Trop de réglementation n'est pas la solution, selon Petrucci

L'onde de polémique qui a marqué la fin du Grand Prix d'Argentine s'est étendue aux jours qui ont suivi, certains pilotes trouvant sur les réseaux sociaux un terrain d'expression libre leur permettant de poursuivre le débat amorcé sur les limites acceptables de l'agressivité à avoir en piste. Et si Danilo Petrucci en a pris pour son grade, il est toutefois resté silencieux sur le sujet entre cette épreuve bouillonnante et le retour du MotoGP à Austin cette semaine.

Interrogé jeudi sur les accusations qui ont été portées à son encontre, sous l'impulsion d'un Aleix Espargaró très remonté après la course argentine, le pilote Pramac Racing a assuré ne pas avoir été affecté par la polémique ces derniers jours. Tentant de prendre du recul sur les événements, il en a appelé au bon sens en relativisant la réelle possibilité de réglementer plus précisément le comportement des pilotes, comme certains le demandent.

"Bien sûr, quand Márquez et Rossi sont impliqués les choses prennent plus d'ampleur dans les médias et la presse. Mais par exemple, pendant la même course, Pedrosa et Zarco ont eu le même accident et personne n'en a parlé", pointe Petrucci. "Le contact a été plus ou moins le même, et le reste aussi parce qu'un pilote est tombé, cependant Márquez a été pénalisé et pas Zarco."

"Mais franchement je ne suis pas ici pour juger les accidents. Je pense que la direction de course devrait analyser les accidents un par un et non faire un règlement qui soit égal pour tout le monde", estime le pilote italien. "Pour moi [il faut] un peu moins de réglementation et une action plus forte de la part de la direction de course. La direction de course doit prendre des décisions plus fortes, même si je comprends que ce soit parfois difficile."

S'il en appelle à des mesures fortes de la part de la direction de course dans les incidents les plus rudes, Danilo Petrucci rappelle aussi que c'est pour ses confrontations directes que le MotoGP passionne autant, le risque d'un règlement trop pointilleux étant selon lui de tomber dans l'excès inverse de fadeur.

"Les meilleures bagarres dont on se souvient en MotoGP sont justement… des bagarres, et c'est génial pour cette raison", estime-t-il. "Oui, bien sûr, on tombe et on peut se blesser, mais je pense que la direction de course devrait analyser les accidents un par un. Bien sûr, pendant cette course Márquez était un peu au-delà de la limite, mais franchement je ne suis pas affecté par ces mots et tout ce qui s'est passé après cette course. Le plus important c'est que pendant ces 45 minutes Márquez était plus rapide d'une seconde et demie par rapport à tout le monde. Pour moi, c'est le plus effrayant."

"Après, pour moi ça n'a pas été une course mémorable. J'étais huitième, j'ai été touché par Syahrin dans le dernier tour et j'ai perdu deux places, mais c'est un incident de course, je n'ai pas fait de polémique, je n'ai pas eu de mots avec Hafizh. Pour moi c'est la course et c'est la raison pour laquelle les gens nous regardent, jusqu'au dernier moment vous ne savez jamais ce qui va se passer. On se plaint beaucoup des courses où il n'y a pas beaucoup de dépassements et quand il y en a beaucoup on se plaint, on dit qu'il faut être plus prudent et tout réglementer. Pour moi ça n'est pas la bonne façon de faire, même en F1 ils sont revenus en arrière par rapport à il y a deux ou trois ans."

Trop d'incidents avec Petrucci, selon Espargaró

L'avis exprimé par Danilo Petrucci est donc l'exact opposé de celui d'Aleix Espargaró, fervent dénonciateur du style de pilotage de l'Italien, qu'il juge trop agressif. Déjà très loquace sur le sujet ces derniers jours, l'Espagnol a une nouvelle fois expliqué son point de vue à son arrivée à Austin, estimant que le numéro 9 était souvent passé entre les mailles du filet.

"Ces trois dernières années, Danilo Petrucci a fait tomber huit pilotes, ça me semble vraiment beaucoup quand on ne dispute que 18 courses [par an]. Je n'ai rien contre Danilo, mais il a failli me faire tomber en Argentine et cela fait beaucoup d'incidents. Il faut des sanctions", juge Espargaró.

"Il faut durcir les règles et mieux les détailler", estime l'Espagnol, qui attend à présent la Commission de sécurité. "Demain [vendredi] nous en parlerons, mais il n'est pas possible que deux actions égales mènent à des sanctions différentes, et il n'est pas possible qu'il n'arrive rien à certains pilotes qui ont fait tomber huit ou neuf adversaires ces dernières années, alors que par le passé certains pilotes ont manqué une course pour beaucoup moins que ça. Il faut améliorer cela."

Avec Oriol Puigdemont