Michelin défend sa réactivité et sa transparence face aux difficultés

À la tête du programme deux-roues de Michelin Motorsport, Piero Taramasso a accordé un entretien exclusif à Motorsport.com afin de tirer le bilan de la saison qui a marqué le retour du manufacturier en MotoGP, une saison dont plus des deux tiers ont désormais été disputés.

"L'ensemble est positif", a-t-il tenu à faire savoir. Et pourtant, ce championnat a connu bien des remous, avec en particulier un problème de pneu arrière ayant chamboulé le Grand Prix d'Argentine, deuxième manche de cette campagne, lorsque Scott Redding s'est fait une grosse frayeur en essais. Piero Taramasso souligne toutefois que Michelin a assumé ce problème et se félicite, surtout, que le manufacturier ait promptement réagi.

"En Argentine, nous avons reconnu qu'il y avait eu un problème de notre côté : la structure du pneu n'était pas assez résistante pour la nouvelle électronique et pour la puissance des motos que nous ne connaissions pas suffisamment, étant donné que cela faisait sept ans que nous ne travaillions pas en MotoGP. Entre-temps, le style de pilotage a lui aussi beaucoup changé", explique-t-il.

Dans une telle situation d'urgence, la réaction a alors été double : imposer le pneu de substitution pour la course, avec passage obligatoire par les stands afin de couvrir toute la distance sans risque, puis mener une course contre la montre dans les ateliers de Clermont-Ferrand pour proposer un changement dès la troisième manche, pourtant organisée le week-end suivant et toujours sur le continent américain.

"Nous pensions nous aussi que nous n'y arriverions pas", reconnaît l'Italien. "En trois jours, les pneus ont été à nouveau conçus, fabriqués et expédiés à Austin depuis la France, avec plusieurs envois par avion : les premiers le jeudi, puis encore le vendredi et le samedi. Nous avons peu dormi ces jours-là, mais nous avons réussi à relever un défi. Je pense que les entreprises qui sont capables de réagir aussi rapidement à un problème ne sont pas nombreuses..."

Les difficultés ne se sont pourtant pas arrêtées là. "En Argentine, il y avait eu un problème à l'arrière et à Austin, une semaine plus tard, nous avons apporté une nouvelle carcasse ; celle-ci n'a cependant pas plu aux pilotes, qui l'ont jugée trop dure, si bien que nous nous sommes présentés à Jerez avec une version plus tendre. En Espagne, selon certains, le pneu patinait beaucoup", relate Piero Taramasso.

"Pour Le Mans, il y avait déjà une évolution, laquelle est allée vers un choix dicté par le bon sens", poursuit-il. "Ensuite, nous avons proposé deux autres étapes d'évolution qui ont représenté une amélioration, par conséquent nous n'avons pas eu de réactions négatives de la part des teams car nous avons fait preuve d'une grande réactivité."

La sécurité passe avant tout

Si les pilotes ne manquent pas, en effet, de régulièrement saluer la réactivité de Michelin et les efforts incessants fournis pour améliorer les pneus qui sont mis à leur disposition, les discussions du paddock reviennent néanmoins régulièrement vers les problèmes rencontrés, au point d'en occulter des performances élevées et des chronos très compétitifs.

À Brno, par exemple, les images des morceaux de gomme se détachant de la bande de roulement de certains pneus avant, pendant une course disputée sur piste mouillée, ont alimenté bien des discussions. Piero Taramasso tient cependant à rappeler quelles sont les limites de la responsabilité de Michelin : "À Brno, c'était une toute autre histoire parce que certaines équipes ont utilisé les pneus pluie extra-soft dans des conditions pour lesquelles ils n'avaient pas été pensés. Nous avions la bonne proposition, qui était le pneu dur : nous l'avions conseillé à tout le monde mais seuls Crutchlow et Baz l'ont choisi. Nous avons payé un mauvais choix fait par d'autres."

Le rôle de Michelin auprès des équipes tient-il donc essentiellement à des suggestions ? "Non, il y a des règles : les teams doivent respecter les pressions de gonflage que nous donnons et les températures maximales des couvertures chauffantes. En plus de cela, nous avons demandé à la Dorna et à l'IRTA d'introduire des capteurs de pression afin de contrôler la pression de gonflage", rappelle Piero Taramasso.

"C'est notre méthode de travail. Nous nous limitons à donner des conseils tant qu'aucun problème de sécurité ne se manifeste. Ce n'était pas le cas à Brno : nous étions certains que la carcasse n'aurait pas eu de problème, aussi avons-nous seulement déconseillé l'utilisation du pneu pluie extra-soft. Rien à voir donc avec l'Argentine, où nous sommes intervenus immédiatement. La sécurité des pilotes est la priorité numéro un."

Analyses en cours après Misano

Plus récemment, durant le Grand Prix de Saint-Marin, plusieurs pilotes ont indiqué avoir eu à faire à des pneus n'offrant pas le même niveau de performance, et ce alors qu'ils appartenaient à la même gamme. Piero Taramasso a indiqué que le manufacturier accordait toute son attention à ces remarques et que des analyses étaient en cours.

"Cela n'est pas arrivé souvent. Ce qu'a dit Valentino [Rossi], c'est la deuxième fois que nous l'entendons sur tout le championnat", précise-t-il avant tout, avant de préciser : "Nous menons des analyses approfondies et nous essayons de comprendre ce qui peut s'être passé : nous voulons découvrir s'il y a eu quelque chose d'anormal ; nous allons vérifier comment le pneu a été construit et comment il a été transporté."

Les pilotes obtiendront-ils des réponses rapidement ? "Le plus rapidement possible", assure Taramasso, "après avoir mené toutes les analyses chimiques. D'ici trois semaines, nous ferons un retour à Valentino. Nous aussi, nous voulons comprendre s'il y a quelque chose qui n'a pas fonctionné dans notre système. Si tel est le cas, nous le signalerons tout de suite", indique l'ingénieur.

Plus de stabilité en 2017

Ces nombreuses évolutions introduites par Michelin tout au long de la saison ont placé la question pneumatique au cœur du travail abattu pendant les week-ends de course par les équipes. "Certains se sont plaints, mais d'autres sont plus contents", souligne Piero Taramasso, rappelant comme dernier exemple en date le record de la pole position établie par Jorge Lorenzo à Misano, où deux nouveaux pneus avant étaient proposés.

"L'année prochaine, il y aura beaucoup plus de stabilité dans les produits", promet le responsable du programme. "Durant les tests de l'année dernière, par exemple, nous ne pouvions pas compter sur les pilotes officiels, qui étaient engagés dans le championnat avec un autre fournisseur. Aujourd'hui, par contre, tous collaborent de manière positive pour donner des indications."

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