Michelin : de l'usure au Qatar, mais pas de perte de performance

Le responsable MotoGP de Michelin met la victoire de Maverick Viñales, mais aussi les performances de Johann Zarco, Pecco Bagnaia et Joan Mir, sur le compte d'une bonne gestion de leurs pneus sur une piste pourtant rude en termes d'usure.

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Michelin a dressé un bilan positif du premier Grand Prix de la saison, une épreuve qatarie pourtant éprouvante pour les pneus. Les conditions y sont pour beaucoup, le circuit de Losail étant tracé en plein désert et souvent balayé par des vents porteurs de grains de sable qui tendent à rendre le bitume abrasif, mais sa configuration même pose des défis au manufacturier. La ligne droite d'un kilomètre en est indéniablement un, mais certains virages également, et notamment toute la dernière partie de la piste avec les deux gauches 10-11 et le triple droit 12-13-14.

"Pour les pneus, Losail est vraiment un des circuits les plus difficiles. Si on y ajoute le vent et le sable que nous avions dimanche, il devient vraiment difficile de faire des prévisions. Mais au final, cela s'est bien passé, car les dix premiers pilotes ont passé la ligne d'arrivée en neuf secondes. Et parmi eux se trouvaient des Yamaha, Ducati, Suzuki, Aprilia et Honda, dont cinq constructeurs. C'est un signe que les pneus s'adaptent à toutes les motos", retient Piero Taramasso, responsable deux roues de Michelin Motorsport, pour Motorsport.com Italie.

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Tous les records de vitesse ont été battus pendant le week-end, à la fois le record absolu du tour le plus rapide, celui du meilleur temps en course ou encore la vitesse de pointe. Le temps total de la course a quant à lui été de 42'28"663 pour le vainqueur (le record est de 42'28"452), avec un top 10 étalé en seulement 9"288 et un top 15 qui se situe au quatrième rang de l'Histoire (16"422). "Les temps des quatre premiers ont été bons : la durée de la course a été à peine deux dixièmes au-dessus du record de 2016. Je pense qu'il pourra être battu à la deuxième course", estime même Piero Taramasso.

À l'issue de cette épreuve, et avant un deuxième Grand Prix sur place cette semaine, le responsable italien se montre admiratif de la performance réalisée par les premiers pilotes classés, et notamment Maverick Viñales, qui s'est montré particulièrement brillant pour solliciter ses pneus. "Il a un style de pilotage très doux, il respecte beaucoup le pneu comme le pneu arrière, non seulement dans les mouvements mais aussi à l'accélération et au freinage. J'aurais tendance à dire qu'il prend les virages 'au pinceau'. J'ai été étonné de voir que, sous le podium, il a enlevé la couverture de son pneu et l'a longuement regardé. Je suis allé lui demander pourquoi il avait fait cela et il m'a dit qu'il n'avait senti aucune baisse de performance, que le pneu avait eu un bon rendement jusqu'au dernier tour, et qu'il voulait donc voir dans quel état était le pneu. C'était un pneu usé, mais la performance était restée bonne."

"Si l'on regarde les temps, Maverick a fait le meilleur temps en 1'54"6 et au 19e des 22 tours il était encore capable de tourner en 1'55"3. Zarco aussi a eu un delta de seulement une seconde, ce qui n'est pas beaucoup sur une piste aussi longue que celle de Losail. Bagnaia et Mir ont eux aussi eu moins d'une seconde de baisse, ce qui veut dire qu'ils ont bien géré leurs pneus", juge Piero Taramasso.

Usure et dégradation sont deux choses différentes

Pour le responsable du manufacturier, la bonne gestion des pneus pour cette course aux conditions complexe passait à la fois par les réglages et le pilotage. Or, si plusieurs pilotes se sont plaint de leurs gommes à l'arrivée, il y a selon lui une distinction fondamentale à faire entre usure et dégradation.

"Je pense que ceux qui ont réussi à percer sur la distance sont ceux qui avaient de bons réglages en termes de suspensions, mais surtout au niveau électronique afin d'éviter le patinage dû au sable", explique-t-il. "Le seul petit problème qu'il y a eu, c'est qu'il y a eu beaucoup d'usure. Nous l'appelons usure volumétrique, parce que beaucoup de gomme a été perdue. Malgré cela, la performance ne s'est pas tellement dégradée : en analysant les temps des meilleurs, il y a une différence de sept ou huit dixièmes entre leur meilleur temps et les chronos qu'ils ont faits à la fin, et c'est très bon."

"Il est vrai que les conditions étaient différentes des jours précédents, parce que ce fort vent avait abaissé la température et apporté beaucoup de sable en piste. Et, inévitablement, cela vous fait user un peu plus le pneu parce qu'il tend à glisser plus et donc à avoir des pics de température. Cela peut avoir une influence, mais je crois qu'avec de bons réglages électroniques et une bonne gestion de l'accélération, comme l'ont fait les quatre premiers, cela peut se compenser. Mais ce n'est pas facile, parce qu'en MotoGP on est toujours à la limite à tous les niveaux."

Pierro Taramasso retient que cette usure n'a pas eu d'effet sur les performances au vu des chronos réalisés. "Il est important d'expliquer que l'usure et la dégradation sont deux choses différentes", souligne-t-il. "Il est vrai que le pneu s'use, mais dans le même temps on gagne en poids parce que le carburant se réduit lui aussi, l'un et l'autre ont donc tendance à se compenser et on parvient plus ou moins à faire les mêmes temps. L'usure n'équivaut pas automatiquement à une baisse de performance du pneu. Ceux qui ont eu des problèmes de ce point de vue-là auront encore [ce deuxième] week-end pour y travailler."

"Et, éventuellement, il y a toujours l'option de choisir des pneus plus résistants, parce qu'il ne faut pas oublier que dimanche tout le monde a couru avec le soft à l'arrière, qui était sans aucun doute le pneu qui avait le plus de potentiel. Mais il y a aussi un medium et un hard, qui peuvent bien fonctionner", précise Piero Taramasso. Et il estime que, si les températures sont plus élevées dimanche qu'elles ne l'étaient le week-end dernier, le pneu dur à l'arrière pourrait effectivement être une option pour la course, un pneu qu'il juge très stable, constant, résistant à l'usure et montant en température sans difficulté.

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