1'30"856 1'31"173
26 1'31"238 1'30"982
27 1'31"567 1'31"132
28 1'32"075 1'31"869

On voit ainsi que pendant la majeure partie de la course, Márquez a pu tourner entre 1'30 et 1'29, même dans le trafic. Après son mauvais départ, il ne lui a fallu que quatre tours pour revenir dans le top 10 depuis sa 13e place. L'Espagnol s'est montré plus rapide que Bagnaia du 20e au 25e tour, une fois sorti de l'air sale avec une piste dégagée, mais à ce moment-là le leader n'avait plus grand intérêt à attaquer.

Marc Márquez

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Márquez a continué à se frayer un chemin à travers le peloton, atteignant la sixième place lors de la 10e boucle. La Ducati de Marco Bezzecchi a été son plus gros obstacle puisqu'il ne l'a dépassée qu'au bout de sept tours. Toutefois, une fois débarrassé de l'Italien, il ne lui a pas fallu longtemps pour s'emparer de la quatrième place de Brad Binder.

C'est ici qu'il a commencé à montrer sa vraie vitesse, ayant réussi à suffisamment préserver ses pneus lors de sa remontée. Pilote le plus rapide à ce moment-là avec trois dixièmes d'avance sur Bagnaia, il a réussi à réduire l'écart avec le troisième, Enea Bastianini, de 8,7 à seulement 6 secondes.

Je n'oserai pas dire si j'aurais pu être [dans le rythme de] Bagnaia et Martin. En fin de course, j'étais plus rapide, oui, mais au début, j'étais plus lent.

Marc Márquez

En fin de course, Márquez a rapidement compris qu'il était trop tard pour tenter de rattraper Bastianini et a choisi de relâcher en bouclant le dernier tour en 1'32"075, presque deux secondes plus lent que lors de la 21e boucle où il était le plus rapide.

Cependant, la réponse à notre question est plutôt évidente : Márquez était clairement capable de jouer un podium s'il avait pris un meilleur départ. Bien qu'il se soit calmé sur la fin, l'écart entre le pilote Gresini et Bagnaia est resté stable du 18e au 28e tour. Pendant cette période, il a gagné une seconde et demie sur Martín et deux secondes sur Bastianini.

Néanmoins, compte tenu de l'avantage de Bagnaia, il est peu probable que Márquez ait été en mesure de remporter la victoire. Mais la troisième place était bel et bien à portée de main et il aurait peut-être même pu inquiéter le pilote Pramac pour la deuxième place.

Une bataille entre les deux Espagnols, en particulier après la baisse de régime de Martín, aurait sans doute pimenté cette course peu animée. Le rival principal de Bagnaia au championnat pilotes n'aurait pas cédé facilement sa place à son compatriote, conscient qu'une troisième place l'aurait encore un peu plus éloigné du leader du classement.

Finalement, la lutte pour la deuxième place n'a pas eu lieu, ce qui a conduit à une fin de course à l'image du reste du Grand Prix : plutôt ennuyeuse.

"Je n'ose pas dire si j'aurais pu être [dans le rythme de] Bagnaia et Martín", a déclaré Marquez. "À la fin de la course, j'étais plus rapide, oui, mais au début, j'étais plus lent. Peut-être qu'ils ont utilisé plus de pneus au début qu'à la fin. J'aurais pu monter sur le podium, mais cela n'a pas été possible."

Après avoir perdu la tête au profit de Bagnaia, Martin a mené une course solitaire.

Après avoir perdu la tête au profit de Bagnaia, Martin a mené une course solitaire.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Mais le départ manqué de Márquez n'a pas été la seule raison pour laquelle le GP d'Autriche n'a pas répondu aux attentes. Un certain nombre d'autres facteurs ont également joué un rôle. Tout d'abord, il est de plus en plus difficile pour les pilotes de MotoGP de se suivre en piste, conséquence directe de l'utilisation croissante de l'aérodynamique et des aides électroniques dans la discipline.

Ensuite, il y a la question de la domination de Ducati. La marque de Borgo Panigale dispose d'une plus grande connaissance et d'une meilleure compréhension du nouveau pneu arrière de Michelin, en raison de son avantage numérique en piste, ce qui permet aux GP24 de Ducati de dominer leurs rivales.

Ajouté au fait que le tracé du Red Bull Ring joue sur les forces de la Desmosedici, il n'est pas surprenant que sept des 10 premières positions aient été occupées par des pilotes Ducati à Spielberg.

Lire aussi :

Mais Ducati domine le MotoGP depuis un certain temps maintenant et cela ne nous a pas empêché d'assister à des courses très intéressantes et spectaculaires en 2024. Qu'y avait-il donc de différent en Autriche ?

Il s'avère que la gestion de la pression des pneus s'est révélée plus préoccupante que sur les autres circuits. Suivre un pilote de trop près pendant un certain nombre de tours signifiait que la pression montait en flèche, ce qui affectait négativement les performances de la moto.

Il n'est donc pas surprenant que Bagnaia et Martín aient voulu à tout prix prendre la tête dès le début dans les deux manches du week-end. Les premiers dépassements de Bagnaia dans le sprint et dans la course principale se sont finalement révélés décisifs pour sa double victoire. Martin a expliqué que "90% de la victoire" était "acquise" si vous preniez la tête de la course après les trois ou quatre premiers tours.

Bastianini a lui aussi été inhabituellement lent dans les derniers tours. Connu pour sa vitesse en fin de course, l'Italien est passé de la septième à la troisième place dès le départ, ce qui a sûrement dû inquiéter Martin et Bagnaia. Mais le vainqueur du Grand Prix de Grande-Bretagne n'a jamais été en mesure de réellement menacer les deux leaders, se laissant continuellement distancer pendant les 28 boucles.

Les trois premiers du GP d'Autriche Francesco Bagnaia, Jorge Martín et Enea Bastianini.

Les trois premiers du GP d'Autriche Francesco Bagnaia, Jorge Martín et Enea Bastianini.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Le fait que les courses des autres catégories n'aient pas manqué d'action à Spielberg, montre bien qu'il s'agit davantage d'un problème spécifique au MotoGP plus que d'un problème lié au circuit lui-même. En Moto3, David Munoz a terminé avec 0"005 d'avance sur Daniel Holgado pour s'emparer de la deuxième place, tandis que la troisième place en Moto2 s'est également jouée dans le dernier tour.

Les performances pures et l'aérodynamisme nous permettent d'aller plus vite, d'atteindre des vitesses plus élevées. Mais il faut aussi freiner davantage, et les freins ont leurs limites.

Miguel Oliveira

S'il est dans l'intérêt des équipes de MotoGP de travailler ensemble et d'améliorer la qualité des courses, elles sont toutes ici pour être les meilleures. Les records de tour ayant été battus sur presque tous les circuits du calendrier cette année, il est plutôt évident de comprendre où se trouve l'objectif de la discipline actuellement.

Interrogé sur le manque de spectacle à Spielberg, Miguel Oliveira a répondu : "C'est parce que nous ne recherchons que la performance pure. Avec l'aérodynamique, la performance pure nous permet d'aller plus vite, d'atteindre des vitesses plus élevées. Mais il faut aussi freiner davantage, et les freins ont leurs limites. Il faut donc tenir compte des freins, de la température et de la pression des pneus avant."

"Nous avons un composé plus dur que nous ne pouvons pas utiliser parce qu'il nous fait chuter, il est trop dur sur les bords [et] nous n'avons pas assez d'adhérence. Alors nous courons avec le pneu plus tendre, qui est normalement le composé dur normal pour la plupart des circuits, [et] qui est trop tendre. Mais c'est le meilleur compromis."

"Enfin, il est plus difficile de dépasser. Ce n'est vraiment pas comme il y a cinq ou six ans avec les anciennes MotoGP."

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Le calvaire de Mir en Autriche : "Je ne vois rien de positif"
Article suivant Acosta : "L'une des courses les plus dures de ma vie"

Meilleurs commentaires

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Édition

France France