La météo qui vient jouer les trouble-fêtes, loin d'être une première
Le MotoGP a senti plusieurs fois le souffle du boulet, mais il n'a cette fois-ci pas pu l'éviter dimanche à Silverstone. Un fait rare dans la discipline, et dont il n'existe que peu de précédents.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
La saison 2018 de MotoGP ne sera finalement pas la première à voir 19 courses se dérouler lors d’un même exercice. Les conditions météo et le ciel anglais en auront en effet décidé autrement, après que des trombes d’eau, puis des problèmes d’évacuation, ont rendu impraticable la piste de Silverstone.
Exit donc le Grand Prix de Grande-Bretagne 2018, première manche à être annulée depuis près de sept ans et le funeste Grand Prix de Malaisie, interrompu suite à l’accident mortel de Marco Simoncelli.
Un Grand Prix annulé pour cause... de chutes de neige !
Rares sont d’ailleurs les épreuves du championnat du monde de vitesse moto à avoir été annulées, d’autant plus pour raisons climatiques. Dans la catégorie reine, il n’existe d’ailleurs qu’un seul précédent au sens strict : le Grand Prix d’Autriche 1980.
Oubliez le Red Bull Ring, l’épreuve se tenait à l’époque sur le Salzburging, un circuit lui aussi situé en altitude, à la frontière austro-allemande et proche des Alpes bavaroises. L’événement fut à l’époque organisé au mois d’avril, et avait même hérité de l’insigne honneur d’ouvrir le championnat, après l’annulation quelques semaines plus tôt de la manche vénézuélienne pour cause de problèmes financiers.
Mal en a pris aux instances dirigeantes, qui ont eu la mauvaise surprise de constater que, même au printemps, la neige pouvait tout à fait s’inviter dans les hauts-reliefs autrichiens ! Un drap blanc d’une épaisseur d’environ un mètre vingt avait alors recouvert le tracé salzbourgeois, empêchant bien sûr toute compétition.
Il fallut donc attendre encore un peu pour que la saison inaugurale de la décennie 1980, qui allait voir Kenny Roberts signer son troisième et dernier titre consécutif, et ouvrir la voie à d’autres grands noms de la discipline tels que Freddie Spencer ou bien encore Eddie Lawson, ne débute réellement, à l’occasion du Grand Prix des Nations organisé à Misano.
Indianapolis 2008 : et l'ouragan Ike joua les trouble-fêtes
Le championnat du monde de vitesse moto ne fut plus perturbé ensuite pendant près de trois décennies, jusqu’à ce que les intempéries, de la pluie cette fois, ne viennent compromettre la bonne tenue de la course 250cc lors du Grand Prix d’Indianapolis 2008.
Nous étions alors au mois de septembre, et il s’agissait de la première édition d’un Grand Prix moto sur le célèbre ovale américain, et la seconde fois de l'année que le championnat prenait place aux États-Unis, après la manche à Laguna Seca.
Un an après le dernier Grand Prix de F1 disputé dans l'Indiana, les organisateurs avaient décidé de mettre les bouchées doubles pour l'événement. Mais tous leurs efforts furent douchés par le passage de l'ouragan Ike, qui sévissait alors sur l'Amérique du Nord lors de la première quinzaine du mois de septembre 2008.
Un facteur qui n’allait pas être sans répercussion sur le déroulé du week-end, l’Indianapolis Motor Speedway (dont le MotoGP n’utilisa aucun de ses virages relevés) étant battu par tous les vents et la cible d’importantes précipitations.
Des fans bravant les éléments
Photo de: Gold and Goose / LAT Images
Le Brickyard
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La voie des stands inondée
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Hiroshi Aoyama
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Tentative de séchage de la piste
Photo de: Gold and Goose / LAT Images
Durant tout le week-end, la pluie s'invita par intermittence sur le circuit, perturbant plusieurs séances, à l'image des qualifications de la catégorie 250cc, dont la Q1 se déroula dans des conditions pluvieuses avant de laisser place au soleil pour une pole position de Marco Simoncelli.
Mais ce n'était qu'un avant-goût de ce que la météo allait réserver le lendemain aux concurrents des différentes catégories. En effet, si le départ de la course 125cc fut donné sur piste sèche, cette dernière allait finalement être avortée par l'arrivée de la pluie à six tours du but. Plus de trois quarts de la distance ayant alors été couverts, l'intégralité des points furent attribués et c'est Nicolás Terol qui s'imposa, pour ce qui constitua le premier de ses 16 succès en Grand Prix.
Plus tard en ce dimanche de septembre, la course MotoGP fut elle aussi écourtée après 21 tours bouclés sur 28, et c'est Valentino Rossi qui s'imposa, devant le regretté Nicky Hayden et Jorge Lorenzo. De justesse, tous les points furent également attribués dans la catégorie reine.
Mais tel ne fut pas le cas en revanche en 250cc, seule catégorie qui ne passa pas entre les gouttes et fut réellement impactée par les éléments. Ces derniers se déchaînèrent en effet peu avant le départ, forçant les spectateurs à déserter les gradins, même les plus téméraires.
Les officiels prirent donc la décision d’annuler la course, dont devait partir en pole position Marco Simoncelli. "Nous avons décidé d'annuler une partie de la course MotoGP et la course 250cc pour des raisons de sécurité, car la plupart des grillages se sont envolés", déclara à l'époque Franco Uncini au site officiel du MotoGP. "C'était très venteux, et il continuait de pleuvoir, donc nous avons décidé de stopper, et c'était la bonne décision."
Qatar 2009 : la course décalée de 24 heures
Après la neige en Autriche en 1980, le vent et la pluie aux États-Unis en 2008, c'est cette fois-ci la visibilité qui fut mise en cause dans l'Émirat du Moyen-Orient. En effet, la manche qatarie détenant la particularité d'être la seule à se dérouler de nuit, c'est la réflexion de la lumière des multiples projecteurs bardant les bords de piste qui posa problème.
Au-delà du manque d'adhérence certain découlant d'un tarmac qui n'a pas été, et on le comprend, spécifiquement étudié pour drainer et évacuer l'eau, le fait de voir des pilotes éblouis en pleine course fut une perspective trop risquée pour la direction de course, qui décida de reporter au lendemain l'épreuve.
Comme d'habitude, la catégorie 125cc essuya les plâtres et le départ fut donné à l'heure prévue. Mais dès le troisième tour, la direction de course fut contrainte de brandir le drapeau rouge après l'apparition de fortes précipitations. Andrea Iannone fut donc déclaré vainqueur, devant Julián Simón. L'Espagnol fut chanceux d'être classé, après avoir perdu le contrôle de sa machine après être parti en aquaplaning juste après que la manche a été interrompue.
Devant les conditions climatiques dantesques et inhabituelles dans cette partie du globe, des inspections de piste eurent lieu avant de donner le feu vert pour la course suivante, celle de la catégorie 250cc. Le départ de cette dernière fut donc donné avec 40 minutes de retard, et déboucha 13 tours plus tard (après que la course fut là encore stoppée) sur la victoire d'Héctor Barberá, devant un duo de Français composé de Jules Cluzel et Mike di Meglio.
La pluie continua ensuite de jouer au chat et à la souris, s'estompant avant l'entrée en scène du MotoGP, dont le départ fut maintenu à l'heure prévue. Un bref répit cependant, alors qu'une nouvelle cataracte allait s'abattre sur Losail dans le tour de formation, et contraindre les organisateurs à reporter la course... au lendemain, le lundi, avec un créneau horaire avancé de deux heures ! Celle-ci fut fut finalement remportée par Casey Stoner sur Ducati, devant les deux pilotes Yamaha, Valentino Rossi et Jorge Lorenzo.
Casey Stoner, Ducati Marlboro Team et Nicky Hayden, Ducati Marlboro Team
Photo de: Ducati Corse
Une tempête fait rage sur le Losail International Circuit
Photo de: Yamaha Motor Racing
Jorge Lorenzo, Fiat Yamaha Team, regarde la pluie
Photo de: Yamaha Motor Racing
Les membres de l'équipe Rizla Suzuki s'attardent sur la tempête qui tombe sur le Losail International Circuit
Photo de: Crescent Suzuki
Une tempête fait rage sur le Losail International Circuit
Photo de: Yamaha Motor Racing
Une annulation évitée de peu l'an dernier
Pareille mésaventure faillit d'ailleurs se reproduire pas plus tard que l'an dernier, sur le même tracé que Losail. D'ailleurs, les qualifications furent bel et bien annulées, et la hiérarchie de la grille fut déterminée par le classement des temps combinés. Le départ de la course occasionna aussi une bonne frayeur aux différents acteurs de la discipline.
Une première mise en grille, suivie de l'évacuation de celle-ci, puis une seconde procédure de départ avec une extinction des feux retardée de plusieurs dizaines de minutes finirent de jouer avec les nerfs des pilotes et des équipes.
Finalement, l'envol eut bien lieu, et l'ensemble de la grille s'ébroua sans difficulté, laissant la voie libre à un Johann Zarco qui, pour sa première course en MotoGP, prit la tête pour mener une épreuve dont la distance fut réduite de 22 à 20 tours.
Passé près du désastre l'an dernier à Losail, le MotoGP n'y a donc pas échappé hier à Silverstone. Si les prévisions météo avaient fait état d'ondées au cours du week-end anglais, après un été caniculaire sur l'ensemble de l'Europe qui n'aura pas épargné les îles britanniques, peu avaient anticipé des précipitations d'une telle ampleur.
Reste à savoir à présent si les instances dirigeantes sauront tirer les enseignements de cette annulation, et prendre les mesures qui s'imposent pour éviter que de tels événements se renouvellent à l'avenir.
Le Qatar 2017, une course qui avait déjà frisé l'annulation
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