Les changements derrière le retour en force de Maverick Viñales

Sa victoire autoritaire lors de la manche d'ouverture du championnat intervient alors que Maverick Viñales vit une période de changement personnel et professionnel. Est-ce le tremplin vers une lutte pour le titre plus concrète qu'elle ne l'a été par le passé ?

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Sous les lumières du circuit de Losail, le week-end dernier au Qatar, différents facteurs ont émergé, permettant à Maverick Viñales de se montrer redoutablement efficace et d'aller chercher une première victoire incontestable.

Ces deux dernières années, la détermination de l'Espagnol, avec laquelle il avait remporté sa première course avec Suzuki en 2016 avant des débuts explosifs avec Yamaha en 2017, avait commencé à quelque peu s'effriter, laissant place au doute. Avec le remplacement de Valentino Rossi par Fabio Quartararo au sein de l'équipe officielle Yamaha, beaucoup considéraient cette saison 2021 comme étant cruciale pour Viñales, devant s'assurer de ne pas tomber dans l'ombre d'un pilote qui a réussi à remporter trois courses l'année dernière.

Mais, durant ce premier Grand Prix de la saison, on a pu le voir régler ses problèmes les uns après les autres, surfant sur les difficultés avec sérénité et confiance. Il a su évaluer cette course mieux que quiconque et a déroulé une stratégie parfaite avant de passer en tête à huit tours de l'arrivée et de disparaître dans la nuit de Doha, véritable force dominante de cette première manche. N'allez pas croire que cette neuvième victoire dans sa carrière en MotoGP a été facile, toutefois le pilote espagnol affiche cette année une concentration toute nouvelle, en piste comme en dehors, qui lui a permis de faire face aux écueils qui se sont présentés durant le week-end.

Le premier d'entre eux aurait aisément pu le déstabiliser par le passé, et même perturber n'importe quel pilote. Son chef mécanicien, Esteban Garcia, n'a en effet pu rejoindre le circuit que samedi, maintenu précédemment à l'isolement après un test de détection du COVID-19 dont le résultat demandait à être clarifié. Malgré l'importance qu'a pu acquérir le technicien espagnol à ses côtés, Viñales a simplement fait le dos rond, attendant son retour sans paniquer.

Solide en essais libres, il s'est placé en première ligne de la grille lors des qualifications. Cela faisait des semaines que Quartararo et lui évoquaient cette stratégie, mentionnant le besoin de prendre un départ parfait comme leur seule chance de battre les Ducati sur cette piste. "Si on est coincé, surtout au départ, ce sera très dur de remonter", prévenait l'Espagnol vendredi.

Aussi performant son départ ait-il été − son meilleur, d'après lui − sa Yamaha n'a toutefois pas été en mesure de contenir les fusées de Borgo Panigale, qui ont été quatre à boucler le premier tour devant lui, de même que son nouveau coéquipier, parti un cran plus haut. Viñales est cependant resté imperturbable et il s'est alors concentré sur la deuxième phase de son plan, consistant à trouver la bonne formule pour dépasser cinq pilotes tout en gérant parfaitement ses pneus afin d'avoir suffisamment de gomme pour tenir tête à Johann Zarco dans les derniers tours. Quartararo, qui a lui souffert de l'usure de son pneu arrière, s'est incliné : "Il était tout simplement à un autre niveau."

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

L'Espagnol a réalisé un travail impeccable. Durant le premier tiers de la course, il s'est accroché au groupe de tête, sans trop forcer ni chercher à se lancer dans des bagarres inutiles. Du huitième au 12e tour, il est passé à l'attaque, éliminant quatre des cinq pilotes qui le devançaient. Le cinquième, Pecco Bagnaia, s'est rendu au 16e tour, après quoi Viñales a élevé son rythme de quatre dixièmes entre les 17e et 19e tours, laissant ses poursuivants dans l'incapacité de répliquer.

"Si vous regardez attentivement, il les a tous dépassés dans le virage 10", souligne un membre de l'équipe officielle Yamaha auprès de Motorsport.com. "Pendant les essais libres, il a étudié les endroits où il pourrait dépasser et il a décidé qu'il y avait deux bons endroits pour lui : les virages 6 et 10. Au final, il a fait la majeure partie de son travail dans le virage 10, en profitant au maximum de sa vitesse élevée à la sortie du virage 9."

Viñales a abordé ce point après la course, décrivant une nouvelle approche. "J'ai changé un peu de mentalité. Il faut que je sois plus fort dans les dépassements. C'est quelque chose qui me manquait l'année dernière, parce que je sentais que j'avais un bon potentiel, un très bon rythme, mais je me faisais bloquer en course, de nombreuses façons. Je n'arrivais pas à dépasser. Mais je dois dire qu'ici, au Qatar, il y a de nombreux endroits où l'on peut dépasser et où l'on est très rapides", a-t-il expliqué. "On a bien travaillé cet hiver, on a préparé la moto pour être plus rapides dans les changements de direction et mieux faire pénétrer la moto dans les virages. […] Mais, globalement, il est clair que j'ai été beaucoup plus agressif que lors des courses précédentes, et il faut qu'on continue comme ça. On n'a rien à perdre, il faut qu'on pousse encore et encore, c'est la seule façon de faire."

Le potentiel que Yamaha avait avant est de retour, et c'est très important.

Maverick Viñales

Si le développement des motos pour cette saison est très limité, quelques évolutions ont malgré tout été possibles. Parmi elles, le nouveau châssis conçu par Yamaha, plus léger que celui qui a posé tant de problèmes à l'Espagnol la saison dernière, notamment lorsqu'il essayait de doubler, semble lui apporter un vrai soulagement. "Quand je pilote la moto, je sens que la Yamaha est de retour. Le potentiel que Yamaha avait avant est de retour, et c'est très important", a-t-il déclaré à l'arrivée auprès du site officiel du MotoGP.

Les changements techniques trouvent également écho dans un facteur humain qui n'est pas pour rien dans la détermination requinquée du pilote. Car Maverick Viñales semble transformé, bien plus heureux depuis quelques mois, après avoir appris qu'il allait bientôt accueillir son premier enfant. À 26 ans, cela fait déjà plusieurs années qu'il a pour ambition de fonder une famille et sa joie à l'annonce de la grossesse de sa femme, Raquel, qu'il a épousée cet hiver, a été évidente ces dernières semaines, que ce soit dans les tendres messages qu'il a postés sur ses réseaux sociaux ou les longues réponses qu'il a pu donner en interview.

Race winner Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

"On tend à penser que, quand les pilotes deviennent père, leurs performances baissent et qu'ils perdent plusieurs dixièmes au tour. Je suis sûr que, dans le cas de Maverick, ce sera le contraire. Peut-être que devenir père est ce dont il a besoin pour complètement laisser dans le passé certaines des mauvaises choses qui lui sont arrivées", explique l'un des proches collaborateurs du pilote. "Je suis fou, je ne crois pas que je vais couper les gaz !" sourit quant à lui Maverick Viñales. "C'est l'année où je suis le plus rapide en motocross et quand je roule avec la R1, l'année où je sens que j'ai le plus de potentiel. Ce que ça m'apporte, c'est qu'un de mes rêves va se réaliser. J'ai une femme parfaite, je vais avoir un bébé parfait, et je ne pourrais rien demander de plus."

En dehors de l'importance que représente la naissance d'un enfant dans la vie, le pilote originaire de Gérone a également procédé à toute une série d'autres changements personnels, qui lui ont transmis un véritable sentiment de contrôle qu'il a ensuite exprimé sur la moto au Qatar. Pendant l'hiver, il est retourné dans sa ville natale au nord de la Catalogne, changeant au passage d'agence de management. Il y profite pleinement des nombreuses pistes de motocross disponibles dans la région. En Andorre, dont il est résident et où il a passé une grande partie de son temps ces dernières années, sa routine était beaucoup plus limitée, à la fois par la météo mais aussi par les installations. "On a roulé plus que jamais", explique son père, Ángel, une autre pièce essentielle du puzzle qui s'est mis en place pour permettre ce grand retour de "Mack".

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