Rins replace Suzuki au sommet avec une victoire poignante

En décrochant une victoire émouvante au Grand Prix d'Australie, Álex Rins a salué la résilience affichée par l'équipe Suzuki cette saison, une équipe qui n'a "jamais cessé d'y croire" en dépit de l'annonce choc du départ de la marque qui prendra effet le mois prochain.

Le vainqueur Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, sur le podium

Le vainqueur Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, sur le podium

Gold and Goose / Motorsport Images

À trois courses de la fin du programme de la marque en MotoGP, Álex Rins a offert à Suzuki la victoire qui lui manquait depuis 2020. Un succès aussi convaincant pour la superbe performance livrée par le pilote espagnol, qu'émouvant compte tenu des circonstances. Et Rins, qui défend les couleurs de Suzuki depuis son arrivée dans la catégorie en 2017, a tenu à souligner la portée très forte de ce qui sera peut-être sa dernière victoire au guidon de la GSX-RR.

"Je suis super content de finir premier, avant tout parce que c'était la dernière fois que Suzuki courait ici, à Phillip Island, et aussi pour tous ceux qui m'ont soutenu pendant toute la saison, dans les mauvais moments. Le team le mérite vraiment, ainsi que le staff à Hamamatsu", se réjouit le pilote espagnol, déjà victorieux sur place dans les catégories Moto2 (2015) et Moto3 (2013).

L'annonce du départ prochain du constructeur japonais a fait l'effet d'une bombe au printemps dernier alors que les deux pilotes actuels étaient dans des négociations avancées pour renouveler leur contrat et qu'un accord avec la Dorna prévoyait la poursuite du programme de Hamamatsu jusqu'en 2026 au moins. Depuis, la saison de l'équipe a connu bien des difficultés, entre une courbe de performances qui s'est tassée, de nombreuses chutes et plus récemment une blessure qui a mis Joan Mir sur la touche pendant deux mois.

Álex Rins a salué les efforts que son équipe a continué à fournir contre vents et marées et dédié cette victoire à tous ceux qui la composent, notamment le personnel dont l'avenir reste incertain à trois semaines de la conclusion du championnat.

"Ça n'a pas été facile pour nous de savoir que l'année prochaine l'équipe dans laquelle on était ne continuerait pas le championnat. On a fait des courses qui n'ont pas été très bonnes et j'ai aussi été impliqué dans une chute avec un autre pilote dans laquelle je me suis cassé la main, à Montmeló", rappelle-t-il. "La clé a été de ne pas baisser les bras. On n'a jamais jeté l'éponge. On mérite cette victoire, elle est pour toute l'équipe, pour ceux qui ont obtenu des contrats pour l'année prochaine et ceux pour qui ça n'est pas le cas. On verra bien ce qui se passe d'ici la fin du championnat, mais celle-ci est pour eux."

"C'est triste que Suzuki parte mais essayons de partir sur une victoire", ajoute le pilote espagnol lorsqu'il lui est demandé si c'est plutôt la joie ou une certaine tristesse qui domine. "On connaît notre point faible, et ce sont les qualifications. Je suis en MotoGP depuis 2017 et c'est donc la quatrième ou cinquième année que je suis compétitif. Suzuki et moi-même n'avons pas réussi à faire une moto qui soit bonne sur un tour, on a vraiment du mal à le faire. Sur certaines courses, on a donc affiché un rythme incroyable et été forcé de finir en cinquième ou sixième position. Alors cette victoire est très belle."

Des bagarres dignes du Moto3

Samedi encore, alors qu'il s'était qualifié dixième pour cette course, le pilote espagnol déplorait en effet les piètres performances de sa GSX-RR sur le tour lancé, une faiblesse qui a souvent compromis ses courses et celles de son coéquipier au fil des années. La tournure prise par cette épreuve lui a toutefois permis d'inverser la tendance, en profitant du rythme globalement faible qui a été imprimé mais aussi de sa parfaite maîtrise de l'élément déterminant à Phillip Island, à savoir la gestion des pneus.

Onzième après le troisième tour, il a fait son entrée dans le top 5 trois boucles plus tard avant de dépasser Jack Miller, puis Pecco Bagnaia et Marc Márquez. Passé en tête dans le 14e tour au détriment de Jorge Martín, il ne s'y est maintenu que brièvement avant d'être repris par Bagnaia et a alors décidé de modifier sa stratégie pour réussir à avoir le dernier mot sous le drapeau à damier.

"Ça a été une bonne course. Je me suis senti plutôt bien dès le début, j'ai réussi à très bien gérer mon pneu arrière. Quand j'étais derrière Pecco ou Martín, j'ai réalisé ils étaient peut-être un peu trop lents. J'ai donc essayé de passer devant et de me creuser une petite avance tout en prenant soin de mon pneu arrière et [en évitant] le patinage, mais ils m'ont immédiatement repassé dans la ligne droite."

Jorge Martin, Pramac Racing, et Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Álex Rins entre Jorge Martín et Pecco Bagnaia

"J'ai donc décidé de me maintenir derrière [Bagnaia] pour économiser un peu mon pneu arrière. Et puis en entrant dans le dernier tour, j'ai su que si je restais assez près de lui dans la ligne droite, j'aurais une chance de le dépasser à la sortie du premier virage, et je l'ai fait", décrit Rins, qui a repris l'avantage définitivement au début de ce dernier tour, dans une portion de la piste dans laquelle il s'est particulièrement illustré en y réalisant de nombreux dépassements aujourd'hui.

"Avant de commencer la course, on se prépare et j'avais noté avec mes ingénieurs où se trouvaient les points critiques pour le pneu arrière. Ils m'ont dit que je n'avais pas besoin de contrôler le côté droit ici et que je pouvais y aller. Je faisais donc glisser la moto à cet endroit et c'est ce qui m'a permis de faire des dépassements."

Septième vainqueur différent cette saison, Rins obtient là son quatrième succès en MotoGP. "Quand vous gagnez, c'est toujours beau. La première a été spéciale parce que j'avais eu une très belle bagarre avec Valentino [Rossi] à Austin. Et puis, il y a eu Silverstone avec Marc [Márquez], où on avait eu de beaux dépassements ; j'étais derrière lui, j'avais plus de traction dans le dernier virage et je l'avais passé."

"Celle-ci est belle aussi. On s'est battu en se respectant les uns les autres. Tous les dépassements étaient dans la limite", assure-t-il. "Ça a été une course très fun, on aurait dit du Moto3 ! Il y avait un bon respect. On doit faire plus de courses comme celle-ci !"

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