Pecco Bagnaia est le nouveau Champion du monde MotoGP !
Pecco Bagnaia est devenu le Champion du monde 2022 du MotoGP lors de la dernière manche de la saison, succédant au palmarès à Fabio Quartararo qui a pourtant mené le classement général jusqu'à l'Australie et tout tenté lors de cette course, à Valence, avant de finalement être vaincu.
À l'issue du dernier des 20 Grands Prix au programme cette saison, et trois semaines seulement après avoir pris la tête du classement général, Pecco Bagnaia remporte le titre de Champion du monde ! Quatrième pilote différent à être couronné en autant d'années, l'Italien succède au palmarès à Fabio Quartararo, l'adversaire qui lui a opposé la plus forte résistance en faisant durer le suspense jusqu'à ce dernier round disputé à Valence, malgré une première balle de match pour le pilote Ducati à Sepang.
La tension est même restée palpable tout au long de ce dernier week-end, tant le pilote français a pris l'ascendant psychologiquement sur son rival ces derniers jours. Distancé de 23 points, il se savait contraint à jouer "tout ou rien" et n'a jamais semblé aussi détendu ni affamé qu'avant de prendre ce départ. Là où le stand Yamaha est apparu calme et méthodique, celui de Ducati transmettait nervosité et fébrilité à l'approche de l'heure fatidique, tant l'enjeu était énorme pour un constructeur qui aura attendu ce nouveau titre pendant 15 ans.
Au terme des qualifications, l'avantage allait à Quartararo, quatrième sur la grille alors que son rival n'était que huitième, mais dès le départ de la course le Français s'est heurté à l'impossibilité de s'emparer de la seule place valable pour lui, la première. Les deux hommes se sont retrouvés en bagarre durant les premières minutes, avec au passage un contact dans le deuxième tour qui a coûté un aileron à l'Italien mais a quelque peu coupé le pilote Yamaha dans son élan. Dès lors leader du groupe de poursuivants des leaders, Quartararo s'est maintenu devant Bagnaia mais sans parvenir à remonter vers l'avant. Le pilote Ducati, lui, a pu se permettre de relâcher quelque peu son attaque, pouvant se permettre de rétrograder, tour à tour repris par Joan Mir, les pilotes KTM, Luca Marini et Enea Bastianini, jusqu'à finalement passer la ligne d'arrivée en neuvième position, suffisante quel qu'ait pu être le résultat de son adversaire.
Ce couronnement vient récompenser une saison faite de deux parties très distinctes pour Bagnaia, avec une première moitié irrégulière et marquée par de lourdes déceptions qui ont un temps semblé rédhibitoires. À une très maigre 15e place en Indonésie, sous la pluie, se sont en effet ajoutés quatre abandons sur chute, parmi lesquels notamment l'erreur commise alors qu'il venait de perdre la tête du Grand Prix de France, particulièrement rude à digérer.
Il subissait alors la pression exercée de façon totalement décomplexée par Enea Bastianini, premier leader de ce championnat. Celui qui porte cette année les couleurs du team Gresini a ouvert la saison en remportant le Grand Prix du Qatar à la surprise générale, alors qu'il parvenait à tirer le maximum d'une Ducati moins évoluée que celle des pilotes officiels, mais parfaitement affûtée. La GP22, elle, demandait encore à être fignolée et quelques tâtonnements en ce sens n'ont pas aidé Bagnaia et ses collègues à en exploiter tout le potentiel, poussant même la direction de Borgo Panigale à s'excuser.
Bastianini en a profité pour s'imposer à nouveau à Austin, juste après la victoire retentissante d'Aleix Espargaró en Argentine ayant fait du pilote Aprilia un autre des candidats sur lesquels il allait falloir compter cette année. En arrivant à Jerez pour la sixième course, Bagnaia ne comptait que deux timides entrées dans le top 5 et avait déjà pris 38 points de retard sur Quartararo, qui venait de passer en tête. Álex Rins se trouvait alors à égalité mathématique avec le Français, mais l'annonce prochaine du retrait de Suzuki allait faire entrer l'équipe dirigée par Livio Suppo dans un trou noir et vite exclure le Catalan de la course.
La chute de Pecco Bagnaia au Grand Prix d'Allemagne, le moment le plus bas de sa saison
Symboliquement, c'est en menant la course de Jerez de bout en bout devant Quartararo que Bagnaia est allé chercher sa première victoire de l'année. Un tremplin pour le pilote italien, qui pensait avoir enfin dépassé son début de championnat poussif. Sa chute au Mans, dans la foulée, a vite refroidi son enthousiasme, avant qu'il parvienne à enchaîner sur un autre succès, au Mugello cette fois. Radicale, sa courbe de performance témoignait aussi bien de son potentiel que du lourd tribu qu'il pouvait parfois payer lorsque les conditions n'étaient pas réunies. Et beaucoup s'interrogeaient également sur sa capacité à résister à la pression mentale d'une lutte aussi intense pour le Graal.
En juin, le pilote Ducati a semblé tomber trop bas pour conserver le moindre espoir, emporté à terre dans une chute collective à Barcelone, puis parti à la faute pour une raison qu'il ne s'expliquait pas au Sachsenring. Voilà comment il affichait 91 points de retard à la mi-saison, jugeant le titre "quasiment impossible" face à un Quartararo parfait gestionnaire de sa campagne malgré, pour lui également, quelques moments plus difficiles. C'est au soir de cette course allemande, celle de sa troisième victoire et la dernière de l'année, que le pilote Yamaha a affiché l'avance la plus grande, avec 34 points de marge sur son plus proche adversaire qui était encore Espargaró, mais la suite allait peu à peu l'éroder.
Une deuxième partie radicalement différente
Car dès que le championnat est entré dans sa seconde moitié, la course au titre a pris une tout autre tournure, à l'opposé pour les deux favoris. Bagnaia a retrouvé le succès à Assen, précisément là où il avait décroché sa première victoire mondiale en 2016, alors que Quartararo a commis ce qu'il a lui-même qualifié "d'erreur de débutant" en tombant et accrochant Aleix Espargaró. Non seulement cela lui coûtait cher sur le moment, mais le Français écopait d'une pénalité à observer au retour de la trêve estivale.
Quartararo avait porté à bout de bras les espoirs de Yamaha, dont il est le seul pilote désormais capable de se battre aux avant-postes là où Ducati peut compter sur une véritable armada. Mais lui qui avait été dominateur au Portugal, en Catalogne et en Allemagne, il n'a plus été que l'ombre de lui-même depuis l'été et n'a décroché que deux podiums, avec une deuxième place en Autriche et une troisième place salvatrice en Malaisie où les points empochés ont empêché Bagnaia d'être titré.
L'Italien, lui, a totalement inversé la tendance en enchaînant quatre succès d'affilée et seule sa chute au Japon a pu redonner un peu d'air à son adversaire. Ce jour-là, cependant, le pilote Yamaha ne sauvait qu'une huitième place, au cœur d'une série plus négative encore : victime malheureuse d'une collision avec Marc Márquez en Aragón, il terminait hors des points en Thaïlande à cause d'un mauvais réglage de la pression de ses pneus, puis partait à nouveau à la faute en Australie, sans cesse contraint de repousser les limites au guidon d'une machine qui subit désormais nettement la comparaison avec la redoutable Desmosedici.
Pecco Bagnaia a renversé le championnat en remportant quatre victoires consécutives entre Assen et Misano
Au moment d'aborder la course de Sepang, ils étaient encore quatre à conserver une chance mathématique, mais Aleix Espargaró et Enea Bastianini, contraints à un miracle pour espérer l'emporter, y ont vu s'envoler leurs derniers espoirs. Le pilote Aprilia, que l'on avait vu cinq fois sur le podium durant la première moitié de l'année, n'a obtenu qu'un trophée ensuite et ainsi peu à peu pris du retard bien qu'il ait été le dernier à systématiquement réussir à entrer dans les points. Quant à Bastianini, après une période de moins bien avant la pause estivale, il est revenu aux avant-postes pour livrer d'intenses bagarres contre Bagnaia à Misano, Aragón et Sepang et y arracher une victoire, mais il aura payé son irrégularité générale.
Quartararo, quant à lui, avait pris 14 points de retard en étant pour la première fois passé par Bagnaia à Phillip Island, mais la superbe course qu'il a livrée en Malaisie a entretenu un mince espoir avant la finale de Valence. Devancé de 23 points par son rival, il n'avait toutefois pas le choix : il devait gagner, tout en misant sur un énorme revers pour le pilote italien. Jusqu'au bout, il aura entretenu l'espoir, aussi mince fut-il devenu, jusqu'à cette quatrième place dimanche à Valence, insuffisante.
Pecco Bagnaia a tenu bon et, en passant la ligne d'arrivée en neuvième position, il a été assuré du titre. Il devient le 29e pilote à remporter les lauriers dans la catégorie reine des Grands Prix moto depuis le lancement du Championnat du monde en 1949, le huitième depuis la création du MotoGP en 2002. Il est aussi le premier Italien titré depuis Valentino Rossi en 2009, le premier du pays à s'imposer sur une moto italienne depuis Giacomo Agostini il y a cinquante ans.
Pecco Bagnaia ramène chez Ducati une couronne que seul Casey Stoner avait réussi à s'adjuger, il y a 15 ans. La marque italienne réalise même le triplé puisqu'à sa victoire dans le championnat des constructeurs, adjugée au Grand Prix d'Aragón, elle a ajouté en Malaisie le titre attribué à la meilleure équipe du plateau grâce à sa structure officielle.
Le palmarès du championnat MotoGP :
Saison |
Titre pilotes |
Titre constructeurs |
Titre équipes |
2002 |
V. Rossi |
Honda |
Repsol Honda Team |
2003 |
V. Rossi |
Honda |
Repsol Honda Team |
2004 |
V. Rossi |
Honda |
Gauloises Fortuna Yamaha |
2005 |
V. Rossi |
Yamaha |
Gauloises Yamaha Team |
2006 |
N. Hayden |
Honda |
Repsol Honda Team |
2007 |
C. Stoner |
Ducati |
Ducati Marlboro Team |
2008 |
V. Rossi |
Yamaha |
Fiat Yamaha Team |
2009 |
V. Rossi |
Yamaha |
Fiat Yamaha Team |
2010 |
J. Lorenzo |
Yamaha |
Fiat Yamaha Team |
2011 |
C. Stoner |
Honda |
Repsol Honda Team |
2012 |
J. Lorenzo |
Honda |
Repsol Honda Team |
2013 |
M. Márquez |
Honda |
Repsol Honda Team |
2014 |
M. Márquez |
Honda |
Repsol Honda Team |
2015 |
J. Lorenzo |
Yamaha |
Movistar Yamaha MotoGP |
2016 |
M. Márquez |
Honda |
Movistar Yamaha MotoGP |
2017 |
M. Márquez |
Honda |
Repsol Honda Team |
2018 |
M. Márquez |
Honda |
Repsol Honda Team |
2019 |
M. Márquez |
Honda | Repsol Honda Team |
2020 |
J. Mir |
Ducati | Team Suzuki Ecstar |
2021 |
F. Quartararo |
Ducati | Ducati Lenovo Team |
2022 |
P. Bagnaia |
Ducati | Ducati Lenovo Team |
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