Le MotoGP veut ériger les pilotes en stars pour élargir son public

Le MotoGP espère transformer les pilotes qui ont pris le pouvoir en "ambassadeurs" de la catégorie, afin de séduire un public plus important. Aleix Espargaró s'inscrit dans cette volonté et estime qu'elle peut passer par les réseaux sociaux.

Valentino Rossi et le Champion du monde Francesco Bagnaia, Ducati Team

L'entrée dans les années 2020 a fait basculer le MotoGP dans une nouvelle ère. Le championnat a connu coup sur coup la fin de la domination de Marc Márquez, l'homme fort des années 2010, après sa blessure à l'été 2020, puis un an plus tard, la retraite de Valentino Rossi, figure phare du championnat depuis plus de 25 ans. Une nouvelle génération de pilotes, tous arrivés en 2019, a pris le pouvoir, avec les titres successifs de Joan Mir, Fabio Quartararo et Pecco Bagnaia.

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Ce renouveau au premier plan, avec un total de 12 pilotes qui ont connu leur premier succès en MotoGP entre 2020 et 2023, a pu troubler les habitudes des passionnés, avec une baisse d'audience sur certains marchés et d'affluence sur quelques épreuves, notamment en Italie, même si un rebond a ensuite été constaté l'an passé.

Le championnat a réagi en lançant les courses sprint mais réfléchit toujours à des idées pour promouvoir la catégorie avec plus d'efficacité, et aimerait pour cela transformer les pilotes actuellement au sommet en véritables stars. C'est l'une des missions de Dan Rossomondo, recruté par Dorna Sports en 2023 pour gérer l'aspect commercial du MotoGP. L'Américain travaillait jusque-là pour la NBA, où il était en charge des sponsors et des médias, et espère que les pilotes deviendront des icônes comme peuvent l'être les stars du basket.

"On a eu Michael Jordan, Magic Johnson, Lebron [James], Kobe [Bryant], Steph Curry... Ils dépassent tous le cadre du sport", a expliqué Rossomondo dans le podcast du MotoGP. "C'est fantastique parce qu'on touche un public qui ne se soucie pas que des matchs. Notre avantage est qu'on a 22 courses par an, le double si on compte les sprints. On a une opportunité pour tout faire grandir et tout améliorer. On peut trouver des solutions pour que les pilotes soient des ambassadeurs et montrent à quel point le championnat est bon."

Dan Rossomondo

Dan Rossomondo

Les réseaux sociaux, à travers lesquels les pilotes peuvent créer un lien direct avec le grand public, représentent un vecteur important pour élargir la popularité du MotoGP. Très actif sur ses comptes, Aleix Espargaró a senti les dirigeants du championnat évoluer dans cette direction en permettant aux pilotes de relayer des images de course, ce qui leur était auparavant interdit.

"La seule chose que je peux dire, c'est que pour la première fois depuis que je roule, ils sont plus ouverts et plus libres pour nous donner plus d'images, plus de vidéos, plus de minutes. Ils sont plus impliqués dans le contenu et je les ai souvent remerciés pour ça", s'est réjoui le pilote Aprilia. "J'ai également ouvert ma chaîne YouTube parce qu'ils m'y ont beaucoup incité, ils aident beaucoup pour ça. Je pense que c'est important."

Espargaró juge important de jouer son rôle pour faire grandir le MotoGP, et voit un besoin de faire émerger des personnages clairement identifiés pour susciter l'intérêt du public. Le Catalan milite pour que des initiatives soient prises afin de faire connaître des personnalités selon lui très fortes, à l'image de Fabio Quartararo.

"Selon moi, nous les pilotes, surtout en MotoGP, sommes leur actif. Si on réussit, si on est célèbres, la valeur des sponsors augmente, les bénéfices augmentent. J'ai l'impression qu'avant, ils ne pensaient pas vraiment que cela fonctionnait comme ça. Pour moi, plus on est célèbres, mieux c'est pour eux."

"Ils ont des personnages totalement différents. Fabio est une star, pour moi c'est comme Lando Norris : regardez la célébrité de Lando, Fabio devrait avoir la même et ce n'est pas le cas. C'est une chose que le championnat doit faire, ils doivent organiser des événements différents, ils doivent modifier la façon dont le marketing fonctionne autour des pilotes. Je pense qu'ils le comprennent parce que tout ne tourne pas autour de la compétition, malheureusement ! C'est une chose que l'on doit améliorer dans le championnat. Mais ils sont sur cette voie."

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing avec Aleix Espargaro, Aprilia Racing Team en facetime

Aleix Espargaró veut inspirer la jeune génération sur les réseaux sociaux

Il peut être paradoxal de voir ce combat porté par Aleix Espargaró, d'un côté plus conscient des enjeux financiers avec son statut de vétéran du plateau, mais que l'on pourrait également penser moins familier des codes des réseaux sociaux que la plus jeune génération.

"Ça devrait être l'inverse parce que je suis le plus vieux ! Il faut que les jeunes pilotes en montrent plus. Je sais que ce n'est pas facile parfois, on veut juste fermer la porte, rester chez soi avec sa famille. Mais au moins la moitié des gens qui aiment le MotoGP ne veulent pas voir que de la compétition, ils veulent voir plus de contenu. On est payés pour faire ça. C'est ce que j'ai essayé de faire [en 2023]." 

"Je dis souvent qu'avec mon CV, je suis dix fois plus connu que des pilotes Champions du monde, et c'est parce que j'essaie d'être plus ouvert, plus proche des supporters. Le championnat va également dans cette direction."

Le championnat n'a pas besoin d'être 'réparé', ou quelque chose comme ça. Il a tout ce que l'on veut dans un championnat moderne, en termes de liens avec les supporters, de performances, de héros.

Le MotoGP explore plusieurs solutions pour accroitre sa popularité et l'adapter aux nouveaux modes de consommation. La Formule 1 a su s'ouvrir à un nouveau public avec sa série sur Netflix, Drive to Survive, qui a inspiré un programme similaire, MotoGP Unlimited, proposé sur Prime Video. Moins romancée que celle de la F1 et critiquée pour ne pas avoir été tournée en anglais, la série documentaire n'a cependant eu droit qu'à une seule saison, portant sur la campagne 2021.

Aujourd'hui, Dan Rossomondo cherche à améliorer le narratif de la catégorie mais sans revoir les fondamentaux, estimant que tous les éléments pour son succès sont réunis et que la priorité est surtout de trouver des moyens de mieux la valoriser.

"Une chose qui m'a plu, c'est que le championnat n'a pas besoin d'être 'réparé', ou quelque chose comme ça", a précisé le directeur commercial du MotoGP. "Ce championnat est fantastique, il y a tout ce que l'on veut dans un championnat moderne, en termes de liens avec les supporters, de performances, des héros que nous avons. On veut que nos pilotes soient un peu plus célèbres mais le championnat est fantastique."

"Mon travail et celui de mon équipe, c'est comment raconter l'histoire de la meilleure façon, et comment la livrer aux gens. Par exemple, nous avons eu des records d'affluence sur certains circuits [en 2023], comme au Sachsenring et au Mans, mais il faut penser à ce que l'on fait en Allemagne et en France en dehors des circuits, comment on présente le championnat aux gens qui ne viennent pas, comment faire pour que notre championnat transcende le sport, qu'il entre dans la culture des gens."

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