Le niveau de Ducati reste un mystère pour les pilotes factory

Le niveau relatif de Ducati par rapport à la concurrence demeure un mystère, tant les difficultés rencontrées actuellement par les pilotes factory avec le nouveau pneu, et ne semblant pas autant toucher Johann Zarco en ce début de week-end, ne peuvent être non plus corrélées avec la situation observée chez Pramac, où Bagnaia brillait avant de se blesser et où Miller encore lui aussi trouver ses marques.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Difficile de dire quel est réellement le niveau de Ducati cette année, après avoir observé les deux premières manches de la saison à Jerez et vu les machines factory quelque peu en retrait, non seulement par rapport à d'autres constructeurs, mais aussi face aux machines clientes de l'équipe Pramac lors du second week-end andalou, et même face à Avintia depuis le début du GP de République Tchèque. À tel point qu'au-delà de la question qui concerne le niveau du package italien par rapport à celui de la concurrence vient celle du niveau des pilotes eux-mêmes, tandis qu'aucun réel "leader" n'émerge de façon franche, Dovizioso, Petrucci, Miller, Bagnaia et Zarco ayant tous tour à tour montré plus ou moins d'aisance comme de difficultés.

C'est en faisant jouer son expérience et sa traditionnelle gestion de la course sur la durée, ainsi que grâce à l'absence de certains de ses rivaux diminués physiquement, qu'Andrea Dovizioso est tout de même parvenu à signer un podium sur la première épreuve et obtenir aux yeux de ses adversaires l'étiquette de pilote à garder à l'œil en vue de la lutte pour la couronne mondiale.

Pourtant, sur la seconde épreuve disputée en Andalousie, l'Italien, toujours sans contrat pour 2021, n'a pu obtenir qu'une sixième position, lui permettant certes de se maintenir à une flatteuse troisième place au classement général avant d'arriver à Brno, mais en se trouvant déjà distancé de respectivement de 24 et 14 points par le double vainqueur Fabio Quartararo et par Maverick Viñales.

Une bonne partie du paddock et les principaux intéressés eux-mêmes s'attendaient à voir arriver des Ducati plus vaillantes sur le tracé de Brno, où la sollicitation moteur est en théorie bien plus apte à faire valoir les qualités du package Desmosedici. Cependant, c'est une moto décrite comme étant "irrégulière" par Petrucci et laissant Dovizioso songeur quant à sa capacité à s'adapter aux nouveaux pneumatiques que les pilotes factory ont découverte jusqu'à présent en République Tchèque.

"Il est toujours difficile d'évaluer une moto et je pense aussi qu'il est un peu tôt pour ça", estimait Andrea Dovizioso après la journée de vendredi, au cours de laquelle le mieux placé des représentants Ducati fut Zarco. "D'abord, parce qu'on a couru sur une seule piste jusqu'à présent et avec des températures impossibles. Et puis, on est arrivés à Brno, dans des conditions inédites : si vous étiez là et que vous pouviez le voir de vos propres yeux, vous trouveriez dingue de voir les motos pomper à ce point. Mais ça, ça conditionne tout."

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"Oui, sur le papier on peut dire que telle moto ou tel pilote peut avoir un avantage ou un désavantage, parce qu'il y a un passif, une histoire, mais ce n'est vrai que jusqu'à un certain point. Il y a toujours de nombreux facteurs à prendre en compte et on se retrouve avec un pneu qui a une nouvelle carcasse et ça conditionne tout. Beaucoup ont changé leur façon de piloter et, surtout, ça n'est pas encore clair. Étant donné qu'il s'agit d'une carcasse plus souple, plus réactive, on ne peut pas faire des choses trop répétitives, ou en tout cas certaines motos y arrivent et d'autres moins."

Ceux qui semblent le mieux s'en sortir pour le moment sont les pilotes les plus récemment arrivés dans le groupe, Bagnaia et Zarco, dont les pilotes factory jugent qu'ils ont moins à "désapprendre" pour s'adapter aux exigences du nouveau pneu arrière. "Nous non plus on ne s'attendait pas à ce que ça fasse autant de différence", admet Petrucci lorsque l'on s'étonne que l'adaptation au fameux nouveau pneu se soit faite sans douleur pour Bagnaia, en particulier, probablement aidé par une méthode différente au freinage.

"L'année dernière, son freinage n'était pas bon pour les pneus qu'on avait alors. Il fallait freiner d'une certaine manière et il n'a pas réussi à s'adapter à 100%. Cette année, la moto doit être pilotée d'une manière un peu différente, pour diverses raisons techniques, et le pneu requiert une façon de piloter différente dans toute la phase de freinage", explique Dovizioso, conscient que la Ducati aussi a des attentes différentes, avec la nécessité de faire glisser le pneu arrière dans une partie de la phase de freinage. "Du début du freinage jusqu'aux trois-quarts on n'arrive pas à gérer cela aussi bien qu'avec le pneu des années précédentes. Pour y arriver, il faut changer trois choses : un petit peu les réglages, l'électronique, et surtout le pilote doit modifier sa façon de freiner."

"C'est le plus dur à faire et il ne suffit pas de le voir dans les données et de le faire. Il s'agit de points de freinage un peu différents, d'angles différents dès qu'on freine, de trajectoires différentes en ligne droite, et malheureusement dans un week-end de course on a du mal à tout réunir", regrette le pilote italien, qui admet depuis le début des Grands Prix se perdre quelque peu dans ce travail qui l'éloigne de la préparation des courses. "Lui, je pense qu'il s'est senti mieux, parce que l'année dernière il freinait déjà pas mal comme ça. Il a été très bon pour affiner certains points [...] mais il est malgré tout celui qui a eu le moins à modifier."

Peu de constance avec les nouveaux pneus

Dovisiozo assure ne "pas vouloir pointer du doigt Michelin", car le nouveau pneu arrière est évidemment le même pour tous, mais décrit cette situation comme ayant "un impact sur le travail". L'Italien a l'habitude de pouvoir compter sur une très bonne sortie de virages, mais ne trouve pas les bonnes sensations actuellement et se retrouve dans la difficile situation de devoir garantir sa place en Q2 au tarif d'un lourd combat débutant en Q1.

"Les qualifications sont toujours très difficiles car tout le monde va très vite sur un tour, mais avec le feeling que j'avais [vendredi], je m'attends à une meilleure situation car j'étais capable de freiner plus fort, et plus vite. Je n'ai pas mis les pneus tendres, c'est pour ça que je suis à l'arrière du classement, mais si l'on regarde le fait que mon meilleur tour était en pneus durs et que tout le monde a des difficultés, ce n'est pas si mauvais", se rassurait-il à voix haute vendredi soir, avant toutefois d'échouer ce matin à ce placer dans le top 10 une fois qu'il a utilisé le soft.

Impossible de dire encore, donc, si l'allure du plateau a beaucoup changé et si Ducati ne dispose plus de l'avantage habituel dans certains domaines que l'on s'attendait constater après Jerez. "Les cartes ont été rebattues avec l'arrivée de ce nouveau pneu arrière et l'on n'a pas eu beaucoup de temps pour développer les motos et comprendre [le pneu]", analyse de son côté Petrucci.

Et le pilote au numéro 9 de rappeler qu'il serait prématuré de juger un championnat après seulement deux courses : "On se trouve dans la phase la plus chaude de la saison, aussi bien parce que les courses s'enchaînent que chaude en termes de météo, or ça a toujours été un problème pour nous. Après ces trois courses on y verra un peu plus clair, mais on ne sera même pas encore à la moitié du championnat, alors il y a encore la possibilité de revenir devant. À mon avis, on ne peut en tout cas pas dire qu'on partira favoris en Autriche."

Avec Léna Buffa

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