Après Ponsson, Torres : les pilotes veulent un test pour les débutants

L'identité des pilotes remplaçants choisis par Avintia continue de faire débat. Les titulaires MotoGP souhaitent que l'occasion soit saisie pour mettre en place des règles plus strictes.

Christophe Ponsson, Avintia Racing

Christophe Ponsson, Avintia Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Dans les jours qui ont suivi la participation de Christophe Ponsson au Grand Prix de Saint-Marin, l'équipe Avintia a annoncé son remplacement par Jordi Torres pour l'épreuve d'Aragón, une décision qui a provoqué l'écœurement du Français, frustré d'être débarqué sans avoir pu aller au bout de son engagement pour véritablement faire ses preuves. Son premier Grand Prix MotoGP restera, pour l'instant, une expérience unique et elle lui laissera un souvenir amer compte tenu de la polémique qui a entouré sa présence.

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Parmi les pilotes qui avaient salué son attitude à Misano, Aleix Espargaró a tenu à recentrer le débat, jeudi, lorsque la question a une nouvelle fois été abordée. "Je me sens mal pour lui et ce n'était pas de sa faute, mais celle des règles. Je dois dire qu'il a bien progressé durant le week-end, mais le problème n'est pas qu'il ne court pas ici : c'est qu'il n'aurait pas dû être en mesure de courir à Misano ! C'était même bien plus dangereux pour lui d'être à Misano qu'ici. Maintenant il est bien mieux préparé."

"C'est une question de règles. C'est la faute de la Dorna ou de l'IRTA, mais pas des pilotes", affirme le pilote Aprilia, qui milite pour la mise en place d'un test préparatoire de découverte, comme une étape essentielle pour valider la participation d'un nouveau-venu à un Grand Prix. "Ce n'est pas super difficile, je pense, d'organiser un test d'une heure le mercredi sur un circuit en Europe avec une MotoGP. Ce n'est pas possible d'arriver comme ça sans avoir essayé les freins carbone auparavant et sans être monté sur une MotoGP. C'est vraiment dangereux le premier jour quand ils sont là."

Et l'Espagnol se montre d'autant plus ferme sur cette question que lui-même a connu une expérience similaire lorsqu'il a été appelé à remplacer Mika Kallio chez Pramac en 2009, alors que son parcours mondial se résumait à l'époque aux 125cc et aux 250cc. "Je n'étais pas prêt !" se souvient-il. "J'étais chez moi, sans courir, je me souviens être arrivé à Indianapolis et la première fois que j'ai touché les freins, j'ai failli aller dans les graviers car le carbone est différent, tout est différent. Après, j'ai connu une bonne course et j'ai été très proche du top 10, mais je pense que c'était une erreur que j'aie été en mesure d'y courir."

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La situation s'est représentée ces dernières années, avec notamment la participation de Javier Del Amor au Grand Prix de Catalogne 2013 (où il a fait ses débuts lors des EL4 !), puis l'arrivée de Mike Jones au Grand Prix d'Australie 2016, tous deux déjà avec le team Avintia. "C'était la même chose. Et en Australie, c'était encore plus dangereux car c'est encore plus difficile", pointe Espargaró.

"Bautista a dit quelque chose de très intéressant : il y a huit ou dix ans, le pilote qui était 15e était à 3''5 de la pole position ; mais maintenant, le 15e est à 0''8. Donc quand quelqu'un de nouveau arrive, [et qu'il est à] sept secondes, c'est impossible. Les temps ont beaucoup changé et il faut adapter les règles comme on le fait dans plein d'autres domaines", poursuit Aleix Espargaro. "Avant, si [le nouveau] était à sept secondes, peut-être que le pilote qui le devançait sur la grille était 1''5 devant lui. Ponsson, j'étais triste pour lui, car le plus proche était cinq secondes devant lui."

Christophe Ponsson, Avintia Racing

Andrea Dovizioso rejoint le point de vue du pilote Aprilia quant à la nécessité d'organiser un test préalable à toute participation et de responsabiliser les décideurs. "On en a parlé à la Commission de sécurité et une des idées était de faire une règle pour qu'il y ait un test avant de faire une course, si vous n'avez jamais piloté une MotoGP. C'est une moto complètement différente et, même si vous êtes très rapide, c'est trop difficile de gérer toutes les choses différentes", affirme-t-il. "Il est certain qu'il faut qu'on essaye de gérer cette situation. Non pas dire 'Toi non, toi oui', mais il faut qu'il y ait quelque chose avant [qu'un pilote] ait la chance de faire cela."

"Pour ce qui est de la première fois sur une MotoGP, tous les pilotes préfèrent avoir l'opportunité que ce soit pendant un test, mais si vous êtes pilote et que vous avez la chance de piloter une MotoGP, peu importe quand ça se passe : vous allez essayer ! Mais le fait est qu'on vous donne cette chance, alors il faut qu'on gère les choses pour que cette chance ne se présente pas", renchérit Marc Márquez.

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Torres non plus n'a jamais piloté de MotoGP

Christophe Ponsson absent, le guidon de la GP16 a été cette fois attribué à Jordi Torres, or celui-ci n'a jamais piloté non plus de MotoGP. Et bien qu'il possède plusieurs années d'expérience en Moto2 et en World Superbike, Aleix Espargaró est tout aussi opposé à sa présence qu'à celle de Ponsson. "Ce sera aussi sa première fois, et je ne suis toujours pas d'accord. Il faut quelque chose comme une Super Licence. Je sais que ça n'a pas l'air vraiment cool, mais quelque chose comme ça", estime l'Espagnol.

"C'est un peu la même chose qu'à Misano, mais Jordi court en World Superbike, il a donc plus d'expérience. Je pense qu'il sera plus rapide", tempère Marc Márquez. "C'est toujours difficile de faire ses débuts sur une MotoGP pendant un week-end de course, parce qu'on n'a pas le temps. Les EL1 seront très, très difficiles pour lui. Mais ce qui est important, c'est que Jordi a au moins l'expérience de courir dans l'un des meilleurs championnats au monde, qui est le WSBK."

Autre piste abordée en Commission de sécurité par les pilotes, à Misano, celle de modifier la règle des 107% qui place aujourd'hui la limite au-delà de laquelle un concurrent est jugé trop lent pour prendre part à la course. Rappelons que Christophe Ponsson se trouvait au-delà de cette limite lors des premiers essais libres, mais qu'il y est entré à partir des EL2 et s'est qualifié dans les règles prévues par le championnat.

"En plus de ce que [ces pilotes] ont fait auparavant, je pense qu'on devrait aussi se pencher sur les 107% pour qu'ils puissent piloter ces motos", défend Cal Crutchlow. "Il ne s'agit pas uniquement de venir piloter ces motos, parce que tout le monde peut le faire en payant pour un week-end. C'est qu'elles sont difficiles à piloter. Le MotoGP est une catégorie difficile, il faut apprendre les pneus, la moto, le moteur, le châssis. Je pense donc qu'il devrait y avoir une règle quelconque."

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Réduire la limite permettant d'exclure un pilote d'un Grand Prix présente toutefois des risques qui pourraient se retourner contre les concurrents habituels du championnat, ce qui pousse Dovizioso ou encore Márquez à s'opposer à une modification de la sorte.

"On a parlé de réduire un peu cette limite des 107%, mais il vaut mieux faire des changements en réalisant un test au préalable", répète l'Espagnol. "Avec les 107%, il faut être flexible parce que parfois sous la pluie, sur un circuit très long ou avec des conditions de piste étranges, cela peut être [limite]. Je pense donc qu'il vaut mieux travailler d'une autre façon, qui serait d'avoir un test préalable ou quelque chose comme ça."

Avec Guillaume Navarro

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