Michelin - Les pilotes distribuent les bons et les mauvais points

Les essais de cette semaine signaient l'entrée en vigueur de la fourniture de pneus désormais confiée à Michelin. Deux journées marquées par plus de vingt chutes, qui ont mis en lumière la nécessité d'adaptation des pilotes et des motos.

Andrea Iannone, Ducati Team

Photo de: Ducati Corse

Dani Pedrosa, Repsol Honda Team
Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing
Andrea Iannone, Ducati Team
Marc Marquez, Repsol Honda Team
Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing
Andrea Iannone, Ducati Team
Loris Baz, Avintia Racing
Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing
Andrea Dovizioso, Ducati Team
Andrea Dovizioso, Ducati Team

"Sur les deux premiers tours, on prend la piste de façon encore un peu indécise," explique Andrea Iannone. "D'instinct on pilote comme si on avait encore les anciens pneus. Mais là on ne peut pas piloter comme avant, il faut s'adapter aux Michelin. Ça finira par devenir instinctif."

Parmi les plus à l'aise avec ces nouveaux pneus, le pilote Ducati raconte : "Je sais que j'ai adapté mon style de pilotage. Je pilote différemment d'avant. Avec ces pneus, il y a des choses qu'on ne peut pas faire, surtout au freinage, mais il y a aussi d'autres choses qu'il ne serait pas possible de faire avec Bridgestone, par exemple en passage de courbe."

Beaucoup de grip à l'arrière

Les grands noms du MotoGP s'accordent à dire que le pneu arrière développé par la marque clermontoise leur apporte d'excellentes sensations. "Bridgestone avait un pneu avant exceptionnel, tandis que chez Michelin c'est le pneu arrière qui l'est," résume Marc Márquez.

"Il y a beaucoup de grip à l'arrière et c'est bien d'avoir de l'adhérence dès le milieu du virage," se félicite Andrea Dovizioso. "Avec Bridgestone, la chose la plus difficile c'était justement de tourner, parce qu'on n'avait jamais trop de grip à l'arrière."

Caractéristique soulignée entre autres par les pilotes Yamaha, ce surplus d'adhérence à l'arrière semble avoir d'emblée facilité la vie des pilotes qui bénéficiaient déjà l'an dernier de gommes arrières plus tendres - les Open, Ducati, Suzuki ou Aprilia.

"Je suis content du comportement du pneu arrière," commente notamment Maverick Viñales. "Il me permet de piloter de la façon dont je préfère. Avec les Bridgestone, j'avais des problèmes de grip arrière, tandis qu'avec les Michelin la situation parait vraiment meilleure. On a du grip et je peux aborder les virages comme j'aime."

"Je pense que les pilotes qui utilisaient des pneus plus tendres cette saison ont un léger avantage pour le moment," juge Pol Espargaró, sociétaire du team Tech3, "car ils sont habitués à bénéficier d'un plus haut niveau de grip à l'arrière comparé à nous, et c'est clairement une caractéristique des Michelin."

Un pneu avant imprévisible

Plus d'adhérence à l'arrière, mais aussi un pneu avant plus compliqué à sentir, et c'est là le véritable problème pointé du doigt par nombre de pilotes.

"Le pneu avant est très différent et il a besoin d'un style de pilotage différent, mais il faut surtout faire attention parce qu'il ne pardonne aucune erreur," prévient Valentino Rossi qui, contrairement aux essais de développement mené durant la saison, a ici réussi à éviter la chute.

Le problème c'est que le pneu avant ne donne pas de signaux d'alerte : tout semble aller bien et soudain tu le perds.

Marc Márquez

"J'ai l'impression que les Michelin changent de comportement d'un tracé à l'autre," s'interroge Márquez. "En Aragón, on a surtout eu des problèmes avec l'arrière, qui s'était détruit au bout d'une dizaine de tours. Ici, au contraire, c'est l'avant qui est difficile à comprendre et il y a d'ailleurs eu beaucoup de chutes, y compris pour moi. Le problème c'est qu'il ne donne pas de signaux d'alerte : tout semble aller bien et soudain tu le perds."

Ces glissades ne sont pas toutes arrivées dans les mêmes circonstances. "Certaines chutes sont survenues avec les gaz fermés. Ceci dit, quand on commence à accélérer et que l'on est encore sur l'angle, l'arrière offre beaucoup de grip mais l'avant n'arrive pas à le supporter comme il le faudrait," explique Jorge Lorenzo, ajoutant : "J'ai eu l'impression que le centre du pneu arrière offrait beaucoup de grip au freinage, mais quand on commence à s'incliner en étant encore sur les freins, alors l'avant génère plus d'instabilité et on ne peut pas trop pousser sur les freins."

"Je suis tombé durant ces deux jours," rappelle Viñales, "et il nous faut comprendre ce qui provoque cette soudaine perte de grip du pneu avant. Notre sentiment, c'est que les spécificités du pneu Michelin nous poussent à mettre plus de poids sur l'avant, ce qui peut venir de mon style de pilotage, mais aussi de la géométrie et des réglages."

Modifier le pilotage et les réglages

Sur ce constat, il va désormais falloir profiter au maximum des essais d'intersaison pour que les pilotes, mais aussi les motos s'adaptent à cette nouvelle donne - à laquelle il faut ajouter une nouvelle centrale électronique elle aussi critiquée.

"Soyons clairs, ce n'est pas que les pneus Michelin ne sont pas bons, mais ils sont complètement différents de ceux que l'on a utilisés jusqu'à aujourd'hui. On doit s'habituer, aussi bien nous, les pilotes, que - je l'espère - la moto," annonce Dovizioso. "Je pense qu'il reste beaucoup de marge de travail, du moins je l'espère, parce qu'on ne peut pas envisager d'aller courir avec la moto de cette année. Il va falloir apporter d'importantes modifications pour faire correctement fonctionner les pneus."

Ce travail a déjà commencé à porter ses fruits durant la seconde journée de cette séance. Aleix Espargaró, par exemple, a abordé les choses différemment après trois chutes : "Mon team a décidé de fortement modifier la moto pour voir comment elle réagirait. Le nouvel équilibre m'a donné de meilleures sensations. J'ai pu tirer profit du fort grip arrière, mais aussi mieux exploiter l'avant ce qui était le point faible [mardi]."

J'espère que les courses deviendront plus amusantes et plus old style.

Valentino Rossi

De même pour Rossi, qui a gagné neuf dixièmes d'une journée à l'autre et qui, grâce au travail abattu, a eu le sentiment de terminer avec de meilleures sensations dans le pneu avant : "A mon sens, on doit continuer à travailler, parce qu'on parait plus en difficulté avec le pneu Michelin, en particulier en entrée de virage et dans la répartition des masses. Bien entendu, il s'agit simplement de la première étape, il faut juste qu'on engrange les kilomètres."

S'il est en tout cas un pilote qui part en vacances la tête remplie de sensations positives, c'est Andrea Iannone. Déjà rare défenseur de l'ECU unique, il semble aussi avoir rapidement trouvé un bon feeling avec les pneus : "C'est devenu un peu plus amusant, parce qu'il faut être plus attentif, au moins tant qu'on ne commence pas à bien connaître les pneus. On a encore Bridgestone dans le sang, on doit donc faire attention. Mais je prends du plaisir!"

Voilà qui redonne du baume au cœur de Valentino Rossi : "C'était clairement l'objectif de la réduction de l'électronique. Les pneus aussi sont plus à mesure d'homme, au sens où ce sont des pneus plus normaux. J'espère, comme l'a dit Andrea, que les courses deviendront plus amusantes et plus "old style", qu'on se battra plus."

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