Portimão : Michelin aborde un GP inédit avec une allocation renforcée
Dernier Grand Prix et nouveau défi : le MotoGP se rend cette semaine sur un circuit qui n'a encore jamais figuré au calendrier et pour lequel Michelin, à l'instar des équipes, ne dispose que de peu de données.

Après deux rendez-vous en Aragón et deux autres à Valence, le MotoGP quitte cette semaine l'Espagne pour le dernier Grand Prix de sa saison. Il s'agira en l'occurrence d'une manche inédite organisée à Portimão, un circuit considéré comme étant très exigeant pour les pneus au vu de sa configuration, mais qui a aussi été pointé du doigt pour sa faible adhérence lorsque la Formule 1 y a disputée une course qu'elle aussi a ajoutée à son calendrier pour compenser les annulations engendrées par le COVID-19.
Pour ce week-end riche en inconnues, Michelin a préparé un nombre de pneus plus élevé que ce que prévoit l'allocation de base, afin de faire face d'une part à ces incertitudes qui perdurent au vu du manque de données, et d'autre part à un programme rallongé, mis en place car les pilotes ont encore beaucoup à apprendre de cette piste malgré une récente séance de découverte.
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Dans un entretien accordé à Motorsport.com, Piero Taramasso, responsable deux roues de Michelin Motorsport, explique ce qui a été prévu par le manufacturier pour cette finale, potentiellement très ouverte au vu du manque d'expérience des acteurs du championnat sur place.
Le MotoGP se rend cette semaine à Portimao, ce qui représente une sorte de saut dans l'inconnu pour tout le monde puisqu'il s'agit d'une piste nouvelle au calendrier, même si vous avez pu y mener des tests avec les pilotes d'essais au mois d'octobre.
C'est précisément la raison pour laquelle une des nouveautés est que les EL1 et les EL2 seront rallongés de 25 minutes, afin de donner le temps aux pilotes de commencer à découvrir ce nouveau circuit. Il est vrai que nous avons fait un test, et nous y avions eu des conditions idéales, avec 27°C dans l'air et plus de 40°C au sol. Pour ce week-end, en revanche, les prévisions évoquent des maximales de 20°C, je ne pense donc pas que la piste dépassera les 30°C.
C'est en tout cas un circuit qu'il ne faut pas sous-estimer, parce que même si nous avons eu la possibilité d'y faire un test, nous savons que le niveau augmente quand les titulaires entrent en jeu. Et puis c'est un circuit qui a un asphalte assez agressif, qui génère donc de l'usure sur les pneus, et une configuration très marquée par les changements de dénivelé. Il est par exemple très exigeant pour le pneu avant dans les phases de freinage, mais il tend à le décharger dans les portions en côte. Sur l'ensemble d'un tour, on rencontre donc des situations complètement opposées en termes d'efforts, de températures et de pressions.
Quelles options apporterez-vous afin de répondre à ces difficultés ?
Nous apporterons quatre spécifications à la fois à l'avant et à l'arrière. C'est permis par le règlement quand on se rend sur un circuit sur lequel il n'a pas été possible de réaliser de test avec les pilotes titulaires. À l'avant comme à l'arrière, nous aurons un pneu soft, un medium et deux spécifications différentes de gomme hard.
Quelle est la différence entre ces deux pneus durs ?
En ce qui concerne l'avant, l'un des pneus est symétrique alors que l'autre est asymétrique et présente un mélange un peu plus dur sur le côté droit, celui du plus grand nombre de virages. À l'arrière, la situation est similaire, mais la différence est que le plus dur que nous apportons est le pneu symétrique, car il est entièrement composé du mélange que le pneu asymétrique a sur le côté droit. C'est un pneu dont nous pensons toutefois qu'il ne pourrait être utilisé que si le niveau d'usure devait se révéler extrêmement élevé. Nous l'avons déjà utilisé sur d'autres circuits, il n'a pas de problèmes pour être porté à température et il fonctionne dans une fenêtre plutôt large.

Par rapport à la gamme complète de vos gommes, vous êtes-vous dirigés vers le plus dur ou le plus tendre en vue de Portimão ?
Je dirais que nous sommes dans une fenêtre medium-soft, car nous devons aussi compenser le fait que les températures ne sont pas trop élevées. Nous avons des gommes beaucoup plus dures, mais elles sont pensées pour la Malaisie, la Thaïlande ou le Qatar, des circuits qui sont agressifs en termes d'usure et présentent aussi des températures très élevées. Ce circuit, par contre, est exigeant, mais on y trouve des températures relativement basses.
La Formule 1 a couru à Portimão il y a un mois, et les pilotes se sont beaucoup plaints de la faible adhérence offerte par la piste. Est-ce quelque chose que vous avez vous aussi observé lors du test avec les pilotes d'essais ?
Oui, mais nous avions été les premiers, je crois, à rouler, juste après le resurfaçage. Il est vrai que le niveau de grip était faible, mais quand le sol vient d'être refait, beaucoup de composants chimiques, comme des huiles et du goudron, se trouvent encore à la surface et cela n'aide pas. Pour le moment, nous n'avons pas beaucoup de données, mais il a aussi souvent plu. Nous pensons en tout cas pouvoir couvrir toutes les conditions avec les quatre options que nous avons apportées pour l'avant et l'arrière.
Vendredi, les pilotes disposeront de 50 minutes d'essais en plus. Avez-vous pris des mesures par rapport à cela ?
Oui. Les pilotes disposeront d'un plus grand nombre de pneus : ls pourront en utiliser 12 à l'avant au lieu des dix standards, et 14 à l'arrière, soit deux de plus que l'allocation de base. Ce sont les équipes qui pourront choisir les mélanges pour ces pneus supplémentaires, mais je crois qu'il s'agira de tendres et de medium, car ce sont les meilleures solutions pour découvrir une nouvelle piste.

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À propos de cet article
Séries | MotoGP |
Événement | GP du Portugal |
Lieu | Portimão |
Auteur | Matteo Nugnes |
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