MotoGP GP d'Espagne

Les pilotes pointent la dangerosité du virage 7 de Jerez

La sécurité du virage 7 de Jerez a été particulièrement scrutée en raison de plusieurs chutes spectaculaires qui se sont achevées dans l'airfence en bordure de piste. Les deux pilotes Repsol Honda l'ont heurté après être tombés à haute vitesse et avoir été peu ralentis par les graviers.

Cette deuxième journée du Grand Prix d'Espagne aura été celle de la première chute de Marc Márquez depuis sa blessure de l'an dernier, survenue déjà à Jerez. À l'heure de mordre la poussière, le pilote espagnol n'a pas été verni, puisqu'il a subi une chute violente, qui a fait trembler son stand et bien au-delà.

Parti à la faute dans le virage 7, dans ce qui semblait être une simple perte de l'avant avec un pneu possiblement un peu froid, puisqu'il était dans son premier tour lancé avec cette gomme, Márquez a traversé le bac à gravier à grande vitesse avant d'aller s'écraser violemment contre l'airfence. Sa moto, elle, a suivi le même parcours, à quelques mètres de lui à peine, et a fini en miettes. Le pilote, bien que secoué, s'est relevé indemne, malgré des cuirs lacérés au niveau du bras gauche.

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Aussi curieux que cela puisse paraître, son coéquipier, Pol Espargaró a subi en EL4 la même chute, au même endroit, en évitant toutefois un choc aussi violent. Bien que Márquez ait salué le fait d'avoir été sauvé par l'airfence, son acolyte estime que le simple fait d'être arrêté par cette protection est le signe qu'une voie de dégagement plus grande serait nécessaire dans ce virage.

"Il y a trois types de chutes à cet endroit", explique Espargaró. "Le premier, c'est le highside, pour lequel il y a suffisamment d'espace. [Puis la chute] en milieu de virage, où même si l'on est rapide il y a assez de place. Mais si on tombe comme Marc et moi juste avant de réduire la vitesse, au tout début [du virage], tout de suite - ce genre de chute se produit normalement comme ça à cet endroit – alors c’est sûr que le mur est trop proche."

"OK, nous avons cette technologie d'airfence, mais il faut penser que si, par exemple, la moto vient par derrière [le pilote] et dans la même direction, alors même s'il y a l'airfence, la moto arrive [sur lui]. Ce qu'il y a de bien dans le fait d'avoir une zone de dégagement, c'est que [si on tombe], on va à la même vitesse que la moto, donc on est toujours un peu séparé de la moto. Mais lorsque l'on heurte quelque chose et que l'on est arrêté par quelque chose comme cela a été le cas de Marc, cela signifie que la moto peut arriver à la même vitesse que vous. Donc c'est le point dangereux."

Joan Mir s'est montré très ferme sur le sujet, ayant lui-même déjà expérimenté cette zone. "Je me souviens qu'en 2019 je suis tombé dans le virage 7, je suis passé sous l'airfence et j'ai heurté le mur !" rappelle-t-il dans un hoquet. "Je pense que les voies de dégagement ne sont pas suffisantes pour les MotoGP sur cette piste. Ce n'est pas le cas au virage 7, mais pas non plus dans les virages 1, 5, 10…"

"On est vraiment à la limite", assure le Champion du monde en titre. "Hier, on en a parlé à la Commission de sécurité et je pense qu'ils vont commencer à améliorer cela. Pour l'année prochaine je pense qu'ils vont peut-être changer un ou deux virages, puis ensuite ils vont continuer à faire des changements. […] Il faut améliorer la sécurité sur cette piste pour les MotoGP."

Aleix Espargaró regrette lui aussi que l'on mette aujourd'hui l'accent sur ce virage en particulier du fait des accidents de cette journée mouvementée, sans s'intéresser à d'autres portions qu'il juge tout aussi dangereuses. "Cela me met très en colère, parce que je ne sais pas pourquoi nous devons attendre deux chutes pour parler de la sécurité. Nous avons répété à maintes reprises qu'ici, les barrières sont très proches. Nous le savons. Et y compris dans d'autres virages où personne n’est tombé aujourd'hui. On dirait qu'il faut toujours attendre une chute pour commencer à le prendre plus au sérieux", accuse le pilote espagnol.

"Aujourd'hui personne n’est tombé dans le virage 12 mais à cet endroit, on a trois mètres de voie de dégagement et c’est un virage à plus de 200 km/h. Le problème c'est que Jerez est un circuit sûr −sincèrement, il l’est − mais les MotoGP vont de plus en plus vite avec les ailerons, les pneus, et tout ça", pointe-t-il. "Par exemple pour le virage 7, par le passé on freinait au 6, c'est un virage très lent, on accélérait et puis on prenait juste un peu de vitesse, mais maintenant, entre les virages 6 et 7, on gagne 150 km/h car il y a beaucoup d'appui. Les circuits deviennent donc de plus en plus petits en raison de la vitesse à laquelle nous allons."

Des graviers plus petits pour ralentir les pilotes dans leurs glissades ?

Pour Jack Miller, la solution n'est pas évidente à trouver compte tenu des caractéristiques de la piste, mais adopter des bacs pourvus d'un calibre de graviers plus petit qu'actuellement pourrait contribuer à ralentir les pilotes mal embarqués.

"Pour moi, le plus important qui doit être fait ici est la taille des graviers, car ici ils sont de la taille de cailloux de rivière : ce sont vraiment des gros morceaux et on voit que quand on y va, on rebondit toujours dessus et ça n'amortit pas vraiment comme à certains endroits comme Aragón ou c'est assez tendre et où ça te fait décélérer rapidement", a-t-il jugé en conférence de presse après les qualifications. "Donc je pense que pour des virages comme le virage 7, c'est la seule solution : les graviers sont trop gros, on l'a vu quand [Darryn] Binder est tombé et avec Marc ; ou encore quand ou quand Cal [Crutchlow] a chuté l'année dernière. On fait toujours des tonneaux et non une glissade qui fait ralentir en même temps."

Abondant dans le sens général des pilotes, le poleman Fabio Quartararo estime qu'il ne faut pas uniquement viser Jerez du fait que ce genre de configuration se retrouve en différents endroits et que les modifications sont limitées par la nature des lieux.

"Oui, c'est vrai que dans le virage 7, c'est un petit peu compliqué et on a vu que Marc a touché l'airfence assez fort. D'une manière générale, OK, c'est assez proche, mais ce n'est pas aussi sensible que dans le virage 7. On aussi vu [Brad] Binder aller dans les graviers dans le virage 5 et je pense qu'il y a quelques virages [concernés]… Mais à la fin c'est assez difficile de modifier le virage 7 car si je ne me trompe pas, il y a le virage 13 juste derrière. Il est difficile de dire ce qu'ils peuvent faire pour améliorer ça..."

Avec Chloé Millois et Guillaume Navarro

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