Interview

Quartararo : Le MotoGP, ou l'amusement avant le travail

Cité par Márquez comme un prochain vainqueur de Grands Prix et candidat au titre, le Français a donné un coup de pied dans la fourmilière MotoGP, et surtout Yamaha, cette saison. Encore peu expérimenté en catégorie reine, il garde le sens du plaisir que lui procure son arrivée parmi l'élite.

Le poleman Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Le poleman Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Gold and Goose / Motorsport Images

Fabio Quartararo représente indéniablement la révélation de la saison 2019. Actuellement septième du championnat, à seulement deux points de Valentino Rossi, le jeune Niçois nous ferait presque oublier qu'il n'a débuté en catégorie MotoGP que cette saison. En 15 Grands Prix, il a obtenu neuf départs de la première ligne dont quatre pole positions, et cinq podiums. La victoire, jusqu'à présent, lui a échappé, mais il en est passé si près à plusieurs reprises que Marc Márquez lui-même a mis une pièce sur un succès du Français avant la fin du championnat et l'a cité comme prétendant au titre potentiel pour 2020.

Avant d'aborder le sprint final de cette première saison impressionnante en MotoGP, Fabio Quartararo a répondu aux questions de Motorsport.com afin de faire le point sur ses spectaculaires débuts et d'évoquer l'avenir.

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Comment résumerais-tu ton adaptation au MotoGP depuis le test de Valence, il y a près d'un an ?

À Valence, j'ai eu assez peur. Ce n'était pas tant de la peur, mais j'étais impressionné. Je perdais deux secondes au tour et je ne savais pas comment piloter cette moto. Petit à petit, on a fait de petits pas en avant. À Jerez, j'étais à moins d'une seconde du plus rapide et mes sensations étaient bien meilleures. En Malaisie, je me sentais très à l'aise, mais je perdais beaucoup aux freinages. Je n'y arrivais pas et le dernier jour, je n'ai pas du tout amélioré [mon temps]. On est allé au Qatar, et bam ! Je me suis classé septième d'entrée. Le deuxième jour, troisième et avec un freinage quasiment parfait par rapport à Maverick [Viñales] et Valentino [Rossi]. C'est là que j'ai fait un bond en avant, mais bien entendu j'ai continué ensuite à acquérir de l'expérience.

La vitesse change-t-elle autant qu'il n'y paraît par rapport au Moto2 ?

Ça change beaucoup. En Moto2, on y est habitué à la fin de la première journée. Mais en MotoGP cela reste impressionnant à chaque fois que l'on roule. Ce n'est pas tant le fait d'atteindre les 340 km/h mais l'accélération, le fait de passer de 80 km/h à 250 km/h en un rien de temps. Si on enlève l'anti-wheelie, on peut partir en wheelie même en sixième.

Que t'apporte cette Yamaha pour que tu puisses montrer ainsi le meilleur de toi-même, comme en CEV ? Te sens-tu aussi à l'aise que tu l'étais à l'époque ?

Oui, je me sens aussi bien qu'en championnat d'Espagne. Il est certain que ce n'est pas la moto parfaite, mais elle me va très bien, je suis très rapide même dans les secteurs dans lesquels, en théorie, ses points faibles devraient me pénaliser. Sur les caméras embarquées, je me vois agile, et sa très bonne vitesse dans les virages, qui est son principal point fort, me va à merveille.

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Compte tenu de tes sensations et du peu d'expérience que tu as en MotoGP, quelle est ta marge d'amélioration ?

J'espère que ma progression va se poursuivre à la même vitesse, mais je pense que c'est impossible. J'apprends à chaque Grand Prix, mais l'année prochaine j'aurai les idées beaucoup plus claires quant à ce que je devrai améliorer au Qatar, à Austin ou sur les circuits que je ne connaissais pas avec la MotoGP. Je vais donc faire encore un pas de plus.

Tu tombes très peu.

J'ai la moto sous contrôle, même s'il est vrai que quand arrivent les qualifications, quand tout le monde va à la limite de la moto, on ne sait pas très bien si l'on va tomber. Mais en course, je sens la limite assez souvent et je m'y maintiens.

Est-ce tu te rends compte que tu as bouleversé le statu quo qui existait chez Yamaha, surtout dans l'équipe officielle ?

Je ne peux pas utiliser la moto comme excuse pour me justifier si je suis plus lent que les autres pilotes Yamaha. Pour moi, c'est un rêve d'être en MotoGP, un cadeau, et c'est la raison pour laquelle chaque fois que je prends la piste je me donne à 100%. Je n'ai aucune raison de me plaindre. Chaque fois que j'enfourche la moto, je n'ai pas l'impression de travailler, pour moi c'est un amusement.

Ne penses-tu pas que le fait que tu puisses être le pilote Yamaha le plus rapide alors que tu disposes d'une moto légèrement inférieure relativise toute l'évolution menée par les usines ?

Mis à part la mise au point, la seule chose que j'ai pu incorporer ce sont les fourches en carbone, ce qui nous a donné quelque chose mais pas une demi-seconde. Il s'agit surtout des sensations que ces pièces transmettent. Depuis le Qatar, on a réalisé de petits changements qui, au final, ajoutés aux kilomètres engrangés, apportent une amélioration considérable.

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As-tu été surpris de pouvoir tester autant de nouvelles pièces qui n'étaient pas prévues initialement ?

Je n'étais pas censé avoir une moto de 2019 au début, je dois donc remercier l'équipe et Yamaha pour cela. Rien que cela démontre leur intérêt pour moi.

Le fait que tu sois si compétitif semble aider Takahiro Sumi, leader du projet MotoGP de Yamaha, pour gérer les demandes des pilotes de l'équipe officielle.

Je suis sûr que Sumi est très content que je sois rapide. Mais Yamaha ne me donne pas de pièces à tester. Par exemple, parmi les pièces que Valentino et Maverick ont testées à Misano, je n'ai rien essayé. Durant ces deux jours, on s'est dédié à la mise au point, rien de plus.

Lin Jarvis assure que Yamaha fera tout son possible pour te garder. Par quoi cela passera-t-il ?

Je vois que Yamaha est très motivé. Ils ont déjà apporté le prototype de l'année prochaine et les évolutions semblent fonctionner. Je ne veux pas trop y penser, je préfère me concentrer sur cette année et la prochaine, et ensuite on verra.

Sais-tu de quel matériel tu disposeras en 2020 ?

J'ai entendu qu'ils me donneront une moto officielle, et ce sera un plus.

Tu t'es déjà battu pour la victoire contre Márquez jusqu'au dernier tour à deux occasions. Penses-tu que d'une certaine manière tu le rends un peu plus humain ?

Plus que le fait d'avoir de l'influence sur lui, pouvoir me battre pour la victoire face à lui m'a aidé à voir ce dont j'étais capable. Dans les deux cas, j'ai pu lui répondre, ça n'est pas comme s'il m'avait dépassé et s'était échappé. Cela m'a montré qu'il n'est pas imbattable. Il y a des moments, comme en Aragón, où il est très difficile à battre. Márquez a huit titres et moi aucun, mais à Misano et Buriram j'ai fait tous les tours, sauf un, devant lui. Marc était tout le temps derrière, il m'analysait pour voir où m'attaquer. Moi je n'ai rien vu, simplement j'ai essayé de passer où je pouvais. Cela me donne un boost de confiance énorme.

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