Poncharal : Gagner est un rêve, il ne faut pas en faire une obsession

Le directeur de l'équipe Tech3 aimerait plus que quiconque pouvoir célébrer une victoire avec Johann Zarco, cependant il met en garde contre un objectif qui pourrait tourner à l'obsession.

Le poleman Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Hervé Poncharal, directeur Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Le poleman Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Le poleman Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3
Le poleman Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3

On tendrait parfois à oublier à quel point les délais d'adaptation des pilotes à une nouvelle catégorie ou une nouvelle moto sont extrêmement courts, et à malgré tout nourrir bien trop tôt des attentes particulièrement élevées à leur égard. Un triple Champion du monde MotoGP peut être mis au pilori parce qu'en 23 courses avec une moto diamétralement différente de celle qu'il a toujours connue, il n'a pas réussi à s'imposer. Et un rookie très prometteur pourrait presque être jugé décevant s'il ne parvenait pas à gagner, malgré sa courte expérience en catégorie reine et le fait qu'il évolue au guidon d'une machine satellite.

Mais il est bon de parfois tempérer un peu les attentes et énoncer des objectifs plus réalistes, ce que Hervé Poncharal se charge de faire dans le cas de Tech3. La victoire tant espérée, voire attendue, se refuse pour l'instant à Johann Zarco, qui peut parfois devoir composer avec une certaine déception. Ce fut le cas sur son Grand Prix national, lorsqu'en partant de la pole et face à un public nourri et acquis à sa cause, il a chuté.

"Jusqu'au GP de France, je pense que nous avons fait une saison quasi parfaite et au-dessus de ce que nous pouvions espérer, notamment vu le matériel qui était à notre disposition. Johann et l'équipe technique Tech3 ont fait un boulot incroyable", souligne Hervé Poncharal auprès de Motorsport.com. "Nous sommes arrivés au GP de France en étant deuxièmes au championnat, nous avions fait deux fois deuxièmes, le samedi nous avons fait la pole… Il est clair qu'on ne peut pas complètement occulter le fait que, depuis dix jours, c'était en permanence : 'Tu vas la gagner ?', 'Quand est-ce que tu vas gagner ?', 'Celle-là tu vas la gagner ?' Tous les gens qui l'arrêtaient dans le paddock, [lui parlaient] de la Marseillaise."

Les ambitions au sujet de Zarco ont été décuplées par son retour au Mans, théâtre l'an dernier de son premier podium, or cette attente massive, bien que bienveillante, a pu jouer un rôle dans l'issue malheureuse de la course, d'après le directeur de l'équipe Tech3.

"En course, ça n'aurait pas été le GP de France, je suis intimement persuadé que Johann n'aurait pas fait ce qu'il a fait – parce que c'était une boulette. Il a certainement voulu trop en faire, trop tôt. Je ne lui jette pas la pierre, il a été jusqu'au bout de son aventure, mais si ça n'avait pas été le GP de France, à mon avis il se serait battu pour le podium et aurait fait un podium", estime Poncharal, conscient que l'erreur fait partie intégrante du parcours de tout pilote, quel que soit son classement ou son âge. "Il n'y a aucune amertume. Il y a de la tristesse, un peu de déception, mais il n'y a rien de négatif vis-à-vis de Johann. Il a été au bout de son rêve, il a fait ce que tout le monde attendait qu'il fasse et ça n'est pas passé."

Cette leçon ayant été retenue, Hervé Poncharal met en garde contre une victoire si espérée qu'elle en deviendrait une idée fixe. "Je pense que le fait d'être absolument obsédé [par la victoire] et de systématiquement parler de victoire dans tous les communiqués, quelque part c'est un aveu de faiblesse. La victoire, elle viendra le jour où elle viendra, ça n'est pas la peine de faire des incantations", pointe-t-il. "Je ne suis pas obsédé par cette victoire. Évidemment qu'on en rêve et que ce serait fabuleux si on l'avait en MotoGP, mais si elle doit venir elle viendra et ça n'est pas en disant sans arrêt 'Je cours après la victoire' qu'on va l'avoir."

"Il faut faire du mieux qu'on peut. Johann l'a dit : 'Il faut que j'accepte que je ne peux pas être au top partout et il faut que je prenne des points'. Il faut travailler comme ça", ajoute le patron de l'équipe française. "Il faut prendre chaque course comme une nouvelle aventure et voir si un jour ça peut le faire, mais pas en faire une obsession."

Une saison calquée sur la précédente

Aujourd'hui quatrième du championnat, Johann Zarco compte sensiblement le même nombre de points qu'il y a un an (73 contre 75). Le Grand Prix de France est finalement le seul score vierge enregistré, son compteur ayant été alimenté par deux deuxièmes places (Argentine et Espagne) et quatre autres arrivées dans le top 10.

Pour Hervé Poncharal, la typologie des pistes arpentées joue un rôle dans ces résultats, dont la tendance semble calquée sur celle de l'an dernier. "On savait que, jusqu'au Mans, les circuits seraient moins handicapants que le Mugello ou Barcelone par rapport à notre matériel. Si on regarde les courses 2017 et 2018, c'est quasiment un copier-coller : on a été très vite au Qatar, très vite en Argentine, on a limité les dégâts mais souffert au Texas, on a été très vite à Jerez et au Mans, et on a commencé à souffrir au Mugello."

"Il y a des explications techniques", concède-t-il. "Notre handicap numéro un se situe surtout au niveau du moteur, or ce sont des circuits où il faut du moteur. Tu ne peux donc pas tout couvrir et surpiloter en permanence. Il faut accepter [et se dire] 'OK, là je vais faire sixième parce que je vais prendre dix points et c'est comme ça que je vais bétonner au championnat'. L'année dernière, c'est à la fin du championnat – Motegi, Australie, Malaisie et Valence – qu'il est revenu."

Si l'on en croit l'expérience de la saison 2017, la patience de Johann Zarco pourrait donc être mise à mal durant une partie de l'été, avant que le calendrier ne mène le MotoGP vers des contrées qui lui seraient plus favorables… À moins que le championnat 2018 commence à écrire sa propre histoire, et pourquoi pas dès cette semaine aux Pays-Bas où le résultat final de la course ne reflétait pas l'an dernier le potentiel de Tech3. On se souvient notamment que le Français avait signé à Assen sa première pole position.

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