Polémique MotoGP - La Direction Sportive aussi (ir)responsable que Rossi?

Jorge Lorenzo et Dani Pedrosa ont tenté de rester aussi politiquement corrects que possible lors de la conférence de presse d’après-course, en Malaisie, à laquelle Valentino Rossi, pourtant sur le podium, s’est autorisé à ne pas se présenter.

Le vainqueur de l’équipe Repsol Honda et celui qui lutte contre l’Italien pour le championnat du monde demeurent stupéfaits par la décision clémente prise par les commissaires sportifs suite à la grande polémique née du contact entre Rossi et Marquez en course, ayant laissé l’Espagnol sur le tapis après un coup de genou adressé par le célèbre n°46.

Interrogés sur le fait de savoir si leur attitude allait changer vis-à-vis de Rossi dans le futur, les deux pilotes ont rappelé que la manière dont le règlement est écrit et appliqué semble également encourager une escalade de comportements antisportifs.

Lorenzo pénalisé avec sévérité dans ses jeunes années

"Il ne m’a rien fait. Je ne partage simplement pas la décision de la Direction de Course, particulièrement en raison du fait qu’en 2005, quand j’ai fait des choses assez similaires, ils m’ont donné une course de pénalité. Des fois, la décision qu’ils peuvent prendre n’est pas la même", commente Lorenzo, prompt à rappeler que le traitement réservé à la superstar du MotoGP n’a pas été le même ce dimanche.

La Direction de Course a-t-elle pris la mauvaise décision en ne statuant pas immédiatement sur le cas de l’accrochage Rossi/Marquez directement en course? Les commissaires disposaient de plusieurs recours pour pénaliser Rossi avant l’arrivée, comme avec un ride through ou un drapeau noir, mais l'examen de la situation n'a abouti que sur une décision après la course, légère qui plus est. 

"Je partage cette opinion", tranche simplement Lorenzo, qui estime avoir dû prendre des risques en course pour maintenir Rossi derrière lui. "J’aurais pû chuter et tout perdre au championnat", argue le Majorquin, qui pense qu'une sanction en temps réel aurait été un exemple important à donner à tous les pilotes.

Pas de barème de sanctions clair dans le règlement

De son côté, Pedrosa pense que des règles claires doivent être gravées dans le marbre, pas tant au sujet de ce qui n’est pas correct que des sanctions à appliquer en cas de litige. Le règlement MotoGP manque d’un réel barème selon le vainqueur du jour.

"C’est ce que je veux dire à propos de la Direction de Course ; ce que je souhaite leur dire et ai essayé de faire de nombreuses fois dans le passé", commence-t-il avec raison. "Pas seulement pour le MotoGP, mais aussi pour le Moto2 et Moto3. Le règlement est bien, mais il y a des zones d’ombre dedans et quand ce genre d’action arrive, on ne sait jamais comment la juger".

Pedrosa rappelle que la Formule 1 dirige en temps réel les courses et les possibles incidents, sans toujours attendre l'arrivée. Et quoi qu'il en soit, le sport auto dispose habituellement de règles faciles à adapter en temps réel, avec des barèmes de sanctions clairs.

"Dans le cas de la F1, juste après un accident, vous voyez qu’ils savent qui est en tort ou qui a raison. Car les règles disent les choses d’une certaine façon, et ils s’en tiennent à ça. Mais dans notre règlement, c’est vraiment gris. En Moto2 et Moto3, on voit des actions vraiment stupides, où ils se touchent après la course et il n’y a pas de pénalités. Quand ils sont jeunes comme ça et qu’ils arrivent ensuite en MotoGP avec des motos plus puissantes, c’est un problème plus difficile à corriger. Mon point de vue est que le règlement devrait être plus exact sur ce qui est OK ou pas".

Je ne pense pas que le règlement dise actuellement que ce qui s’est produit aujourd’hui n’est pas OK. Il est clair que c’est une évidence, mais je ne crois pas que ce soit dans le règlement.

Dani Pedrosa

Des pénalités distribuées à la tête du client?

"Quand un pilote Moto3 fait ce qu’a fait Valentino aujourd’hui avec la jambe, la pénalité est bien plus importante", abonde Lorenzo, déterminé à ajouter que la sanction n’est jamais la même et que les commissaires semblent avoir été influencés ce dimanche par qui était concerné par la manœuvre et sa situation au championnat.

"J’ai pris aussi des risques à cause de ça, du fait qu’il n’y a pas eu de drapeau noir. J’ai dû pousser pour ne pas être repris par Valentino et j’aurais pu chuter et perdre le championnat".

Reste ainsi la question de l’autorité suprême de la FIM, qui devrait, selon Lorenzo, garder sa légitimité en statuant exceptionnellement sur de grandes décisions sportives telles que celle qui intéresse tout le sport ce weekend. Il en va du respect des règles sportives et humaines.

"Je pense que si ce sport est juste, la Fédération Internationale devrait faire quelque chose à cette occasion pour rendre cette décision plus juste. J’espère que ça se produira".

"Je ne connais pas la politique", botte en touche Pedrosa. "Je ne peux pas répondre. Je pense simplement qu’il faut améliorer le règlement en de nombreux points".

Quoi qu’il en soit, cette zone d’ombre n’existe pas sciemment dans le règlement, selon Lorenzo, qui ne veut pas croire que les autorités sportives se refusent à statuer sur une uniformisation des règles.

"Je pense que si un autre pilote faisait exactement la même chose que ce qu’a fait Valentino aujourd’hui, il serait plus sévèrement sanctionné. C’est vrai que peut-être qu’ils ne peuvent pas à cause du règlement? Mais je suis sûr qu’il y aurait au minimum un ride through, un drapeau noir ou une course de pénalité. Mais ça ne s’est pas produit, et je suis très déçu".