Les craintes de Pol Espargaró avec Honda sont humaines et non sportives
Confiant dans son potentiel au guidon de la Honda grâce à la qualité de sa nouvelle équipe et à ce que lui-même a prouvé ces quatre dernières années, Pol Espargaró ne craint qu'une chose : quitter l'ensemble de son team technique.

Devenu officiellement pilote Honda le 1er janvier, Pol Espargaró ouvre un nouveau chapitre de sa carrière après avoir passé quatre ans sur la KTM. Une aventure qui s'est conclue par une solide saison, auréolée de cinq podiums, au guidon d'une moto désormais capable de gagner et redoutée par la concurrence, une RC16 qui s'avérait très complexe à piloter lorsqu'il l'a prise en main pour la première fois mais qui fait maintenant envie à tout le paddock.
Le pilote espagnol a admis à Motorsport.com que son premier contact avec le HRC avait eu lieu à la moitié de l'année 2019. Depuis, l'évolution de la RC16 a été si marquée qu'il en est venu à douter que rejoindre Honda soit le bon choix à faire. "On doute toujours des décisions que l'on prend, et quiconque dit le contraire ment", nous explique-t-il. "Après tout, ce sont les doutes qui vous rendent meilleur. Penser qu'untel ou untelle va être meilleur que vous, c'est ce qui vous pousse à faire des efforts."
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Une fois son transfert annoncé, le plus jeune des frères Espargaró n'a eu de cesse d'être confronté à ces doutes, nourris par les piètres résultats de Honda en 2020, alors que le constructeur a vu ses statistiques s'effondrer en l'absence de Marc Márquez. Dans le même temps, KTM a obtenu la récompense de ses efforts en remportant trois des 14 courses de la saison et en multipliant les apparitions sur le podium, jusqu'à largement battre la marque à l'aile dorée au championnat.
Pour autant, Pol Espargaró a continué de se dire convaincu d'avoir fait le bon choix. Certain que courir pour Honda saura lui apporter ce qu'il attend sur le plan sportif, il regrette surtout ce qu'il pourrait perdre sur le plan humain en quittant une équipe à laquelle il est très attaché.
"Les doutes que j'ai eus ont été davantage d'ordre humain, compte tenu de l'équipe de personnes que nous avons formée chez KTM au cours des dernières années. Pour mener la KTM là où nous l'avons menée, il est vrai qu'il faut bien la piloter, mais il est tout aussi important de créer un super groupe qui comprenne à la perfection la moto et le pilote", affirme l'Espagnol.
"Ma plus grande crainte est de ne pas pouvoir former un groupe comme celui que j'ai eu jusqu'à présent. En MotoGP, la meilleure moto du monde n'existe pas, ni le meilleur pilote, ni la meilleure équipe : c'est une combinaison des trois. C'est ce que Marc a réalisé en allant chez Honda. Il n'était pas à l'aise avec le groupe qui l'entourait quand il est arrivé [en 2013, ndlr] et changer cela faisait partie de sa motivation à ce moment-là, ce qui lui a permis de gagner année après année. S'il n'avait pas été à l'aise, il n'aurait probablement pas gagné autant de titres."
Pol Espargaró partira toutefois de zéro car, "pour des raisons contractuelles [qu'il ne peut] pas expliquer", il ne peut être suivi chez Honda par aucun des membres de son groupe de travail de KTM. Il a toutefois pleinement confiance dans le staff technique qui l'aidera au sein de sa nouvelle équipe, le même qui a encadré Álex Márquez l'an dernier. "Ce sont des personnes très bien préparés, avec un niveau élevé, et qui sont là depuis de nombreuses années. Je les connais et on s'est parlé mille fois dans le paddock. Ils sont pour la plupart catalans, comme moi. On s'entendra bien, c'est certain", pressent-il.
"Si j'ai réussi avec KTM, je peux y arriver avec Honda"
Séduit par la perspective d'intégrer une équipe qui l'a fait rêver depuis tout petit, Espargaró quitte un constructeur au sein de laquelle il faisait figure de leader, auteur des meilleurs résultats durant quatre ans − bien que la victoire, lorsqu'elle a été possible en 2020, lui ait échappé − et pièce maitresse du développement de la machine développée dans les ateliers de Mattighofen. L'Espagnol est toutefois parfaitement conscient que ses résultats chez Honda sont évalués différemment et sa réussite désormais jugée obligatoire. Mais il assure, confiant : "Quand j'ai commencé ce projet avec KTM, j'étais dernier sur la grille, et je l'ai terminé avec cinq podiums et deux poles. Je pense donc que, si j'ai réussi avec KTM, je peux y arriver aussi avec Honda."
Bien qu'il ambitionne d'élever son niveau, Pol Espargaró affirmait auprès du site officiel du MotoGP, lorsqu'il bouclait sa quatrième saison avec KTM en novembre dernier, ne pas vouloir viser de résultat particulier pour ses débuts avec Honda : "Je n'ai pas d'objectif. Je vais adopter la même méthode que ces quatre dernières années : travailler, travailler, et travailler encore plus. Si je l'ai fait chez KTM, je suis sûr que je pourrai le faire, ou que j'aurai l'opportunité de le faire chez Honda. Je vais vraiment essayer."
Ce travail acharné, s'il a pu commencer à distance pendant la coupure hivernale, va pouvoir se mettre en pratique bientôt, puisque les essais de pré-saison débuteront dans cinq semaines. Réduits à cinq jours, ils mèneront tout droit vers un premier Grand Prix récemment confirmé en date du 28 mars à Losail.

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À propos de cet article
Séries | MotoGP |
Pilotes | Pol Espargaró |
Équipes | Repsol Honda Team |
Auteur | Germán Garcia Casanova |
Les craintes de Pol Espargaró avec Honda sont humaines et non sportives
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