Quand Morbidelli et Márquez s'adonnent au jeu du chat et de la souris
Franco Morbidelli s'est agacé que Marc Márquez reste dans sa roue en Q1 au GP de Malaisie, et a refusé de l'emmener une seconde fois. Les tactiques des deux hommes se sont finalement retournées contre eux puisqu'ils n'ont pas pu accéder à la Q2.
Marc Márquez a une nouvelle fois agacé un pilote en prenant sa roue en Q1 à Sepang, Franco Morbidelli cette fois, et la situation a finalement piégé les deux hommes. Après avoir emmené Márquez lors de son premier tour rapide, Morbidelli était deuxième et alors provisoirement qualifié pour la Q2, mais il n'a pas voulu donner une nouvelle aspiration à l'Espagnol.
"Je pensais que ça n'allait pas être malin de le tirer une deuxième fois. Je l'avais fait dans le premier time attack et je me suis dit que c'était suffisant", a expliqué Morbidelli, qui a fait plusieurs fois signe à Márquez de sortir de son sillage, en roulant à basse vitesse sur le circuit. "Pour le deuxième, alors que j'espérais accéder à la Q2, je n'ai pas voulu perdre une place à cause du fait qu'il allait me prendre la roue. Le truc habituel entre la Q1 et la Q2, vous savez."
La fin de séance a finalement été défavorable aux deux pilotes. Márquez a fini par accepter de faire son tour seul mais il est revenu sur Augusto Fernández et a chuté en voulant le doubler. Quant à Morbidelli, il a dégringolé jusqu'à la cinquième place et a amélioré son chrono lors de son dernier tour, mais pas sa position, ce qui a mis fin à ses qualifications.
"On entre dans ce genre de jeux parce qu'on est deux pilotes qui traversent un moment difficile et on n'a pas confiance en nous", a justifié Márquez. "Il n'attaquait pas, je n'attaquais pas. C'était dommage parce que j'avais un bon rythme en EL2 mais on n'attaquait pas et quand j'ai décidé de le faire, il m'a suivi mais malheureusement, je suis revenu trop vite sur Augusto parce qu'il a décéléré au virage 2 – ce qui était normal, il a joué son jeu et je l'acceptais – mais en essayant de le doubler, je suis tombé. On est baisés parce qu'il part 15e. On a foiré le week-end en qualifications."
Márquez est resté dans la roue de Morbidelli plusieurs virages malgré les nombreuses injonctions du pilote Yamaha à abandonner cette stratégie et l'Italien voit "peut-être" dans cette agressivité de plus en plus forte les effets d'un MotoGP plus compétitif que jamais : "Je dirais que par le passé, la zone de non-respect en MotoGP était peut-être les trois derniers tours de la course. Maintenant, cette période de temps s'est étendue sur l'ensemble du week-end, en gros, du premier au dernier tour du week-end."
"C'était pareil hier avec Fabio [Quartararo] : c'était un tour pendant lequel il n'améliorait pas, il était déjà en Q2 ; moi, je n'étais pas sur sa trajectoire car j'étais sur le vibreur, mais sa réaction a été énorme malgré tout. Ça veut dire qu'il y a beaucoup de pression et qu'il n'y a aucun respect pour l'adversaire. L'adversaire est l'ennemi… Grrr grrr ! C'est comme ça, ça marche comme ça aujourd'hui."
"En dehors de la piste, [il n'y a] pas tant [de manque de respect], les pilotes arrivent à rester cool", a ajouté Morbidelli. "Mais je peux vous assurer qu'une fois en piste, dès le premier tour du vendredi, c'est un jeu fort ici."
Franco Morbidelli
Malgré son agacement durant la séance, le vice-Champion du monde 2020 se trouve contraint d'accepter la situation et a modéré ses propos, tenus alors que Márquez était à ses côtés pour discuter lui aussi avec les journalistes : "Ça fait partie du jeu. Je ne fais pas le règlement, je ne contrôle pas le comportement des gens. C'est comme ça que le jeu s'est déroulé naturellement, et vous devez jouer le jeu selon comment il se passe."
Márquez juge cette situation normale et espère passer de l'autre côté de la barrière la saison prochaine, lorsqu'il pilotera la Ducati de l'équipe Gresini : "C'est arrivé par le passé, ça arrive maintenant et ça arrivera à l'avenir. J'espère que l'an prochain, ils me suivront ! [rires] Ce serait bon signe et je l'accepterai. C'est normal qu'un pilote lent suive un pilote rapide. C'était comme ça avant, je me souviens de cent fois où [Andrea] Iannone, par exemple, et beaucoup de pilotes me suivaient. Je l'acceptais et j'attaquais parce que j'avais une certaine conviction. Maintenant je n'ai pas la vitesse, je n'ai pas cette conviction, et je ne peux pas attaquer."
"J'espère avoir ce problème l'an prochain mais comme vous l'avez vu, [Pecco] Bagnaia menait tout le train en qualifications. Ça fait partie du jeu, les gens peuvent discuter, blablabla, mais tout le monde le fait."
Une nouvelle chute en course sprint pour Márquez
Finalement 20e sur la grille de départ des deux courses après sa chute, Márquez n'attribue pas cette dernière à une prise de risque inconsidérée : "Je pilote bien ce week-end. En fait, je ne suis pas tombé à Buriram, hier je ne suis pas tombé et aujourd'hui, en qualifications dans mon dernier tour, j'ai doublé Augusto et je suis tombé sur la bosse, puis [de nouveau] en course. J'ai détruit mon week-end en qualifications, je l'ai payé en course sprint et je vais le payer demain. Attendons d'être au Qatar."
Pendant le sprint, Márquez est rapidement remonté au 13e rang avant de connaître sa deuxième chute de la journée. Il a pu repartir mais ne s'est classé qu'au 21e rang, sans véritable regrets puisqu'il se savait incapable de jouer les premières places : "Je l'ai dit toute ma carrière et je continuerai à la dire : c'est mieux de tomber en étant troisième, devant, que finir 12e, 13e ou 14e, parce qu'au final on la vitesse, et on trouvera la façon de ne pas tomber, avec des tours et de la confiance sur la moto. Si on n'a pas la vitesse, parfois c'est difficile à trouver."
La chute de Marc Márquez en course sprint
Pour Marc Márquez, la principale satisfaction de la journée vient du succès de son frère, Álex Márquez, pour la deuxième fois de la saison : "Je préfère faire une course comme ça et qu'Álex gagne ! Blague à part, je suis très content pour lui. Quand j'ai passé la ligne d'arrivée, j'ai vu qu'il avait gagné la course. Il le mérite. Il a eu du mal à la dernière course parce qu'il s'est cassé quatre côtes en Inde, c'est assez douloureux. Il était déjà devant à Buriram."
Cette victoire est d'autant plus positive pour l'octuple Champion du monde qu'il va faire équipe avec son frère la saison prochaine et découvrir la Ducati dans à peine plus de deux semaines, au test de Valence, mais il assure ne pas se projeter pour le moment : "Mon implication avec Honda est totale. J'ai attaqué à 100% aujourd'hui, j'ai attaqué en qualifications, j'ai attaqué en course, même si je partais depuis la 20e place. J'ai fait un bon premier tour, j'étais 13e et je vais attaquer demain parce que c'est la meilleure façon pour essayer de finir l'année et pour débuter la prochaine."
Avec Léna Buffa
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Voir aussi :
Meilleurs commentaires
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.