Pourquoi les pilotes n'ont pas de radio en MotoGP

Très présentes en Formule 1, les communications radio sont absentes en MotoGP, et les pilotes ne sont informés qu'à travers le système de panneautage et leur tableau de bord. Des essais ont pourtant été menés en 2020, sans véritablement convaincre.

Johann Zarco, Pramac Racing

C'est l'une des images fortes de la première moitié de la saison. Aleix Espargaró avait la deuxième place assurée au Grand Prix de Catalogne, mais entre son panneau difficile à apercevoir depuis la piste et la tour du circuit utilisant une convention inhabituelle pour indiquer à quel stade en était la course, le pilote Aprilia a cru voir l'arrivée un tour trop tôt et a commené à ralentir, laissant filer le podium.

Espargaró n'est pas le premier pilote moto à avoir commis une erreur de la sorte mais elle serait plus improbable en Formule 1, où les pilotes sont en contact permanent avec leur ingénieur par le biais de la radio. Les informations essentielles, comme le nombre de tours restants, leur sont ainsi régulièrement communiquées.

Davide Brivio, ancien patron de Suzuki et passé par l'équipe de F1 Alpine l'an passé, a d'ailleurs jugé les communications radio et ce lien constant entre le pilote et son équipe comme la principale différence avec le MotoGP. Mais si ce système a fait ses preuves, pourquoi n'a-t-il pas été adapté à la compétition sur deux roues ?

Le système de panneautage reste très utilisé en MotoGP

Le système de panneautage reste très utilisé en MotoGP

Les essais de radio n'ont pas convaincu en 2020

Longtemps, c'est la technologie qui a freiné l'introduction d'un tel système, difficile à intégrer dans le casque d'un pilote en mouvement sur sa moto, et certains d'entre eux craignaient également d'être perturbés par des messages envoyés au mauvais moment, voire de perdre en liberté dans leur pilotage. Mais après les différentes interruptions dans les courses disputées au Red Bull Ring en 2020, les pilotes ont demandé que de nouvelles évaluations soient menées.

Pendant les essais du GP de Saint-Marin 2020, Stefan Bradl, qui remplaçait déjà Marc Márquez, a ainsi pris la piste avec des écouteurs sous son casque, pas directement lié aux membres de Repsol Honda mais à la direction de course, qui pouvaient lui transmettre de courts messages pré-enregistrés. Les évaluations ont continué dans le test post-course, avec d'autres pilotes, mais elles n'ont pourtant pas été suivies d'effets et, deux ans plus tard, ce système de communication semble totalement abandonné.

Selon Johann Zarco, la radio n'a pas véritablement fait ses preuves. "On avait testé ça à Misano mais ça n'avait vraiment pas conquis les pilotes", expliquait le pilote Pramac l'an passé. "Je vais rarement en Commission de sécurité [mais] on n'en a pas reparlé, je n'ai pas entendu de nouvelles infos. Déjà, c'est Bradl qui l'avait le plus testé. Pour le confort dans l'oreille, dans le casque... On a les boules Quiès, est-ce que c'était dessus, est-ce que ça pouvait les remplacer ? Sur ça, c'était délicat. On a dit 'On ne veut pas être perturbés dans nos oreilles' et c'est pour ça que pour le moment ça ne prend pas."

De nombreux messages affichés sur le tableau de bord

Red Bull KTM Tech3 tableau de bord

Ce n'est pas pour autant que les pilotes sont privés d'informations. La direction de course et les équipes s'appuient de plus en plus sur l'écran présent sur chaque moto pour transmettre des messages. "On arrive à avoir pas mal d'infos sur le tableau de bord", a souligné Zarco. Dans un premier temps utilisé pour prévenir les pilotes des drapeaux agités en piste ou d'une pénalité, le dispositif permet aux équipes de transmettre des messages depuis la saison 2018. Le MotoGP continue de renforcer ce système en y ajoutant régulièrement des nouveaux messages.

Après le GP de Catalogne 2021, où la combinaison de Fabio Quartararo s'est ouverte, la direction de course a renforcé la liste des messages à sa disposition, pour informer un pilote d'un problème sur son équipement mais aussi le prévenir après un comportement inapproprié en piste le plaçant sous le coup d'une pénalité.

Le tableau de bord reste cependant un outil imparfait. Au GP d'Émilie-Romagne 2020, Fabio Quartararo a assuré ne pas avoir reçu un message lui annonçant une pénalité long-lap et après l'erreur d'Aleix Espargaró à Barcelone, Joan Mir a assuré ne faire "jamais confiance" aux informations sur le nombre de tours affichées sur l'écran, pourtant censées prévenir les pilotes que la course est terminée.

Malgré la débauche de technologie du MotoGP, l'outil favori des pilotes reste donc le bon vieux panneau présenté depuis le muret des stands.

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