Resurfacer Brno ? "Il faut plusieurs millions d'euros : qui les met ?"

Remplacer le vieux bitume de Brno est jugé comme une urgence par certains pilotes, alors que les conditions de piste ont été vivement critiquées vendredi. Mais la situation parait complexe aux yeux de certains d'entre eux.

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Chaque année avant de se rendre à Brno, les pilotes semblent tiraillés entre leur amour pour le tracé tchèque et l'environnement bucolique d'un circuit traditionnel et encore apprécié, mais aussi des conditions de piste qui ne cessent de se dégrader. Resurfacée pour la dernière fois il y a 12 ans, et ce alors qu'elle a plusieurs fois semblé en passe de sortir du championnat, la piste de Brno est bel et bien toujours au rendez-vous au cœur de l'été mais sans se saisir d'un problème pourtant évident aux yeux de tous.

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Le manque d'adhérence transmis par le bitume est décrié d'année en année, et les performances s'en ressentent, qu'il s'agisse de la forte usure pneumatique qui devient de plus en plus complexe à gérer en course ou des chronos : alors que 12 des 19 pistes du calendrier traditionnel ont vu leurs records être battus au cours des deux dernières saisons, parfois de façon très nette, Brno fait partie de celles dont les références sont les plus anciennes, remontant à 2014 et 2016. Vendredi, jour des premiers essais libres, les pilotes observaient pantois des temps qu'ils jugeaient très lents, avec un chrono de référence à sept dixièmes de celui des EL2 de l'an dernier et à deux secondes du record des lieux, bien que réalisé dans un vrai time attack en pneus neufs.

Au vu des critiques très virulentes qui ont été formulées, et puisque le sujet n'est pas nouveau, pourquoi les pilotes ne font-ils pas pression sur les instances pour que le bitume soit refait ? Lorsque le poids qu'il pourrait personnellement avoir a été évoqué vendredi soir avec Valentino Rossi, celui-ci a tenu à tempérer les attentes : "Tout ne dépend pas que de moi, c'est certain, il faut aussi en parler avec les autres pilotes", a-t-il rappelé. "Ils nous écoutent, mais vous savez aussi bien que moi que quand vous avez beaucoup d'argent, ça devient le plus important ! [rires]"

"Ici, le problème c'est l'argent", a appuyé le pilote italien. "Brno est un très beau circuit, mais pour resurfacer une piste comme celle-ci il faut plusieurs millions d'euros. Alors qui les met ? [Les responsables de] Brno disent qu'ils ne les ont pas. Et puis, nous vivons un moment difficile parce que la piste n'a pas une grosse activité, il n'y a pas de fans, il n'y a donc pas de grosses rentrées d'argent. C'est ça le problème."

"Je ne sais pas s'ils vont le resurfacer. Il est certain que nous allons en parler en Commission de sécurité et essayer de pousser [pour] mais cette décision se prend entre le circuit et la Dorna. […] C'est une question un peu politique, d'argent. C'est eux qui vont décider", ajoutait Rossi avant de se rendre hier soir à la réunion évoquée.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Le pneu également en cause selon Dovizioso

Interrogé après la Commission de sécurité, Andrea Dovizioso a exprimé une opinion quelque peu différente de celle qui a fait grand bruit vendredi après-midi chez les pilotes les plus critiques. Bien qu'admettant une certaine inquiétude au sujet de la dégradation des gommes et des mouvements des machines en sortie de virage, le pilote Ducati n'a pas souhaité en faire peser l'entière responsabilité sur le bitume.

"C'est fou, ça n'est jamais arrivé ! Mais je ne sais ce qui est dû à l'asphalte et ce qui est dû aux pneus. Je sors de la Commission de sécurité et, comme d'habitude, les pilotes disent des choses différentes, mais je pense que ça pourrait être 50/50. Je crois que les réactions des pneus sont la raison principale", estimait alors Dovizioso, "car sur ce circuit, il y a plus d'angle dans la zone de traction, parce que les virages sont longs, si bien qu'on ne peut pas réellement redresser la moto et, dans cette zone, la carcasse est peut-être la raison pour laquelle il y a tous ces mouvements. Et puis, toutes les motos font la même chose, alors ça veut dire qu'il y a quelque chose."

"C'est très difficile à gérer, d'autant plus que le grip à l'arrière s'effondre tour après tour, c'est de plus en plus compliqué à gérer. Pour le moment, si les conditions restent les mêmes, ce pourrait être une course étrange car les temps s'effondreront du début à la fin", craignait Dovizioso. Très en difficulté avec le nouveau pneu arrière depuis le début de l'année, le pilote Ducati maintenait que cela peut peser : "La situation est très étrange avec les pneus, et tout le monde essaie beaucoup de choses car tout le monde a des difficultés. La situation n'est donc toujours pas claire."

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Outre le manque de grip, les pilotes décrivaient à l'issue de la première journée des motos instables au freinage et en sortie de virage, de fortes irrégularités du bitume, qu'il s'agisse de bosses, de trous, ou même selon Takaaki Nakagami de "vagues" provoquées par plus d'une décennie d'activité et notamment de courses automobiles.

"Le feeling avec les bosses est très, très mauvais", confirmait quant à lui Dovizioso. "Si vous regardez les essais, tout le monde a eu les mêmes difficultés − je ne sais pas si on est pire ou mieux dans ce cas. Il faut faire quelque chose d'important face à ça car c'est très difficile de gérer les mouvements. Quand on fait cinq tours, c'est une chose, mais quand on doit en faire 15 de plus, c'est une autre histoire. Je n'ai vu aucun pilote à l'aise, les conditions et la situation sont difficiles, et c'était pire l'après-midi. Je m'attendais à une piste plus rapide l'après-midi grâce aux dépôts de gomme, mais c'était pire."

Les pilotes reprennent la piste ce matin pour les derniers essais libres, avant de s'attaquer aux qualifications. La course MotoGP, dimanche, devra comporter 21 tours, et ce avec des températures annoncées jusqu'à 32°C, heureusement un peu plus supportables que les conditions de Jerez malgré un taux d'humidité plus élevé.

Avec Guillaume Navarro et Emmanuel Touzot

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