Michelin : Les courses lentes ? "Une stratégie des pilotes"

Pour Piero Taramasso, certains pilotes imposent volontairement un rythme lent aux courses sans que l'usure des pneus soit en cause.

Andrea Dovizioso, Ducati Team mène

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Le premier Grand Prix de la saison a vu nombre de pilotes discourir sur les performances de leurs pneus et leur degré d'usure. Dans les conditions très spécifiques de cette épreuve, où il faut composer avec du sable en piste et des températures en chute avant les séances les plus importantes, il paraît décidément bien complexe de contenter l'ensemble du plateau.

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En point d'orgue du week-end, le rythme de la course s'est révélé relativement lent. Les 22 tours ont été bouclés en 42 minutes et 36 secondes par le vainqueur, soit une durée comparable à celle de l'an dernier ou de l'édition 2015, et même identique à ce qu'elle avait été en 2008, où le départ avait été donné trois heures plus tard. Depuis le basculement de cette épreuve à un horaire nocturne, on a connu des courses qataries assez nettement plus lentes que celle-ci de façon systématique entre 2009 et 2014, pourtant le potentiel affiché en essais laisse penser qu'il aurait été possible d'aller plus vite et la résistance des pneus a été pointée du doigt pour expliquer que les performances aient été contenues.

Pour Piero Taramasso, c'est un faux procès qui est fait à Michelin, car il serait selon lui possible d'attaquer plus que n'en décident parfois les leaders. "Pour moi, lors de toutes les courses il est possible d'attaquer dès le début. Ce n'est pas une question de pneus, parce que si quelqu'un voulait se placer en tête et tenter d'attaquer, il pourrait utiliser les mélanges medium ou hard et le faire. Il est logique, par contre, que s'ils font tous des choix agressifs comme les soft ou extra-soft que nous avions au Qatar, ils sont obligés de gérer le pneu", explique le responsable deux roues de Michelin Motorsport à Motorsport.com. "Les pilotes doivent aussi contrôler la consommation de carburant et le comportement de la moto, qui change beaucoup selon que le réservoir est plein ou vide, et ce sans oublier l'aspect physique. Ils doivent donc gérer un peu tout."

Outre le choix de la gomme et les autres paramètres techniques, Taramasso estime que la volonté du pilote de tête a elle aussi son importance sur la tournure que prend la course. "Je suis certain que si, en Argentine, Viñales ou Lorenzo se retrouvaient tout de suite devant, ils ne géreraient pas trop : s'ils partent devant, ils attaquent dès le début. Et je crois que cela aurait été la même chose au Qatar. Il y a par contre d'autres pilotes qui appliquent des stratégies différentes."

"Ce n'est pas une question liée aux pneus, parce qu'à Losail l'usure n'était pas tellement importante à la fin de la course. S'ils étaient arrivés avec des pneus finis, j'aurais pu dire qu'ils les avaient gérés, mais ça ne m'a pas semblé être le cas. Rins avait essayé de pousser quand il était devant, mais quand Dovizioso et Márquez l'ont compris ils se sont mis devant et l'ont ralenti. C'est pour cela que je dis que c'est une stratégie des pilotes, mais qui n'est pas liée à la dégradation des pneus."

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Le responsable du programme MotoGP pour le manufacturier clermontois assume toutefois que la qualité des pneus peut être centrale dans d'autres cas. "Par exemple, l'année dernière, en Thaïlande, ils ont presque tous couru avec le dur, mais quand ils sont arrivés il manquait pas mal de gomme sur la bande de roulement, ils avaient donc dû gérer. C'était notre premier Grand Prix sur cette piste, nous avons admis le problème et dit que cette année nous apporterions des solutions différentes", reconnaît-il. "Par contre, ça me gêne quand on nous pointe du doigt, mais qu'il n'y a pas de correspondance d'un point de vue technique. D'autant qu'au final les pneus sont faits pour travailler et s'user."

Beaucoup de pilotes en lice

Andrea Dovizioso, Ducati Team,  Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Ce que retient Piero Taramasso des performances de ce premier Grand Prix, c'est avant tout les écarts très faibles qui ont séparés les différentes machines. Outre le fait qu'un record absolu a été établi avec un top 15 contenu en 15"093, on a aussi connu le top 10 (en 9"636), le podium (en 0"320) et la victoire (signée pour 0"023) les plus serrés du GP du Qatar, confirmant le resserrement que l'on avait déjà pu apercevoir pendant les essais hivernaux.

"J'ai vu tout le monde très proche lors des deux tests [du début d'année], puis lors de la première course. Cela signifie que les motos ont progressé par rapport à l'année dernière, mais aussi que leur niveau s'est un peu équilibré", estime Taramasso. "Je vois Yamaha, Suzuki, Honda et Ducati très proches en termes de performances. Si quelqu'un parvient à travailler plus vite, en interprétant mieux la piste, les conditions et les pneus, alors peut-être pourra-t-il faire la différence, mais je pense quand même qu'ils seront proches. Cette année au championnat, nous verrons beaucoup de pilotes en lice pour le titre."

Propos recueillis par Matteo Nugnes

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