Interview

Michelin - Oui au manufacturier unique s'il n'exclut pas le développement

Seconde partie de notre interview de Piero Taramasso, cette fois pour évoquer le développement incessant réalisé sur les pneus MotoGP.

Un mécanicien Ducati Team au travail

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Un ingénieur Michelin
Piero Taramasso, Directeur de la branche deux-roues de Michelin Motorsport
Alvaro Bautista, Aprilia Gresini Racing Team
Des pneus Michelin
Michelin technician at work
Un pneu Michelin
Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing
Des pneus Michelin
Des mécaniciens travaillent sur la moto de Jack Miller, Estrella Galicia 0,0 Marc VDS
Le pneu arrière Michelin du vainqueur Andrea Iannone, Ducati Team
Un technicien Michelin au travail
Motorhome Michelin
Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing
Un pneu Michelin
Piero Taramasso, Manager du programme deux roues de Michelin Motorsport
Un pneu Michelin
Un technicien Michelin au travail
Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing
Jack Miller, Marc VDS Racing Honda
Des pneus Michelin
Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing
Le pneu de Andrea Iannone, Ducati Team, après la course
Aleix Espargaro, Team Suzuki Ecstar MotoGP
Dani Pedrosa, Repsol Honda Team

Si Michelin a accepté d'assumer le rôle de manufacturier unique du MotoGP, c'était à condition de pouvoir développer ses pneus. Plus qu'une opération marketing destinée à faire connaître les qualités de la marque et à lier son image à celle du championnat moto le plus évolué qui soit, il y a derrière le retour du manufacturier clermontois une véritable finalité technique, défendue bec et ongles par ses responsables.

En tant que manager deux-roues chez Michelin Motorsport, Piero Taramasso est à la tête d'une équipe de 25 personnes qui, chaque week-end de course, gèrent en moyenne 1'400 pneus. L'Italien a accordé un long entretien à Motorsport.com afin de faire le point sur cette saison qui a marqué le retour du Bibendum en Grands Prix après sept ans d'absence. Un championnat qui avance au gré d'évolutions très régulières, alors que Michelin tente de régler les premiers problèmes qui se sont présentés, tout en posant les bases de ce que seront les gommes de l'avenir.

Qui sont les trois pilotes qui fournissent le plus d'indications pour le développement ?
"Ils sont tous bons, mais ont peut aisément citer Valentino [Rossi] et Márquez, qui donnent toujours des indications très pertinentes et précises. J'ajouterais Álvaro Bautista, qui décrit très finement les sensations. Voilà les trois noms, mais cela n'est pas un secret. Leurs indications sont toujours confirmées par les données."

Que demandent les pilotes ?
"Les innovations, ce sont nous qui les proposons parce que nous ne recevons pas de demandes spécifiques d'un pilote ou d'un constructeur afin de pousser le développement dans une direction. C'est nous qui analysons les données extraites des courses et qui identifions les zones dans lesquelles nous devons travailler."

Quelle orientation prenez-vous ?
"Le pneu arrière est déjà arrivé à un bon niveau : il faut encore en extraire 10%, nous en sommes donc au stade où nous affinons. En revanche, à l'avant, nous voulons développer des concepts et des idées. Nous avons déjà essayé de nouveaux profils lors des tests du lundi à Brno. Il s'agira des profils des pneus 2017. Nous les reverrons à Valence, lors des essais qui feront suite à la dernière course du championnat et ils deviendront la base des pneus de l'année prochaine."

Le pneu 2017 visera-t-il la performance ou la fiabilité ?
"C'est un profil qui augmente la zone de contact lorsque la moto est sur l'angle maximum. Cela sert à donner plus de feeling au pilote. La performance n'est pas l'objectif numéro un."

Mais il y aura des étapes d'évolution ?
"Bien entendu, nous continuerons à travailler sur les gommes, afin d'avoir plus de grip et une plus grande constance dans le rendement, mais nous ne toucherons ni aux carcasses ni aux profils."

Les pneus ont désormais un code barre afin d'être identifiés. Y aura-t-il également une puce en 2017 ?
"Oui, nous y travaillons afin d'introduire une puce dans le pneu de l'année prochaine : de cette façon, il sera possible d'indiquer en temps réel au public la gomme avec laquelle le pilote est en piste. Nous en discutons avec la Dorna et nous serons opératifs l'an prochain."

Vous avez par ailleurs voulu être innovants en passant de pneus de 16,5 à 17 pouces...
"Nous nous attendions à plus de difficultés que celles que nous avons connues. En réalité, des problèmes sont nés avec l'introduction de la centrale [électronique] unique, au sens où toutes les équipes n'ont pas su exploiter au mieux le nouveau software et n'ont pas réussi à perfectionner leurs programmes de gestion ; nous avons donc eu plus de patinage et une augmentation des températures qui nous ont pénalisés. Et malgré ces difficultés qui ont pénalisé les performances sur un tour, nous avons réussi à signer des temps très compétitifs."

Avez-vous changé le design à l'avant pour permettre aux pilotes de conserver le style auquel ils étaient habitués, étant donné que les pilotes de pointe semblaient peu en confiance sur les premières courses ?
"Nous avons fait un effort pour aller vers les pilotes et leur faire retrouver le feeling qu'ils recherchaient."

Quelle direction prend le développement ?
"Les nouveautés, nous les faisons tester à tout le monde et nous faisons une moyenne sur la base des données que nous lisons. C'est à nous de produire un pneu qui convienne aussi bien à Pedrosa qu'à Petrucci (l'un fait 51 kg, l'autre 77, ndlr). Le choix n'est pas facile, parce que le comportement des motos est lui aussi très différent. C'est la raison pour laquelle nous proposons deux ou trois choix différents à l'avant et à l'arrière."

La Suzuki semble avoir évolué en parallèle du développement des pneus Michelin...
"Il y a des équipes qui interprètent mieux nos pneus et des pilotes qui s'adaptent mieux à nos produits."

Par le passé, les choix étaient quasi obligatoires et beaucoup nous remercient d'avoir permis des stratégies de course différentes.

Piero Taramasso

Afin d'offrir plus de spectacle, sera-t-il nécessaire d'élargir encore le choix de pneus à l'avenir ?
"Il y a désormais plus de spectacle. Par le passé, les choix étaient quasi obligatoires et beaucoup nous remercient d'avoir permis des stratégies de course différentes : certains attaquent au début et ensuite défendent, d'autres font le contraire. Il est déjà difficile de proposer deux choix, je ne crois pas que ce soit mieux d'aller au-delà."

Combien de temps faudra-t-il avant de voir sur les motos de route les retombées de la technologie de course ?
"Je crois qu'il faudra une période de deux à trois ans, si nous parlons d'une gomme, tandis que l'on peut arriver à quatre ans pour une évolution de carcasse ou de matériel."

L'an dernier, vous étiez impliqués en CIV : les pneus utilisés dans le Championnat d'Italie ont-ils été utiles pour développer ceux du MotoGP ?
"Cela a été une expérience très utile. Disons que la base de départ a été les pneus que nous avions utilisés en MotoGP en 2008, ensuite nous avons introduit les nouveautés techniques que nous avions dans le Championnat d'Italie Superbike. Il s'agit de courses sprints de 15 tours, nous nous sommes donc aussi inspirés de l'Endurance afin de chercher à obtenir la constance des produits étant donné qu'un Grand Prix se dispute en moyenne sur la distance de 28 à 30 tours. Nous avons réuni toutes ces expériences pour commencer."

Vous aviez pourtant dit que vous n'auriez pas couru dans les championnats à manufacturier unique ?
"Toutes les disciplines de pointe ont un manufacturier unique et nous avons dû nous adapter. Nous avons cependant demandé de pouvoir mener un développement. C'est la raison pour laquelle nous avons dû passer aux pneus de 17 pouces, qui sont les plus proches du produit de série. Le transfert de technologie du MotoGP vers la route devient plus rapide et je dois dire que la Dorna a soutenu notre requête. Nous avions également répondu à l'appel d'offres de la Formule 1 en proposant de passer aux jantes de 18 pouces. Les teams ont préféré rester sur les 13 pouces. La philosophie du manufacturier unique, nous l'acceptons s'il nous est permis de mener sur les produits un développement qui nous apporte certains retours."

Quelles sont les retombées de l'expérience MotoGP ?
"Il est encore tôt pour le dire, même si la visibilité du MotoGP est énorme, en particulier sur les marchés émergents."

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