Pour Rossi, l'histoire de Dovizioso doit être une leçon pour tous

L.B., Cheste – Sept fois couronné en catégorie reine, mais battu au championnat depuis huit ans, Valentino Rossi doit se contenter cette année encore d'un poste d'observateur alors que le dernier acte de la course au titre se joue cette semaine entre Márquez et Dovizioso. Pour autant, la perspective d'un dénouement sur cet ultime Grand Prix de l'année suscitait chez le Docteur un certain plaisir à l'heure d'investir le paddock du circuit Ricardo Tormo.

Avant même les premiers tours de roues du week-end, la balance ne penchait pas en faveur de Dovizioso, distancé de 21 points et traditionnellement peu à l'aise sur cette piste. Pourtant, Rossi restait curieux de voir comment le scénario allait se dérouler une fois le Grand Prix lancé. "C'est difficile, mais cette année c'est l'année des surprises, tout est arrivé", rappelait-il à son arrivée sur place.

"Sur le papier, c'est une mission quasi impossible, compte tenu de ces 21 points mais pas seulement, surtout parce qu'ici Márquez est très fort tandis que Dovizioso a eu un peu de mal dans sa carrière, alors en théorie c'est déjà fait. Mais on ne peut jamais le dire tant que ça n'est pas fini. C'est une saison durant laquelle il y a eu beaucoup de surprises, à commencer probablement par la vitesse et la compétitivité de Dovizioso. Ce sera intéressant, parce que quand tu joues un one-shot tout peut arriver et il y a donc beaucoup de tension bien qu'il y ait beaucoup de points d'écart."

Samedi soir, l'attente teintée d'espérance de Rossi s'était étiolée, après qu'il a observé durant deux jours la mainmise de Márquez sur une piste qui lui sied ainsi que les difficultés de Dovizioso à rivaliser avec le rythme de l'Espagnol. Aussi, à la veille du dénouement, Rossi constatait comme l'ensemble des observateurs que l'Espagnol a bel et bien pris une sérieuse option pour s'imposer au championnat et ainsi coiffer ce qui serait sa quatrième couronne en MotoGP.

Si d'aucuns s'attendent à voir le leader du championnat gérer sagement sa course, le pilote Yamaha se montre moins affirmatif : "À mon avis, à ce stade, Márquez peut aussi penser faire une grande course et gagner. Il est celui qui est le plus compétitif de tous et Dovizioso me semble en difficulté, il est neuvième. En considérant que Dovizioso devra gagner la course dans le cas où Márquez fait zéro, on en est très loin, alors je pense que Márquez peut aussi bien essayer de gagner."

Assister au sacre de celui qu'il a tant accusé il y a deux ans ne sera probablement pas le meilleur moment de l'année pour Rossi qui, en ami de longue date de Dovizioso, n'a pas caché ces derniers mois être heureux de le voir accéder à ce rang après tant d'années plus discrètes. Et c'est précisément ce qu'il souhaite retenir au-delà de l'issue mathématique du championnat, à savoir l'abnégation de son compatriote, qui a su faire face à toutes les tempêtes.

"Pour moi, l'histoire de Dovizioso est une très bonne histoire, parce qu'il est passé par des périodes difficiles dans sa carrière, particulièrement en MotoGP", rappelle Valentino Rossi. "Tout le monde doit apprendre de lui. Il n'a jamais abandonné mais surtout il n'a jamais cessé de croire en lui et au bout il y a cette année. Il a gagné une course en dix ans et six en un an ! Pour faire cela, il faut être fort, il faut être équilibré."

Le parcours de Dovizioso est en effet singulier, lui qui est engagé en MotoGP depuis 2008. Une première victoire dès sa première année… et puis plus rien. Passé chez Honda (dans l'équipe factory et dans un team privé), puis par Tech3, il lui a ensuite fallu cinq années de travail avec la Desmosedici avant d'en avoir une à la hauteur d'un tel enjeu et de la mener vers le niveau escompté. Un contre-exemple parfait, en somme, à une époque où l'on laisse peu de temps aux pilotes pour faire leurs preuves.

"C'est comme ça, pas juste en MotoGP, mais dans tous les sports. Tout le monde veut des résultats au lieu d'attendre. Le temps file vite, on n'a jamais le temps", résume le vétéran du plateau, également gérant d'une académie de pilotes, où il encadre des jeunes et tente de les mettre sur les bons rails. "On essaye d'aider nos gars, on essaye de travailler pour tout le temps progresser. Bien sûr il faut faire vite, mais tout le monde a besoin de disposer de temps."