Pol Espargaró reproche au holeshot device de provoquer des chutes

Pol Espargaró estime que le holeshot device a un rôle dans les nombreuses chutes vues au premier virage au Sachsenring. Jack Miller n'est pas du tout de cet avis et Miguel Oliveira attribue plus le problème au pneu asymétrique utilisé ce week-end.

Pol Espargaro, Repsol Honda Team

Pol Espargaro, Repsol Honda Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Les chutes ont été nombreuses depuis le début du week-end du GP d'Allemagne, en particulier au premier virage, où six pilotes ont été piégés en deux jours. Pour Pol Espargaró, tombé trois fois depuis le début du week-end, le holeshot device a une responsabilité dans ces erreurs à répétition. Initialement utilisé uniquement pour les départs, en abaissant la moto pour éviter un wheelie synonyme de perte de grip, ce dispositif est désormais enclenché au début de certaines lignes droites, et se désactive automatiquement au freinage.

"On l'enclenche pendant le tour, donc il s'abaisse au dernier virage et il doit remonter au premier virage", explique le pilote catalan, qui précise que le système se désactive automatiquement sur sa machine : "Sur la Ducati, je n'en ai aucune idée. Sur les autres, ça devrait se désactiver mécaniquement quand on met la pression sur l'avant. L'arrière remonte dès que l'amortisseur avant descend. L'arrière remonte avec la même intensité."

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Les pilotes peuvent donc être surpris par le changement de position de la moto, d'autant que les machines continuent à battre des records de vitesse de pointe, la barre des 300 km/h ayant été franchie pour la première fois au Sachsenring ce week-end, repoussant encore les limites au moment d'entrer dans la phase de freinage. Après son retour à Portimão, Marc Márquez s'était ému des progrès effectués sur les machines, s'interrogeant sur l'intérêt de maintenir une course au développement effrénée qui génère un danger pour les pilotes, et son coéquipier va dans son sens.

"C'est sûr que [le variateur de hauteur] n'aide pas à l'arrière, en tout cas en ce qui nous concerne", confirme Espargaró. "Ça rend la moto plus instable, ce qui n'est pas sûr. Et après, les motos ont toujours plus d'appui, on a plus de puissance en ligne droite, ce qui implique plus de vitesse en fin de ligne droite et un freinage plus tardif. Le pneu avant est plus sollicité parce qu'il y a beaucoup d'appui à l'avant. Il y a plus de chutes et d'erreurs. La technologie nous rend plus rapides, mais à mon opinion, ça nous fait rouler plus à la limite que d'habitude."

Je n'ai jamais eu de chute à cause du holeshot device, mais il semble que Honda exploite à nouveau un peu quelque chose en essayant de le faire interdire pour qu'ils n'aient pas à le développer.

Jack Miller

Jack Miller ne partage absolument pas l'avis de Pol Espargaró. L'Australien estime que Honda est la seule marque à avoir un problème avec le holeshot device dans les phases de freinage, y voyant même une manœuvre de la marque pour faire interdire ce dispositif lancé par Ducati il y a trois ans. L'Australien juge au contraire le système utile pour gagner en stabilité quand il doit aborder un virage.

"Pol et Taka [Nakagami, ainsi qu'Álex Márquez] sont tombés donc c’est clairement que le holeshot device de Honda n'est pas bon", a-t-il lâché. "Celui [de Ducati] semble plutôt bien fonctionner. Je n'ai jamais eu de chute à cause du holeshot device, mais il semble que Honda exploite à nouveau quelque chose en essayant de le faire interdire pour qu'ils n'aient pas à le développer. Je n'ai pas de problème. Mais non, c'est bon pour moi, ça marche parfaitement bien, je pense même que ça marche mieux car en sortant de la descente [avant le premier virage] j'ai plus de poids sur l’arrière donc je peux freiner fort et garder l'arrière au sol."

Les pneus sont en cause, selon Oliveira

Pour Miguel Oliveira, il faut plutôt regarder du côté des pneus pour expliquer les chutes vues au premier virage du Sachsenring. Michelin a apporté des gommes asymétriques à l'avant comme à l'arrière, une chose nécessaire sur un circuit atypique avec dix virages sur la gauche mais uniquement trois sur la droite, ce qui implique des sollicitations différentes sur chaque côté du pneu. Le pilote KTM estime que la transition entre les deux parties empêche les pilotes de bien anticiper le niveau d'adhérence dans cette courbe.

"On sait que le pneu avant a deux composés ici, il est plus tendre sur le coté droit", explique Oliveira. "Quand on est sur la partie dure, ça amplifie la différence entre la partie tendre et la partie dure. Les sensations ne sont jamais bonnes et je sens que beaucoup de pilotes ont eu du mal à stopper la moto à cause de ça. Le point de freinage se trouve en haut d'une montée donc dans un premier temps, si on sollicite trop les freins, on ne pourra pas bien freiner. Je ne peux pas m'exprimer pour les autres, mais j'ai toujours préservé quelques mètres pour ne pas sortir large. Ça fonctionne pour moi."

Oliveira estime que l'un des problèmes les plus importants se concentre sur la zone de transition entre les deux composés du pneu, qui peut surprendre les pilotes : "Je pense que c'est une des raisons qui font qu'on ne peut pas tourner aussi vite qu'on le veut et garder la pression sur les freins à l'avant jusqu'à la corde, et ça crée une petite instabilité. Le pneu est trop tendre, ce qui peut facilement faire décrocher."

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Johann Zarco reconnaît de son côté que la situation est difficile pour Michelin puisqu'en plus des caractéristiques de la piste, le manufacturier clermontois a dû faire une sélection de pneus adaptée à une large fenêtre de températures. Une gomme plus dure aurait certes apporté plus de stabilité en courbe dans la forte chaleur subie ce week-end, mais Michelin devait aussi fournir une gomme utilisable avec des conditions plus fraîches.

"Je ne pense pas qu'on devrait avoir une gomme plus dure car celle-ci est assez dure et ça marche bien", a estimé l'auteur de la pole en conférence de presse. "Et puis, ce week-end il fait particulièrement chaud et je pense que c'est pour ça que Michelin ne pouvait pas apporter un pneu super dur à l'avant car s'il y avait eu 10°C de moins en piste on n'aurait pas pu l'utiliser. C'est ce qui est difficile à gérer. Je me sens plutôt bien avec le choix qu'on a ce week-end."

Avec Chloé Millois et Léna Buffa

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