Pedro Acosta prédestiné à être un grand champion MotoGP ?

Pedro Acosta serait-il en passe de prendre la succession de Valentino Rossi ? C'est ce que pressent Franco Morbidelli, qui voit en lui une star en devenir, capable de relancer l'intérêt pour le MotoGP.

Pedro Acosta, Tech3 GASGAS Factory Racing

Le MotoGP vient de clore une saison rassurante en termes d'affluence. Et pourtant, nombreuses sont encore les critiques exprimées tout au long de l'année sur certains points de règlement contestés ou un agenda pouvant parfois manquer de clairvoyance. Surtout, deux ans après le départ de Valentino Rossi, le renouvèlement populaire du championnat ne semble pas encore avoir eu lieu, aucune star d'ampleur n'ayant percé sur la grille pour le moment.

C'est le constat très franc que faisait Franco Morbidelli au moment de boucler la saison, interrogé notamment sur la baisse de la place accordée au MotoGP sur les TV italiennes, malgré le titre de Pecco Bagnaia sur la Ducati ces deux dernières années. "Le MotoGP n'est pas assez valorisé", a jugé le vice-Champion du monde 2020. "On est un grand bassin de téléspectateurs qui choisissent leurs programmes à la carte, nostalgiques [de la TV] des anciens temps, mais que les gens ne regardent plus."

"C'est dommage, c'est sûr, parce qu'à mon avis le MotoGP a un niveau extraordinaire, avec des pilotes qui donnent plus que le maximum, où un pilote huit fois champion du monde termine 15e et pas seulement parce qu'il n'a pas une Ducati, où il se passe énormément de choses pensant un week-end, avec énormément d'affrontements, d'histoires et de choses en piste à raconter. Mais malheureusement, elles ne sont pas racontées de la meilleure façon par vous, les journalistes, pas valorisées de la meilleure façon en termes d'image et de communication", a-t-il poliment pointé.

Dans ce contexte, Franco Morbidelli fait partie de ceux qui voient en Pedro Acosta un rookie providentiel, potentiellement capable de rebooster l'intérêt du MotoGP. "Il est certain qu'une amélioration [de la communication] pourrait aider, mais je suis sincère, ce qui peut aider c'est aussi un diamant brut comme peut l'être Pedro Acosta, un pilote qui a gagné dès le moment où il est arrivé dans ce championnat, qui a impressionné et surpris. Ce genre d'athlète et de comportement est quelque chose qui entraîne les courses moto − comme a réussi à le faire Vale", a-t-il analysé.

"C'est quelque chose qui pourrait donc ramener le MotoGP à avoir un intérêt beaucoup plus large que celui qu'il a actuellement. Si Pedro Acosta continue à faire ce type de résultats, ça pourrait alléger tout le travail de communication, ou toute la mission qui existe pour améliorer la communication", a ajouté Morbidelli, tout en jugeant néanmoins "trop facile" de baser la notoriété d'un championnat sur un serial winner, alors que le MotoGP est habitué depuis plusieurs années à des vainqueurs multiples. "C'est trop facile d'avoir un Mohamed Ali, un Valentino Rossi ou un Tiger Woods. Il faut réussir à faire comme en NBA, qui arrive à avoir une idole dans chaque équipe et à valoriser chaque athlète de chaque équipe."

Des pilotes comme Pedro Acosta, il n'y en a qu'un ou deux tous les dix ans. Il a vraiment tout.

Jorge Lorenzo, qui a lui-même été l'une des figures de proue du MotoGP tout en cohabitant avec les stars hors normes que sont Valentino Rossi et Marc Márquez, est de ceux qui promettent l'avenir le plus brillant au rookie espagnol. Au micro de DAZN, la chaîne pour laquelle il commente les Grands Prix, il l'a jugé "prédestiné à être Champion du monde" en MotoGP. "Je crois que des pilotes comme Pedro Acosta, il n'y en a qu'un ou deux tous les dix ans. Il a vraiment tout. Il a le talent, il est discipliné, il travaille, il se pousse, il gagne des courses comme s'il mangeait ou marchait… Il voit ça comme si c'était normal", a observé Lorenzo.

Notant son "ambition excessive" et sa personnalité "humble, naturelle, drôle", Lorenzo comprend les attentes en termes de résultats, tout en mettant une limite à la comparaison habituelle faite avec Márquez. "Il est différent de Marc", observe-t-il dans une interview pour AS. "Márquez était un tourbillon d'agressivité et de prise de risques. Il voulait gagner à tout prix, et il n'était jamais satisfait. Même s'il ne se sentait pas bien sur la moto et n'aimait pas le circuit, il était derrière vous, à essayer de vous dépasser et de vous battre. Mais il est beaucoup tombé."

"À l'inverse, Acosta est un pilote qui n'aime pas tomber, qui est plus conscient du risque. Il fait les choses de manière plus contrôlée, mais en ayant eu jusqu'à présent le même talent [que Márquez]. Il est similaire, mais néanmoins différent, et ses statistiques sont encore meilleures que celles de Marc. Il devrait être le prochain crack en MotoGP."

Pedro Acosta, deux fois Champion du monde en trois ans... du jamais vu !

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Pedro Acosta, deux fois Champion du monde en trois ans... du jamais vu !

Après seulement trois ans de carrière mondiale, tout le monde s'accorde pour percevoir chez Pedro Acosta la touche de magie des grands champions, capable de réussir plus vite que quiconque grâce à tout ce qu'il a construit à seulement 19 ans.

"Peu importe le nombre de mots qu'on lui dédie, ce qui compte ce sont les résultats. Et ils parlent clairement", a observé Álex Crivillé, dans les colonnes de Marca. "Derrière les résultats, il y a des sacrifices, de la souffrance, de la détermination, du talent, encore plus de détermination et de l'entraînement, beaucoup d'entraînement. […] Et ce qu'il y a de plus beau, c'est qu'il va réaliser ce qu'il s'est fixé, parce qu'il n'y a qu'un seul Acosta."

Vétéran du MotoGP et proche des jeunes pilotes espagnols, Aleix Espargaró est tout aussi convaincu du talent brut de la pépite de KTM, mais tempère quelques peu les attentes en termes d'attitude, trouvant son jeune compatriote peut-être un peu trop sur la retenue. "Je pense que Pedro va apporter beaucoup de moments sympa et tendus en piste, mais parfois il est un peu trop timide. Mais c'est un gamin, il doit grandir", a-t-il souligné.

"Ce que j'aime chez Pedro, c'est que je sais qu'en Malaisie, il a beau avoir été titré, il n'était pas content parce qu'il n'avait pas gagné la course", a ajouté Espargaró. "C'est une chose qui le rend super particulier, ça me rappelle quelques pilotes par le passé, qui ont été super bons. Je pense que Pedro sera une bombe pour les journalistes !"

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