Le défi logistique de Michelin : 1400 pneus bichonnés comme des enfants

Ils sont 22 pilotes à disputer l'intégralité de la saison MotoGP, auxquels s'ajoutent quelques heureux bénéficiaires de wild-cards de loin en loin. Pour eux, Michelin dépêche 1400 pneus sur chaque Grand Prix, et ceux-ci ne sont certainement pas moins bien traités que leurs bénéficiaires !

L'équipe technique Michelin

Photo de: Michelin Sport

Pour Michelin, manufacturier unique du MotoGP, chaque Grand Prix est un défi technique, mais aussi logistique à part entière. Afin de fournir 11 équipes et 22 pilotes, la marque française dépêche sur les pistes un total de 1400 pneus à chaque épreuve, comprenant les 22 slicks et 13 pneus pluie fournis à chaque concurrent ainsi que les gommes de secours.

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D'où viennent les pneus ?

Tous les pneus qui équipent les MotoGP viennent de Clermont-Ferrand, base immuable de Michelin. Spécifiques pour la catégorie d'élite des Grands Prix moto, ils y sont développés et fabriqués. L'allocation est fixée après le premier test de l'intersaison pour toute la saison, et transmise à l'IRTA qui en informe ensuite les équipes.

Comment sont-ils transportés ?

Les équipes Michelin apportent aux pneus le soin qu'elles auraient pour des personnes fragiles, en s'efforçant de rendre leur transport aussi doux que possible. Pour les Grands Prix européens, le transport se fait par camion, où les pneus sont rangés de telle sorte qu'ils ne subissent aucun appui potentiellement dommageable, et le tout avec une température ambiante n'altérant pas leurs qualités.

"En Europe, nous les transportons avec des camions, dans lesquels nous avons l'air conditionné, si bien que les pneus sont toujours à une température constante de 20°C. Dans les camions, ils sont positionnés sur des sortes de hamacs, car si nous les mettions sur des barres en fer, ils pourraient s'abîmer", explique Piero Taramasso auprès de Motorsport.com. "Nous traitons les pneus comme des personnes, comme s'il s'agissait d'enfants", résume-t-il. "Les Français nous disent souvent : 'Vous les bichonnez, les pneus !' Ce mot-là rend bien le soin que nous y apportons."

Les pneus Michelin sur leur

Les pneus Michelin sur leur "hamac", dans un camion de stockage

Ces conditions réunies, le trajet par camion est la partie la plus aisée du transport des pneus Michelin. Mais pour les courses au Qatar, en Amérique ou en Asie-Océanie, la donne change... "Quand les courses sont extra-européennes, alors là cela devient encore plus compliqué, car les pneus doivent être expédiés en partie par bateau, en partie en avion", poursuit le responsable deux roues chez Michelin Motorsport. Et dans ces cas-là, bien qu'ils n'aient pas de "hamac", les pneus restent bel et bien à leur température de prédilection. "Nous utilisons des containers aériens spéciaux, avec l'air conditionné, afin de rafraîchir ou de réchauffer l’air, car les pneus n'aiment pas lorsqu'il fait froid. Si la température passe sous les 10°C, ils peuvent s'abîmer, aussi nous prenons des containers climatisés."

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Le défi logistique se complexifie encore d'un cran à l'automne. "Lorsque nous avons les trois courses consécutives, au Japon, en Australie et en Malaisie, alors nous avons vraiment une organisation optimisée. Il faut avoir deux jeux différents de matériel, car il n'y a pas suffisamment de temps pour transférer le matériel de l'une à l'autre des épreuves, et pour les pneus non plus ça n'est pas facile, tout devient beaucoup plus compliqué. Je me fie à notre département logistique, où travaillent plusieurs personnes pour que nous soyons certains d'avoir les pneus sur tous les circuits, car nous ne sommes jamais à l'abri d'un incident. Dernièrement, les pneus qui devaient aller au Texas devaient pour moitié être expédiés par bateau, cependant la mer étant agitée, le bateau ne s'est pas arrêté au port pour déposer les pneus, il a continué sa route et s'est rendu au port suivant. Nous avons donc été contraints d'aller chercher les pneus au port de Rotterdam pour les faire revenir en France et les réexpédier par avion. Il y a toujours des imprévus, alors il faut toujours avoir un plan B, ou C, voire D."

Combien de personnes travaillent pour Michelin sur les GP ?

Le contingent Michelin sur un Grand Prix MotoGP, ce sont 25 personnes et un total de sept camions. Cinq sont dédiés au transport des pneus, l'un au matériel et le dernier est l'hospitality Michelin, comprenant les bureaux et un restaurant. Parmi les 25 personnes systématiquement présentes sur les courses, outre le responsable du programme et l'attaché de presse, on compte notamment 11 personnes chargées de transporter, équilibrer et monter les pneus, et les sept techniciens répartis parmi les différentes équipes. "Chaque technicien est attribué à une marque et il connaît des informations confidentielles, donc les équipes ne veulent pas en changer", nous précise Piero Taramasso. C'est ainsi que chacun s'occupe de une à deux équipes ; Ducati étant le seul constructeur à équiper trois teams, un technicien est rattaché à l'équipe factory et à Pramac et un autre à Avintia.

Les troupes Michelin comptent également des personnes en charge du développement des pneus, ainsi qu'un expert chimique, qui réalise les mélanges de gomme. "Ils sont au stand, ils regardent l'aspect des pneus, s'ils s'usent ou non, et s'il y a le moindre problème ils sont là et nous pouvons analyser tout de suite le pneu et voir s'il s'agit d'un problème de pneu ou bien d'un problème lié à la moto, au style du pilote ou au circuit."

L'équipe technique Michelin

Quand les pneus arrivent-ils sur le circuit ?

Le paddock d'un Grand Prix se constitue en début de semaine, si bien que le mardi précédant une course, les camions Michelin sont en place. Les pneus commenceront ensuite à être montés et préparés pour chaque équipe à partir du jeudi.

Outre les six camions dédiés aux pneus et au matériel sur chaque course, d'autres se trouvent à Clermont-Ferrand, prêts à prendre le relais en cas de trajet trop long entre un Grand Prix et l'autre. "Parfois, les camions se croisent, mais la plupart du temps ils ont le temps de rentrer, de décharger les pneus et de charger les nouveaux", souligne Piero Taramasso. Et c'est d'ailleurs bien le cas pour Le Mans : les camions ont eu le temps de décharger les pneus de Jerez et de charger ceux du GP de France à Clermont-Ferrand, avant de reprendre la route en direction de la Sarthe.

Une fois sur place, les pneus sont attentivement surveillés, gardés "bien au chaud" (à 20°C, donc) avant de venir équiper les MotoGP et d'aller, eux aussi, chasser les chronos...

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