Les pilotes MotoGP évoquent leurs difficultés avec les réseaux sociaux

Touché par des critiques sur Twitter, Maverick Viñales a décidé de fermer son compte pour se concentrer sur d'autres plateformes. Une décision qui n'a pas laissé les autres pilotes indifférents, dans une période où l'on s'interroge sur la manière de mieux réguler les commentaires haineux.

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing Jack Miller, Ducati Team

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing Jack Miller, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Les réseaux sociaux ont attiré l'attention des pilotes MotoGP d'une façon inhabituelle ces dernières semaines, et particulièrement au lendemain du Grand Prix du Portugal. Maverick Viñales, qui venait de connaître un week-end difficile, a dû faire face à la circulation de rumeurs en Espagne quant au fait qu'il aurait supposément menacé de quitter le championnat après l'annulation de son chrono en qualification pour avoir dépassé les limites de la piste. Parti 12e suite à cet incident, le pilote espagnol avait fini la course 11e, loin derrière son coéquipier, vainqueur de la course.

Touché par ce qui s'apparentait à une fake news et par les commentaires que cela a entraîné, Viñales a répondu avec colère à ses followers avant de brutalement fermer son compte. De retour dans le paddock ce jeudi pour le Grand Prix d'Espagne, à Jerez, il a clarifié sa décision, affirmant que celle-ci était motivée par le peu d'utilisation qu'il faisait de cette plateforme par rapport à d'autres, sur lesquelles il partage aisément des moments de sa vie, professionnelle comme personnelle.

"C'est une application que je n'utilise pas trop. Je n’y allais pas beaucoup, alors nous avons finalement décidé de la supprimer. Je suis plus sur Instagram et TikTok, plus sur les vidéos et les réels. C’est ce que j’aime faire. Twitter semble parfois plus sérieux, donc finalement ce n'était pas la meilleure [application pour moi]. Je ne postais pas tous les jours des choses sur Twitter. Nous avons décidé de la supprimer et choisi de nous concentrer sur Instagram, les réels et aussi sur TikTok. C'est toujours amusant", a expliqué le pilote espagnol.

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Ce n'est pas le premier incident impliquant un pilote cette année, puisque quelques jours plus tôt Jack Miller avait indiqué avoir pris de la distance avec les réseaux sociaux pour ne pas subir les critiques après ses performances au Qatar. Depuis Jerez, l'Australien a expliqué ne pas vouloir y dédier son énergie, préférant laisser la gestion de ses comptes à un community manager, toutefois il a estimé que les réseaux sociaux sont "un mal nécessaire" qu'il comprend.

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"C'est un avantage. Vous savez, la première chose [que vous faites] lorsque vous traitez avec des sponsors ou quelque chose comme ça, c'est que vous regardez votre audience, combien de followers vous avez. Les gens paieraient beaucoup d'argent pour le compte de Maverick qui avait au moins − je n'ai aucune idée − 400'000 ou 500'000 followers sur Twitter", a-t-il expliqué. "Mais c'est juste de la merde. Je ne pense pas que ce soit la voie à suivre [de fermer son compte], car il y a de vrais fans qui veulent entendre de vos nouvelles, donc j'ai quelqu'un qui gère ça pour moi et c'est tout."

Le problème de critiques gratuites, non argumentées et potentiellement agressives étant étendu à une foultitude de milieux, le sport mondial tente de forcer les plateformes à mieux contrôler les comptes abusifs. Le football anglais mène par exemple une campagne visant à éradiquer les insultes raciales envers les joueurs, et l'UEFA se joint actuellement à un mouvement de silence de plusieurs jours sur les réseaux sociaux afin de protester contre le harcèlement en ligne.

À la merci de ce type de débordements à l'instar de d'autres pilotes, Aleix Espargaró s'est dit particulièrement en colère de ce qu'a subi Maverick Viñales. "On doit faire face à des personnes qui n'aiment pas quelque chose chez nous. C'est bien ; pour avoir du succès et progresser dans la vie, il faut accepter la critique. Mais le problème, c'est… Je crois que Twitter est l'un des pires réseaux sociaux, où l'on peut voir beaucoup de haine", a observé le pilote Aprilia. "Je sais comment est Maverick. C'est l'une des meilleures personnes que j'ai connues dans ma vie. C'est un gars vraiment super."

"Il essaie d'être aussi bon et aussi rapide que possible sur une MotoGP, ce qui est son travail, mais tout le monde peut connaître une mauvaise journée dans son boulot. C'est facile, on peut arrêter de suivre quelqu'un", a suggéré Espargaró. "Mais pourquoi doit-il faire face à la haine de certaines personnes quand il termine 12e ou deuxième ? Je suis très en colère à ce sujet, et sincèrement, Maverick a été le premier, mais je pense que Jack n'était pas loin de le faire aussi. Et je pense moi aussi fermer mon compte Twitter. Donc je pense que tout le monde doit se détendre, sinon tout ce qu'on obtiendra c'est que tous les athlètes fermeront leurs profils."

Espargaró a admis qu'une autre solution serait de céder les rênes de son compte à une agence, pour s'en détacher comme l'a fait notamment Miller. "Avec cette haine que l'on voit sur les réseaux sociaux, la seule chose que les gens vont obtenir c'est que les profils des athlètes vont commencer à être gérés par de grandes compagnies et ils ne seront plus personnels comme l'est par exemple le mien."

Aleix Espargaro, Aprilia Racing Team Gresini

Les efforts du football pour éradiquer la haine en ligne envers les joueurs paraissent nobles, et peut-être que le MotoGP pourrait suivre ce chemin. Mais il s'avère en réalité incroyablement difficile pour un sport de contrôler ces plateformes, comme le fait remarquer notamment Fabio Quartararo.

"Je pense que c'est assez difficile. Nous sommes tous des êtres humains", a expliqué le pilote français. "J'ai eu des moments difficiles dans le passé. C'est facile de faire un commentaire négatif quand on est dans son canapé devant la télévision et que quelqu'un connaît une mauvaise course ou des difficultés. Mais j'imagine que pour les gens qui ont 40 ou 50 ans, ça peut être leur fils qui fait ça et ils n'aimeraient pas voir des mauvais commentaires comme ça. En ce qui me concerne, je ne regarde pas vraiment les commentaires, et je crois que ça aide beaucoup. Il y aura toujours des gens qui diront des choses négatives quand les choses vont mal, mais peut-être que la même personne dira quelque chose de sympa quand vous gagnerez."

"J'en suis désolé, et je suis désolé que Maverick ait coupé la connexion avec ses fans sur Twitter à cause de certaines personnes stupides ou malpolies. J'espère qu'il rétablira sa connexion", a quant à lui réagi Franco Morbidelli, jugeant dommage que Maverick Viñales en soit arrivé à une décision radicale "à cause de certaines personnes qui veulent juste décharger leur haine sur un gars super et important comme l'est Maverick, et qui jettent sur lui leur frustration sans se soucier de la manière dont ils délivrent leur message".

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Marc Márquez a admis lui aussi s'impliquer le moins personnellement possible dans ses comptes, tout en comprenant l'intérêt de les conserver, notamment à destination des fans qui, eux, savent se montrer bienveillants et respectueux.

"Il est vrai que ce peut être très positif et très négatif. Très positif, car on peut être plus proche des fans et des gens, mais selon votre personnalité cela peut être très négatif pour vous", a-t-il estimé. "Ce que je déteste sur les réseaux sociaux, ce sont les faux comptes et toutes ces choses-là. Ce devrait être différent, il faudrait devoir indiquer son passeport et son vrai nom pour créer un compte. Mais ce n'est pas le cas, alors pour cette raison je ne lis pas beaucoup les réseaux sociaux, sans quoi on perd beaucoup de temps dans sa journée à tout vérifier. Normalement, quand je reçois un commentaire important, j'ai quelqu'un qui me le dit, qui me dit de regarder telle photo et tel commentaire, et alors je regarde."

"Le MotoGP fait du très bon boulot. Beaucoup de gens aujourd'hui suivent le MotoGP uniquement via les réseaux sociaux, parce que les TV changent et certains ne veulent pas voir le MotoGP de cette façon. Moi, je vois les réseaux sociaux comme quelque chose de positif. Vous partagez parfois votre vie privée, parfois non, mais vous avez une connexion spéciale avec vos fans. Certains peuvent être des haters, mais je m'en fiche."

Avec Chloé Millois

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