Pourquoi Quartararo ne changera pas d'approche dans la quête du titre

Fabio Quartaro a perdu la tête du championnat après sa chute au GP de Saint-Marin. Mais, comme il l'explique à Motorsport.com, cela ne va pas le pousser à revoir son approche pour la deuxième course de Misano, le GP d'Émilie Romagne.

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Tout au long de l’année 2019, Fabio Quartararo a acquis l’étiquette de prétendant au titre pour la saison actuelle, grâce à ses incroyables performances sur sa Yamaha "version B". Avec sept podiums et six pole positions dans une magnifique première saison, il a commencé à inquiéter les leaders de la catégorie.

Et lorsque Marc Márquez a, suite à une chute au Grand Prix d’Espagne en juillet, qualifié le pilote français de menace pour le titre, ce dernier a répondu aux attentes. Après avoir décroché son premier succès au GP d’Espagne, Quartararo a dominé le GP d’Andalousie la semaine suivante.

Mais 12 mois après avoir manqué de peu la victoire face à Márquez à Misano, la situation s’est inversée : Quartararo n’a inscrit que 20 points en quatre courses et il n’a décroché aucun top six dans les GP de République-Tchèque, d’Autriche, de Styrie et de Saint-Marin.

Yamaha a été frappé par des problèmes de moteur cette saison, en raison de soupapes défectueuses provenant d’un fournisseur. Depuis Jerez, Yamaha a réduit le régime moteur de toutes ses machines. La baisse de forme de Quartararo coïncide avec ce choix et il est difficile d’y voir un hasard.

Durant une conversation avec Motorsport.com via Zoom avant le GP d’Émilie-Romagne à Misano, Quartararo a fait un lien entre ses difficultés sur la moto (qu’il attribuait à la fois au moteur et au châssis la semaine dernière) et l’interdiction par Yamaha d’utiliser des réglages électroniques qu’il avait auparavant. "J’ai eu pas mal de problèmes après Jerez", a déclaré Quartararo à Motorsport.com. "Quand tout se passe à la perfection et que l’on ne peut plus utiliser les mêmes réglages, c'est une grosse déception."

Le week-end dernier, Quartararo a évoqué une "bonne nouvelle" qui pourrait arriver au GP de Catalogne, dans une semaine, et a fait référence à des réglages électroniques qu’il ne "parvient pas à utiliser en ce moment". Cette nouvelle tant attendue n’est pas encore arrivée. Et lorsque Motorsport.com lui demande ce que lui apporteraient ces réglages électroniques, il répond avec humour : "Désolé, je ne peux pas vous le dire."

Yamaha a testé plusieurs nouveautés mardi à Misano, dont un nouvel échappement et un bras oscillant en carbone. Il estime que ces éléments ne pourront pas résoudre ses problèmes avec la Yamaha, mais il "s’habitue" à rouler avec ces difficultés.

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Habitué à devoir faire face à des difficultés

Quand on veut franchir un cap en MotoGP, ce genre de problèmes peut être particulièrement difficile pour un jeune pilote. Mais le parcours de Quartararo dans les catégories dédiées aux jeunes, de 2015 à 2018, l’a habitué à analyser des situations difficiles avant de s’y atteler méthodiquement. "Je pense que mon parcours en Moto2 et Moto3 a été très difficile", estime-t-il. "Mais j’ai appris des choses. 90% de mes saisons 2016 et 2017 était négatif, mais j’ai retenu le 10% de positif. C’est l’expérience que j’ai acquise. Donc oui, cela m’aide quand je sais que je peux être plus rapide, mais qu’ils répondent 'Non, tu ne peux pas utiliser ceci, tu ne peux pas utiliser cela'. Donc oui, c’est l’idée. Mais je m’y habitue, je commence à être assez rapide."

La Yamaha est performante à Misano, comme cela s’est vu avec la victoire de Franco Morbidelli, son équipier chez SRT, et la pole Maverick Viñales, premier d'un quadruplé de Yamaha ; du jamais vu depuis 1988 en qualifications! En d’autres termes, Misano est l’endroit idéal pour reprendre la tête du championnat perdue en faveur d’un Andrea Dovizioso en difficulté mais constant. Mais peut-être pas.

Quartararo a déclaré après le GP de Saint-Marin qu’il ne se "préoccupe pas" du championnat. On pourrait y voir une volonté de fuir la pression ou de l’arrogance. Mais ce n’est ni l’un ni l’autre. Il ne faut pas oublier que Quartararo n’a disputé que 25 courses en MotoGP et qu’il n’est âgé que de 21 ans. Il a le temps pour lui et en a conscience. L’an prochain, il remplacera Valentino Rossi chez Yamaha factory, même s’il ne voit pas les choses de cette façon : "A mes yeux, je ne le remplace pas parce que Valentino est Valentino". C’est au cours des deux prochaines années qu'un titre sera véritablement attendu.

Evidemment, Quartararo ne va pas chercher à ne pas remporter le titre 2020. Mais il aborde sa saison course après course, en essayant de maximiser chaque week-end. Pour le dire autrement : il pose les jalons pour devenir un véritable prétendant au titre, en affichant la même constance extrême que Márquez.

"Ce n’est que ma deuxième saison en MotoGP", rappelle Quartararo. "Je vais faire de mon mieux pour gagner, mais je ne me concentre vraiment pas trop sur le championnat. Je me dis juste 'Ok, nous sommes à Misano, il faut faire au mieux à Misano'. 'Nous sommes à Barcelone, je vais faire de mon mieux à Barcelone'. Je ne me dis pas 'Wahou, Marc n’est pas là, je dois penser au championnat'. Non."

"Je pense que pour gagner un championnat, il faut gagner beaucoup de courses et marquer beaucoup de points. Et en fait, j’ai vraiment peu de points par rapport à la norme. Normalement, après six courses, nous devrions avoir plus de 70 points. Disons que la moyenne n’est pas très bonne. Donc c’est la même chose pour tout le monde. Il faut se concentrer pour faire du mieux possible en course, et penser aux choses course après course."

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

La constance est une denrée rare en 2020. Après six courses, KTM et Yamaha sont les seuls constructeurs à avoir gagné des courses avec deux pilotes différents. Aucun pilote n’a décroché plus de deux podiums.

Cela étant dit, l’approche de Quartararo, et sa réticence à jouer le jeu de la course au titre, surtout après sa chute qui le relègue à six points, pourrait bien être la meilleure façon d’aborder cette campagne chaotique.

"Evidemment, il y aura un moment où nous dirons 'Ok, je pense au championnat'", explique-t-il. "Mais en fait, en ce moment, je me [dis] juste ‘Ok, nous sommes à Misano, je dois faire de mon mieux pour jouer les premières places’ et 'Ok, je veux quitter Misano avec 95 points, ou 90', mais je ne ne me dis pas ‘Oh, je dois faire mieux que Dovizioso et je reprendrai la première place s’il finit neuvième et que je suis cinquième’. Il est important de dire ‘Je veux finir premier, deuxième ou troisième, je veux marquer beaucoup de points."

Il serait facile de croire que Quartararo perdra le championnat en raison de la pression imposée sur un talent en développement, et il serait tout aussi facile de se demander s’il pourra devenir un prétendant sérieux au titre face à un pilote aussi impitoyable que Márquez. Et peut-être qu’une aussi belle opportunité que celle qu’offre la saison 2020 ne se présentera plus jamais.

Mais même si cette impression semble évidente, personne ne peut prédire l’avenir. On peut seulement se préparer à toute éventualité. Et c’est exactement ce que fait Quartararo dans sa deuxième année, identifier les problèmes, faire des erreurs (comme l’ont montré ses chutes au GP de Saint-Marin, conséquences d’un emballement après avoir été coincé derrière Viñales) pour en tirer ensuite les leçons.

Au final, les pilotes qui remportent des championnats mondiaux sont ceux qui n’ont aucune faiblesse. Quartararo ne pourrait donc qu’échouer s’il acceptait de perdre des batailles pour gagner la guerre, ce week-end, dans la deuxième course à Misano.

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

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